Cette interview mensuelle est réalisée en lien avec le Conseil national des politiques de lutte contre la pauvreté et l'exclusion sociale, le CNLE . Retrouvez ci-dessous, après l'article, les thèmes sur l'exclusion analysés par nos précédents invités.
Présentez-nous le Mouvement national des chômeurs et précaires…
Notre mouvement regroupe aujourd’hui une quarantaine d’associations sur le territoire dont deux dans les Dom-Tom. Il a vu le jour en 1986, sous l’impulsion de Maurice Pagat qui avait créé quatre ans plus tôt, un syndicat des chômeurs. Nos 100 salariés accompagnent chômeurs et précaires dans les Maisons de chômeurs dans leur recherche d’emploi et la revendication de leurs droits. Ce sont ainsi plus de 100 000 passages chaque année.
Que sont vos « Maisons de chômeurs » ?
Ce sont bien des maisons « de » chômeurs et non pas « pour » les chômeurs. Notre action s’y articule autour d’un accueil inconditionnel de tous les chômeurs et précaires, de leur défense et de leur accès aux droits. Nos maisons sont des espaces d’accueil, de convivialité, de création de liens, de défense des droits et aussi, de formation. Nous les accompagnons dans leur recherche d’emploi, organisons des ateliers informatiques : 20 % des personnes que nous accompagnons ne savent pas utiliser internet ou n’y ont pas accès. Il s’agit de faire naître à nouveau la confiance, remettre les personnes en dynamique. Des ateliers de travail sont proposés, animés par des bénévoles. Les activités économiques proposées relèvent de l’économie sociale et solidaire. C’est aussi retrouver le goût aux loisirs, au sport, à la vie sociale…
Notre mouvement regroupe aujourd’hui une quarantaine d’associations sur le territoire dont deux dans les Dom-Tom. Il a vu le jour en 1986, sous l’impulsion de Maurice Pagat qui avait créé quatre ans plus tôt, un syndicat des chômeurs. Nos 100 salariés accompagnent chômeurs et précaires dans les Maisons de chômeurs dans leur recherche d’emploi et la revendication de leurs droits. Ce sont ainsi plus de 100 000 passages chaque année.
Que sont vos « Maisons de chômeurs » ?
Ce sont bien des maisons « de » chômeurs et non pas « pour » les chômeurs. Notre action s’y articule autour d’un accueil inconditionnel de tous les chômeurs et précaires, de leur défense et de leur accès aux droits. Nos maisons sont des espaces d’accueil, de convivialité, de création de liens, de défense des droits et aussi, de formation. Nous les accompagnons dans leur recherche d’emploi, organisons des ateliers informatiques : 20 % des personnes que nous accompagnons ne savent pas utiliser internet ou n’y ont pas accès. Il s’agit de faire naître à nouveau la confiance, remettre les personnes en dynamique. Des ateliers de travail sont proposés, animés par des bénévoles. Les activités économiques proposées relèvent de l’économie sociale et solidaire. C’est aussi retrouver le goût aux loisirs, au sport, à la vie sociale…
Plus d'illusions quant aux promesses électorales !
Y-a-t-il parmi les projets des candidats aux présidentielles, des propositions qui retiennent votre attention ?
Aucune des propositions portées par les candidats aux présidentielles ne nous convient. Il y a longtemps que nous ne nous faisons plus d’illusions sur les programmes et les promesses des différents candidats aux élections ! Ainsi le revenu universel… Nous sommes très prudents : n’est-ce pas en effet une manière hypocrite de reconnaître qu’il n’y a pas de travail pour tous ? N’est-ce pas une façon de dévaloriser le travail ? Que devient dans ce cas, le système de solidarité et de droits sociaux qui s’est construit au fil des ans ? N’est-ce pas finalement une mesure qui peut détruire plus qu’elle ne construit ? Nous allons cependant intervenir auprès des candidats aux élections pour rappeler que les chômeurs et précaires doivent être soutenus.
Quelles sont actuellement vos préoccupations ?
