A l'atelier de Lorient © Les Paniers de la mer
« Au départ, on trouve un président de banque alimentaire du Guilvinec, des responsables du Secours populaire local et de la mission locale pour l'emploi », raconte Sébastien Pétillon, directeur des Paniers de la mer de Bretagne Sud. L'idée semble simple au départ : valoriser les tonnes de poissons invendus - souvent rejetées et considérées comme déchets industriels - pour les mettre à disposition des organismes d'aide alimentaire ; D'abord en local... et très vite à l'échelle nationale ! La mise en place du dispositif tel qu'il fonctionne aujourd'hui aura mis un peu plus de temps. Car il suppose de coordonner les organismes de pêche, de solliciter les fonds européens et les ministères concernés et de mettre en place progressivement une sacrée logistique.
En permanence, huit salariés en insertion
Gérée en association, les Paniers de la mer restent fidèles aux valeurs d'origine. D'abord, éviter le gaspillage alimentaire de produits nobles et spécifiques. Aujourd'hui, on rajouterait des objectifs de gestion de l'environnement et même d'économie circulaire à l'échelle du territoire. Ensuite, favoriser l'insertion professionnelle de personnes éloignées de l'emploi à travers une activité de production en lien avec l'économie locale. Là aussi, l'association remplit parfaitement sa mission. « Nous travaillons avec une vingtaine de personnes par an, à raison de huit personnes en permanence en insertion à Saint Guénolé-Penmarc'h», précise Sébastien Pétillon.
Enfin, cette action contribue à diversifier l'offre alimentaire des plus démunis : « Près des deux-tiers des associations d'aide alimentaire de la France entière peuvent ainsi proposer du poisson aux bénéficiaires de l'aide alimentaire », renchérit le directeur de l'antenne bigoudène. Bref, si l'association coche toutes les bonnes cases, elle doit constamment rappeler son utilité sociale pour justifier et maintenir les aides publiques et les subventions qui assurent l'essentiel des coûts de fonctionnement. Et même chercher à équilibrer les comptes, ce qui est loin d'être évident !
Enfin, cette action contribue à diversifier l'offre alimentaire des plus démunis : « Près des deux-tiers des associations d'aide alimentaire de la France entière peuvent ainsi proposer du poisson aux bénéficiaires de l'aide alimentaire », renchérit le directeur de l'antenne bigoudène. Bref, si l'association coche toutes les bonnes cases, elle doit constamment rappeler son utilité sociale pour justifier et maintenir les aides publiques et les subventions qui assurent l'essentiel des coûts de fonctionnement. Et même chercher à équilibrer les comptes, ce qui est loin d'être évident !
S'adapter à la pêche locale
Sébastien Pétillon, le directeur : s'adapter en permanence
Lors de notre visite sur le site de l'association de Saint Guénolé-Penmarc'h, l'heure est plutôt aux interrogations. Il faut en premier lieu se caler sur les arrivages de poisson toujours variables en fonction de la météo, parfois capricieuse et des types de poisson au jour le jour (la fameuse "débarque" des bateaux selon l'expression consacrée).
« Hier, nous avons réceptionné 300 kg de grondins et aujourd'hui nous allons traiter du congre, destiné à la fabrication de soupes de poisson en conserve à notre enseigne en partenariat avec la Conserverie Bretonne de Penmarc'h », alerte Sébastien Pétillon. Il est aidé dans cette gestion par un encadrant technique issu du monde de la marée. Car il faut connaître à la fois le monde des pêcheurs, leurs groupements professionnels, les mareyeurs et les instances de gestion locales, nationales et même européennes !
Une initiative remarquable comme Les Paniers de la mer dépend donc directement de l’économie locale de la pêche bigoudène, aujourd’hui très secouée par le coût du carburant et surtout le "Plan de sortie de flotte". En clair, un nouveau plan de casse des bateaux de pêche, lié au Brexit. Mais l'association est d'abord une expérience unique d'insertion par l’économie. Les premiers bénéficiaires sont les personnes dites "éloignées de l'emploi" des communes environnantes, qui trouvent là un moyen de remettre le pied à l'étrier.
« Hier, nous avons réceptionné 300 kg de grondins et aujourd'hui nous allons traiter du congre, destiné à la fabrication de soupes de poisson en conserve à notre enseigne en partenariat avec la Conserverie Bretonne de Penmarc'h », alerte Sébastien Pétillon. Il est aidé dans cette gestion par un encadrant technique issu du monde de la marée. Car il faut connaître à la fois le monde des pêcheurs, leurs groupements professionnels, les mareyeurs et les instances de gestion locales, nationales et même européennes !
Une initiative remarquable comme Les Paniers de la mer dépend donc directement de l’économie locale de la pêche bigoudène, aujourd’hui très secouée par le coût du carburant et surtout le "Plan de sortie de flotte". En clair, un nouveau plan de casse des bateaux de pêche, lié au Brexit. Mais l'association est d'abord une expérience unique d'insertion par l’économie. Les premiers bénéficiaires sont les personnes dites "éloignées de l'emploi" des communes environnantes, qui trouvent là un moyen de remettre le pied à l'étrier.
