« Depuis l'âge de sept ans, je sais ce que je veux faire ! » Raphaël Royer a la voix déterminée, les yeux pétillants et le sourire assuré. « Je voulais soigner les gens avec mes mains. » La rencontre avec un ami de ses parents, professeur de médecine et cancérologue, spécialisé en médecine nucléaire… est déterminante pour lui : « Il est l'image même du "sachant" qui veut toujours en savoir plus pour se mettre au service des patients. J'ai envié cette envie de vouloir toujours, toujours apprendre, insiste-t-il, j'ai admiré sa bonté et sa proximité avec les malades. »
Après le bac, direction la faculté de médecine, naturellement ! Le jeune étudiant passionné d'anatomie découvre l'IFEC ( Institut Franco-Européen de Chiropraxie ) à Paris. Il entre directement en deuxième année. « C'était exactement ce que je voulais, au carrefour de la médecine occidentale et des médecines traditionnelles, une base solide d'enseignement, une approche plus empirique qui demande expérience et intuition et une vision de l'être humain qui me correspondait plus. »
Après le bac, direction la faculté de médecine, naturellement ! Le jeune étudiant passionné d'anatomie découvre l'IFEC ( Institut Franco-Européen de Chiropraxie ) à Paris. Il entre directement en deuxième année. « C'était exactement ce que je voulais, au carrefour de la médecine occidentale et des médecines traditionnelles, une base solide d'enseignement, une approche plus empirique qui demande expérience et intuition et une vision de l'être humain qui me correspondait plus. »
« Je me suis dit : il faut le faire ! »
Dernière année de formation, en 2000, Raphaël Royer suit avec intérêt les cours de neurologie. A l'époque, on ne parle pas encore de plasticité cérébrale mais les professeurs assurent un avenir pour cette approche différente. Les enseignements sont difficiles et décourageants. Raison plus pour se lancer, pense Raphaël Royer. « Tu te dois de ne pas passer à côté de cet enseignement », lui dit un jour un de ses professeurs.
C'est en vendant des salades qu'il commence à payer les stages de formation. « Je trouvais cela passionnant mais complexe. J'ai commencé à faire des liens entre les différents disciplines que j'avais apprises, biologie et sémiologie, par exemple. J'ai sorti les savoirs de leurs cases pour les mettre en lien. »
Il fait plusieurs remplacements puis s'installe comme chiropracteur à Pleurtuit en Ille-et-Vilaine. « Très vite, j'ai vu les limites de ma pratique. Je voulais comprendre pourquoi parfois cela ne marchait pas et les raisons de mes échecs. La formation en neurologie m'ouvrait des voies nouvelles à explorer. Un moyen de repousser les limites. »
Ce qu'il gagne, il le met dans les stages qu'il suit à Londres puis à Amsterdam et enfin aux USA au Carrick Institute d'Atlanta. Il passe son diplôme en 2010 : cinq jours d'affilée de Questions à Choix Multiples ( QCM ), cinq heures par jour. Puis un oral sur un cas clinique : vingt minutes de préparation puis une heure de présentation devant un jury qui ensuite l'interroge sur ses connaissances et sa pratique.
La préparation a été intensive et réussie, dit-il, grâce au soutien sans faille de sa compagne Mélanie. Pendant six mois d'abord, il s'est mis à son bureau, après les consultations, de 21 h à 1 h du matin. Puis, pendant un an, à raison de quatre jours par semaine, sur le même rythme.
« Cette formation a été un grand bouleversement. Je n'avais pas de rêves démesurés mais je ne m'étais jamais imaginé qu'un jour je suivrai des cours, en anglais, aux quatre coins du monde ! » Raphaël Royer reste silencieux. La distance parcourue l'impressionne encore.
