Quatre lettres de sang s'écrivent sous nos yeux et nous restons là sidérés, désarmés. Nous sommes révulsés par la barbarie humaine qui ne fait relâche que pour recharger les canons, mais abandonnons à leur héroïsme les jeunes qui continuent à tweeter et les médecins qui persistent à soigner sous les bombes qui pleuvent ou la torture qui rôde. Nous voyons, nous savons, le monde est devenu village, mais nous restons aussi impuissants que nos ancêtres, jadis, devant d'autres tragédies. Pas de défilés pour convaincre nos gouvernants eux-mêmes prisonniers d'un homme, Poutine, qui gave de munitions le bourreau de Damas, bombarde lui-même, condamne par ses veto l'ONU à l'inaction. Poutine qui a aussi des amis chez nous : Marine Le Pen, François Fillon. On frémit à l'idée de voir l'an prochain un président français serrer en souriant cette main couverte du sang des innocents d'Alep.
Michel Rouger
Michel Rouger