22/05/2024

Coloniale attitude



Dans notre république macroniste, c’est simple : y’en a qu’un qui sait, qui pige comment faire et qui bosse. Voilà donc le président parti toutes affaires cessantes éteindre le feu en Nouvelle-Calédonie. Il eût mieux valu ne pas l'allumer. Sur le sujet hautement inflammable du peuplement et donc de la perte d’identité vécue par les Kanaks, il a, lui et son gouvernement, à 16 700 km du dialogue historique renoué en 1988 par le Premier ministre Michel Rocard, adopté spontanément la très banale attitude coloniale : insensibilité au ressenti des Autochtones, passage en force, répression des inévitables émeutes. Un tribut de l'Histoire*. L'héritage indécollable. Jusque dans notre quotidien : il est plus facile d’être Européen à Nouméa que Kanak à Paris. Jusqu'aux tragédies qui parcourent le monde quand cet esprit se coalise : le conflit israélo-palestinien se poursuivrait-il depuis tant d'années sans la tolérance complice des dirigeants (blancs) occidentaux pour la colonisation en Cisjordanie et l'enfermement des Gazaouis ? Mais restons en Nouvelle-Calédonie : le président y aura sûrement retrouvé la voie du dialogue.

Michel Rouger

(*) A lire : “Colonisations. Notre histoire”. 250 spécialistes du monde entier décrivent six siècles d'histoire française vécus par colonisés et colonisateurs (Le Seuil, septembre 2023)
 

Colonial attitude.mp3  (1.79 Mo)



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