C'est en vendant des salades qu'il commence à payer les stages de formation. « Je trouvais cela passionnant mais complexe. J'ai commencé à faire des liens entre les différents disciplines que j'avais apprises, biologie et sémiologie, par exemple. J'ai sorti les savoirs de leurs cases pour les mettre en lien. »
Il fait plusieurs remplacements puis s'installe comme chiropracteur à Pleurtuit en Ille-et-Vilaine. « Très vite, j'ai vu les limites de ma pratique. Je voulais comprendre pourquoi parfois cela ne marchait pas et les raisons de mes échecs. La formation en neurologie m'ouvrait des voies nouvelles à explorer. Un moyen de repousser les limites. »
Ce qu'il gagne, il le met dans les stages qu'il suit à Londres puis à Amsterdam et enfin aux USA au Carrick Institute d'Atlanta. Il passe son diplôme en 2010 : cinq jours d'affilée de Questions à Choix Multiples ( QCM ), cinq heures par jour. Puis un oral sur un cas clinique : vingt minutes de préparation puis une heure de présentation devant un jury qui ensuite l'interroge sur ses connaissances et sa pratique.
La préparation a été intensive et réussie, dit-il, grâce au soutien sans faille de sa compagne Mélanie. Pendant six mois d'abord, il s'est mis à son bureau, après les consultations, de 21 h à 1 h du matin. Puis, pendant un an, à raison de quatre jours par semaine, sur le même rythme.
« Cette formation a été un grand bouleversement. Je n'avais pas de rêves démesurés mais je ne m'étais jamais imaginé qu'un jour je suivrai des cours, en anglais, aux quatre coins du monde ! » Raphaël Royer reste silencieux. La distance parcourue l'impressionne encore.
Pas question de garder ses nouvelles connaissances pour lui
Une invitation à entrer dans le GyroStim
Comment vit-on l'après-formation, fort de ce qu'on a appris et qu'on ne peut réinvestir dans le quotidien d'un chiropracteur ? Pas question de garder ses nouvelles connaissances pour lui. Raphaël Royer se lance. Il veut changer sa pratique et en faire profiter ses patients. Il ne garde qu'un mi-temps à son cabinet de Pleurtuit et ouvre en juillet 2014, le Centre de Réhabilitation Neuro-Fonctionnelle Chiropratique à Saint Malo.
Il saute le pas : il achète un GyroStim. Il occupe toute une pièce du Centre. On dirait la capsule d'entraînement de cosmonautes en partance pour la lune. « Il y a un peu de cela, confirme-t-il, un outil comme celui-là est utilisé par l'Air Force pour entraîner les futurs pilotes. Il en existe dix-huit dans le monde dont trois en Europe : celui-ci est un de ceux-là ! Avec cet appareil, nous travaillons sur la coordination dans l'espace pour améliorer la motricité et la précision des gestes, en stimulant en même temps le cerveau, les articulations et les muscles. »
Une semaine par mois, Raphaël Royer retrouve au Centre l'équipe qu'il a constituée. « Aux USA, le patient est pris en charge pendant une semaine sous la forme d'une cure ce qui permet de stimuler la plasticité de certaines régions du cerveau de façon continue, avec des moyens techniques appropriés. En France, on s'appuie beaucoup plus sur la parole, le dialogue. »
Au Centre, c'est un mixage des deux qui est proposé aux patients. Myriam Eono, psychologue, a intégré l'équipe. Elle travaille par hypnose afin de faciliter l’intégration des stimulations corporelles, de renforcer les effets du soin et de mobiliser l’attention du patient. « On n'apprend que quand on a du plaisir. Cela permet de se rendre compte des difficultés réelles et de prendre conscience des progrès sans les sur-estimer ni les sous-estimer », explique Raphaël Royer qui, avec son assistante, se charge de l'apprentissage .