L'insertion, un monde en soi
L'association et ses salariés en insertion doivent s'adapter en permanence à la variation de la ressource disponible, même si le port de Saint Guénolé est plus spécialisé dans les poissons bleus (sardine, maquereaux,chinchard...). « Ça change tous les jours. En deux jours nous avons reçu plus de poisson que les trois semaines précédentes », rajoute le directeur. Les quantités de poisson sont rétrocédées - et donc vendues - à des prix de retrait, loin des prix de marché classiques des criées locales.
Les poissons sont ensuite travaillés et conditionnés sous forme de sachets surgelés de 1 kg. Les transporteurs STEF assurent enfin la distribution au niveau national auprès de toutes les associations d'aide alimentaire de la France entière. Le coût de transport est pris en charge sur des budgets nationaux, venant de la Direction générale de la Cohésion sociale, au titre de l'aide alimentaire.
Les Paniers de la mer sont un chantier d'insertion qui fait partie de "l'insertion par l'activité économique" où l'on retrouve plusieurs types de structures : des ateliers, des chantiers et des entreprises d'insertion. « On passe ainsi progressivement d'une activité sans contrat d'engagement dans les ateliers à un travail rémunéré avec un véritable contrat de travail de six mois et donc des engagements réciproques », déclare le directeur. Il faut bien assurer l'activité de production et partant, l'équilibre financier du chantier.
De nouvelles pistes pour diversifier l'activité
A l'atelier de Fécamp © Les Paniers de la mer
Parallèlement, le public spécifique des demandeurs d'emploi doit être accompagné dans ce cheminement encouragé par les collectivités. C'est le travail de Marjorie, une des trois salariés permanents de l'association locale. Elle doit d'abord recruter les candidats recommandés par Pôle Emploi, la Mission Locale, Cap emploi ou autres prescripteurs. Elle est chargée de suivre les salariés (en grande majorité des hommes, faute de candidature féminine), pour lever les freins à l'embauche, comme la mobilité, la confiance en soi, le travail en équipe... Cette remise en selle passe par le travail lui-même, des activités de remise à niveau, des ateliers collectifs et un suivi personnalisé, parfois au-delà de la période d'insertion au sein de l'association.
Cela suppose de chacun beaucoup de souplesse d'organisation et de rigueur pour assurer la pérennité du dispositif. Encore plus dans un contexte local où le niveau de chômage est peu élevé (moins de 7 % dans le Finistère) et où il y a une volonté générale d'encourager l'emploi, tous secteurs confondus. « Avec la crise du Covid, nous avons curieusement vécu une période plutôt favorable pour nos activités », précise Sébastien Pétillon.
Cela ne les empêche pas de chercher de nouvelles pistes de diversification de l'activité. Celle-ci passe par de nouvelles ressources, comme les poissons d'élevage, en relation avec une pisciculture du Finistère, des transformations comme la soupe de poisson en partenariat avec un industriel local ou encore demain la filière nationale de recyclage des bacs plastiques de la filière pêche. Mais les valeurs de départ ont gardé toute leur légitimité. Contre vents et marées !
Rémi Mer
Cela suppose de chacun beaucoup de souplesse d'organisation et de rigueur pour assurer la pérennité du dispositif. Encore plus dans un contexte local où le niveau de chômage est peu élevé (moins de 7 % dans le Finistère) et où il y a une volonté générale d'encourager l'emploi, tous secteurs confondus. « Avec la crise du Covid, nous avons curieusement vécu une période plutôt favorable pour nos activités », précise Sébastien Pétillon.
Cela ne les empêche pas de chercher de nouvelles pistes de diversification de l'activité. Celle-ci passe par de nouvelles ressources, comme les poissons d'élevage, en relation avec une pisciculture du Finistère, des transformations comme la soupe de poisson en partenariat avec un industriel local ou encore demain la filière nationale de recyclage des bacs plastiques de la filière pêche. Mais les valeurs de départ ont gardé toute leur légitimité. Contre vents et marées !
Rémi Mer
Un peu d'histoire
• 1997 : Première expérience des Paniers de la mer au Guilvinec
• 2002 : Seconde atelier à Boulogne-sur-mer
• 2003 : Nouvelle antenne à Lorient, au port de Keroman
• 2011 : Ouverture de l'atelier de Saint-Malo
• 2016 : Dernière ouverture à Fécamp
• 2019 : Fusion des 2 antennes de Lorient et de Penmarc'h autour des Paniers de la mer de Bretagne Sud
Pour en savoir plus : le site des Paniers de la mer
• 2002 : Seconde atelier à Boulogne-sur-mer
• 2003 : Nouvelle antenne à Lorient, au port de Keroman
• 2011 : Ouverture de l'atelier de Saint-Malo
• 2016 : Dernière ouverture à Fécamp
• 2019 : Fusion des 2 antennes de Lorient et de Penmarc'h autour des Paniers de la mer de Bretagne Sud
Pour en savoir plus : le site des Paniers de la mer