Notre revendication principale porte toujours et encore sur l’emploi : toutes les personnes qui frappent à notre porte veulent avant tout un travail. Nous souhaitons une réduction du temps de travail, une augmentation des minima sociaux : personne ne peut vivre avec 500 € par mois ! Nous souhaitons développer la formation tout au long de la vie. Même avec le plan des 500 000 formations qui s’ajoutent aux 500 000 autres, l’accès aux formations qualifiantes et diplômantes reste difficile aux chômeurs et précaires. Nous nous battons sur le développement de nouveaux emplois comme ce possible million d’emplois-climat que révèle une étude que nous avons menée conjointement avec Attac. Nous nous battons aussi aux côtés des salariés pour le maintien des emplois. Combien sont menacés !
Regardez le groupe Vivarte qui envisage de licencier alors qu’il a perçu 45 millions d'euros reçus au titre du CICE depuis 2013… Avant de créer des emplois, attachons-nous déjà à ne pas en perdre. Nous nous battons enfin pour que soient représentés les chômeurs dans toutes les instances qui les concernent. Ce sont neuf millions de personnes qui à l’heure actuelle, vivent sous le seuil de pauvreté et touchent moins de 900 € par mois. Elles ne sont représentées nulle part ! Nous incitons les chômeurs et précaires à participer aux différents comités de liaison pour faire remonter vers les administrations leurs desiderata.
Aucune des propositions portées par les candidats aux présidentielles ne nous convient. Il y a longtemps que nous ne nous faisons plus d’illusions sur les programmes et les promesses des différents candidats aux élections ! Ainsi le revenu universel… Nous sommes très prudents : n’est-ce pas en effet une manière hypocrite de reconnaître qu’il n’y a pas de travail pour tous ? N’est-ce pas une façon de dévaloriser le travail ? Que devient dans ce cas, le système de solidarité et de droits sociaux qui s’est construit au fil des ans ? N’est-ce pas finalement une mesure qui peut détruire plus qu’elle ne construit ? Nous allons cependant intervenir auprès des candidats aux élections pour rappeler que les chômeurs et précaires doivent être soutenus.
Quelles sont actuellement vos préoccupations ?
Notre revendication principale porte toujours et encore sur l’emploi : toutes les personnes qui frappent à notre porte veulent avant tout un travail. Nous souhaitons une réduction du temps de travail, une augmentation des minima sociaux : personne ne peut vivre avec 500 € par mois ! Nous souhaitons développer la formation tout au long de la vie. Même avec le plan des 500 000 formations qui s’ajoutent aux 500 000 autres, l’accès aux formations qualifiantes et diplômantes reste difficile aux chômeurs et précaires. Nous nous battons sur le développement de nouveaux emplois comme ce possible million d’emplois-climat que révèle une étude que nous avons menée conjointement avec Attac. Nous nous battons aussi aux côtés des salariés pour le maintien des emplois. Combien sont menacés !
Regardez le groupe Vivarte qui envisage de licencier alors qu’il a perçu 45 millions d'euros reçus au titre du CICE depuis 2013… Avant de créer des emplois, attachons-nous déjà à ne pas en perdre. Nous nous battons enfin pour que soient représentés les chômeurs dans toutes les instances qui les concernent. Ce sont neuf millions de personnes qui à l’heure actuelle, vivent sous le seuil de pauvreté et touchent moins de 900 € par mois. Elles ne sont représentées nulle part ! Nous incitons les chômeurs et précaires à participer aux différents comités de liaison pour faire remonter vers les administrations leurs desiderata.
Un livre collectif pour un large débat citoyen
Vous venez de publier un ouvrage « Chômage, précarité, halte aux idées reçues ! » ? Pourquoi cette publication ?
Les chiffres du chômage sont effrayants : 2 922 100 personnes (catégorie A) en mai 2012… 3 473 100 en décembre 2016 ! La vie des chômeurs et précaires ne cesse de se dégrader. Et quand le chômage à temps plein baisse un peu, c’est l’emploi précaire qui augmente. Au final, c’est toujours moins d’emploi, plus de précarité, toujours plus d’inégalités et de stigmatisation. Le MNCP appelle à un large débat citoyen.