Petit à petit, l'équipe va s'étoffer. Du moins, c'est l'objectif de Raphaël Royer : « J'aimerais que ce soit un plateau qui fédère des spécialistes autour de chaque patient dans une action complémentaire orientée vers un même but. J'aimerais aussi que ce soit un pôle de recherche et d'échanges entre professionnels. Déjà, le GyroStim est un point de contact. On communique entre chiropracteurs qui en possèdent à travers le monde. Des études sont mises en place avec l’université d’Atlanta. Je n'ai pas envie de travailler seul. A plusieurs, on va plus vite et plus loin. »
Il saute le pas : il achète un GyroStim. Il occupe toute une pièce du Centre. On dirait la capsule d'entraînement de cosmonautes en partance pour la lune. « Il y a un peu de cela, confirme-t-il, un outil comme celui-là est utilisé par l'Air Force pour entraîner les futurs pilotes. Il en existe dix-huit dans le monde dont trois en Europe : celui-ci est un de ceux-là ! Avec cet appareil, nous travaillons sur la coordination dans l'espace pour améliorer la motricité et la précision des gestes, en stimulant en même temps le cerveau, les articulations et les muscles. »
Une semaine par mois, Raphaël Royer retrouve au Centre l'équipe qu'il a constituée. « Aux USA, le patient est pris en charge pendant une semaine sous la forme d'une cure ce qui permet de stimuler la plasticité de certaines régions du cerveau de façon continue, avec des moyens techniques appropriés. En France, on s'appuie beaucoup plus sur la parole, le dialogue. »
Au Centre, c'est un mixage des deux qui est proposé aux patients. Myriam Eono, psychologue, a intégré l'équipe. Elle travaille par hypnose afin de faciliter l’intégration des stimulations corporelles, de renforcer les effets du soin et de mobiliser l’attention du patient. « On n'apprend que quand on a du plaisir. Cela permet de se rendre compte des difficultés réelles et de prendre conscience des progrès sans les sur-estimer ni les sous-estimer », explique Raphaël Royer qui, avec son assistante, se charge de l'apprentissage .
Petit à petit, l'équipe va s'étoffer. Du moins, c'est l'objectif de Raphaël Royer : « J'aimerais que ce soit un plateau qui fédère des spécialistes autour de chaque patient dans une action complémentaire orientée vers un même but. J'aimerais aussi que ce soit un pôle de recherche et d'échanges entre professionnels. Déjà, le GyroStim est un point de contact. On communique entre chiropracteurs qui en possèdent à travers le monde. Des études sont mises en place avec l’université d’Atlanta. Je n'ai pas envie de travailler seul. A plusieurs, on va plus vite et plus loin. »
Apprendre à faire fonctionner son cerveau différemment
La prise en charge se déroule en trois temps. Lors de la première rencontre, le patient déclinent ses besoins et Raphaël Royer explique les réponses qu'il peut apporter. Deuxième étape : des tests qui portent sur la motricité oculaire, l'équilibre, la force... Suit le compte-rendu avec les propositions d'aide au regard des objectifs du patient.
Commence alors la cure sous forme d'ateliers. Raphaël Royer organise et planifie les exercices selon un protocole modifiable à tout moment en fonction de la fatigabilité du malade, de ses progrès, de ses limites : chaque parcours est individualisé à l'extrême.
« Je ne remets pas un bras à celui qui n'en a pas, explique-t-il. Nous travaillons sur des zones oubliées du cerveau ou des zones qui n'ont pas été activées depuis longtemps. On fait ressentir au patient une autre perception de lui-même, on l'aide à reconnaître la musique qui est en lui, sa propre musique. On lui apprend à faire fonctionner son cerveau différemment, à trouver le bon rythme. On ne le guérit pas mais on lui apporte une aide au niveau du mieux être. » Et cela marche comme le montrent ces témoignages.
Raphaël Royer parle de cette jeune adolescente handicapée depuis l'âge de deux ans. Son orthophoniste, son ergothérapeute et son kinésithérapeute ont été tellement surpris des résultats au bout de la cure qu'ils ont eux-mêmes déclenché la prise en charge partielle des soins par la compagnie d'assurance.
Commence alors la cure sous forme d'ateliers. Raphaël Royer organise et planifie les exercices selon un protocole modifiable à tout moment en fonction de la fatigabilité du malade, de ses progrès, de ses limites : chaque parcours est individualisé à l'extrême.
« Je ne remets pas un bras à celui qui n'en a pas, explique-t-il. Nous travaillons sur des zones oubliées du cerveau ou des zones qui n'ont pas été activées depuis longtemps. On fait ressentir au patient une autre perception de lui-même, on l'aide à reconnaître la musique qui est en lui, sa propre musique. On lui apprend à faire fonctionner son cerveau différemment, à trouver le bon rythme. On ne le guérit pas mais on lui apporte une aide au niveau du mieux être. » Et cela marche comme le montrent ces témoignages.
Raphaël Royer parle de cette jeune adolescente handicapée depuis l'âge de deux ans. Son orthophoniste, son ergothérapeute et son kinésithérapeute ont été tellement surpris des résultats au bout de la cure qu'ils ont eux-mêmes déclenché la prise en charge partielle des soins par la compagnie d'assurance.
Chercher ensemble le mieux-être
Il y a des voies nouvelles qui s'ouvrent
Bien sûr, cela a un coût. Pour Raphaël Royer tout d'abord : les banques ont été réticentes à prêter, « il a fallu vendre pas mal de choses que j'aimais. Rien que pour donner une idée, le GyroStim coûte à lui seul 200 000 euros ! »
Pour les patients ensuite : la cure qui mobilise trois, bientôt quatre personnes, ne bénéficie pas de prise en charge. L'équipe espère que la qualité du travail du Centre sera un jour reconnu afin de permettre au plus grand nombre d'y accéder.
Raphaël Royer croit à la complémentarité des systèmes de soins. Il se vit comme un électron libre qui veut comprendre ce qui se passe ailleurs afin d'initier d'autres manières de travailler. Il est un chercheur permanent, à l'affût des préjugés destructeurs, à l'écoute des patients qui ont, dit-il, « toujours à nous apprendre et sont les meilleurs spécialistes de leur propre maladie » et prêt à partager et mutualiser les résultats.
Et ce n'est pas fini : « J'ai confiance dans cette méthode parce que j'en ai vu les résultats mais je vois mes limites et les limites de nos pratiques professionnelles. Il y a des voies nouvelles qui s'ouvrent pour une autre compréhension de l'humain. Je veux que le Centre soit un lieu pour prendre le temps de l'écoute et de l'échange, le temps de la recherche et de l'initiative, le temps de trouver pour chacun le mieux-être ensemble. »
Texte et photos : Marie-Anne Divet
Pour les patients ensuite : la cure qui mobilise trois, bientôt quatre personnes, ne bénéficie pas de prise en charge. L'équipe espère que la qualité du travail du Centre sera un jour reconnu afin de permettre au plus grand nombre d'y accéder.
Raphaël Royer croit à la complémentarité des systèmes de soins. Il se vit comme un électron libre qui veut comprendre ce qui se passe ailleurs afin d'initier d'autres manières de travailler. Il est un chercheur permanent, à l'affût des préjugés destructeurs, à l'écoute des patients qui ont, dit-il, « toujours à nous apprendre et sont les meilleurs spécialistes de leur propre maladie » et prêt à partager et mutualiser les résultats.
Et ce n'est pas fini : « J'ai confiance dans cette méthode parce que j'en ai vu les résultats mais je vois mes limites et les limites de nos pratiques professionnelles. Il y a des voies nouvelles qui s'ouvrent pour une autre compréhension de l'humain. Je veux que le Centre soit un lieu pour prendre le temps de l'écoute et de l'échange, le temps de la recherche et de l'initiative, le temps de trouver pour chacun le mieux-être ensemble. »
Texte et photos : Marie-Anne Divet