Nous avons pris l’initiative de ce livre collectif qui rassemble 25 organisations pour dénoncer les idées reçues véhiculées dans notre pays à propos des chômeurs et précaires. Chacune d’elle s’est emparée de l’une de ces idées reçues pour la démonter et présenter des réalisations concrètes et des propositions. Ken Loach, réalisateur du film « Moi Daniel Blake » (Palme d’or à Cannes en 2016) l’a préfacé, très motivé par le projet. Bon nombre des initiatives présentées interpellent, vont à l’encontre des idées reçues et prouvent qu’il y a de l’emploi, des solutions pour remédier à ce fléau qu’est le chômage. Nous savons que le chômage n’est pas une fatalité : c’est un choix politique !
Interview réalisée par Tugdual Ruellan.
Les chiffres du chômage sont effrayants : 2 922 100 personnes (catégorie A) en mai 2012… 3 473 100 en décembre 2016 ! La vie des chômeurs et précaires ne cesse de se dégrader. Et quand le chômage à temps plein baisse un peu, c’est l’emploi précaire qui augmente. Au final, c’est toujours moins d’emploi, plus de précarité, toujours plus d’inégalités et de stigmatisation. Le MNCP appelle à un large débat citoyen.
Nous avons pris l’initiative de ce livre collectif qui rassemble 25 organisations pour dénoncer les idées reçues véhiculées dans notre pays à propos des chômeurs et précaires. Chacune d’elle s’est emparée de l’une de ces idées reçues pour la démonter et présenter des réalisations concrètes et des propositions. Ken Loach, réalisateur du film « Moi Daniel Blake » (Palme d’or à Cannes en 2016) l’a préfacé, très motivé par le projet. Bon nombre des initiatives présentées interpellent, vont à l’encontre des idées reçues et prouvent qu’il y a de l’emploi, des solutions pour remédier à ce fléau qu’est le chômage. Nous savons que le chômage n’est pas une fatalité : c’est un choix politique !
Interview réalisée par Tugdual Ruellan.
Jacqueline Basan, engagée dans la défense des chômeurs
Jacqueline Balsan est aujourd’hui présidente MNCP après avoir été pendant 23 ans, cofondatrice et coordinatrice du Comité pour une répartition équitable de l’emploi et des revenus, qui gère la Maison des chômeurs et citoyens solidaires à Montpellier : « C’est dans un contexte de chômage de masse que des groupes de chômeurs se sont constitués en associations, qu’ils ont senti la nécessite de créer des lieux d’entraide et de solidarité, créés et animés par eux, de mettre en place des services de proximité qu’ils ne trouvaient pas dans les organismes existants et de se donner les moyens d’une représentation nationale. Depuis lors, le MNCP n’a cessé de tout mettre en œuvre pour que les actions des associations, que la réflexion collective qui en émerge, soient reconnues par tous les acteurs de la vie politique et sociale. Au cours de ces années d’existence, le MNCP a connu des périodes très difficiles mais il a toujours été porté par les associations qui le composent. Ainsi le MNCP n’est pas seulement une association de soutien des chômeurs et précaires, mais un mouvement de chômeurs et précaires. »
Site MNCP ICI . Voir cette interview de Jacqueline Balsan le 11/03/2011 sur YouTube
Un livre : "Chômage, précarité, halte aux idées reçues !"
« Les chômeurs sont des oisifs qui coûtent cher et n'ont qu'à chercher du boulot, les sans-abri sont irrécupérables ; le chômage c’est la faute des étrangers ; les sans-abri ne sont bons à rien ; le système d’indemnisation est beaucoup trop généreux avec les chômeurs… » Le livre «Chômage, précarité, halte aux idées reçues ! » que vient de faire paraître le MNCP déconstruit ainsi 26 idées reçues. Il a été coordonné par Jean-François Yon, ancien président de l’association et est préfacé par le réalisateur britannique engagé Ken Loach (éditions de l’atelier, 240 p., 10 euros). L’ouvrage se veut un « outil pour organiser des débats citoyens à travers le pays jusqu'à la fin mars, dans le cadre de la campagne présidentielle ». Une trentaine de rencontres-débats sont déjà programmées à travers la France autour de ce livre, tiré pour l'instant à 12.000 exemplaires. Voir cette revue de presse.