Comme raconté à l’époque sur notre blog “Villejean, les énergies d’un quartier”, au départ, il y a trois professionnelles décidées à prendre à bras le corps la question des relations entre les jeunes et la police : Yaël, chargée de mission à la Maison de quartier, Adeline et Carole, éducatrices au Relais 35. Nous sommes en 2023. Elles mènent, en parallèle, des rencontres avec les policiers et une enquête auprès des jeunes.
Quatre d’entre eux, potes d’enfance, Bacoutobo (19 ans), Stan (21 ans), Ruben (20 ans) et Damir (25 ans) adhèrent à la démarche. Durant six mois, se retrouvant tous les huit à dix jours, ils planchent sur le sujet, débattent, s’opposent parfois, et organisent pour conclure un débat, le 23 mars 2024 aux Champs Libres (Rennes), avec le journaliste Valentin Gendrot, auteur de "Flic, un journaliste a infiltré la police" et le sociologue Sami Zegnani.
Quatre d’entre eux, potes d’enfance, Bacoutobo (19 ans), Stan (21 ans), Ruben (20 ans) et Damir (25 ans) adhèrent à la démarche. Durant six mois, se retrouvant tous les huit à dix jours, ils planchent sur le sujet, débattent, s’opposent parfois, et organisent pour conclure un débat, le 23 mars 2024 aux Champs Libres (Rennes), avec le journaliste Valentin Gendrot, auteur de "Flic, un journaliste a infiltré la police" et le sociologue Sami Zegnani.
Adrénaline
La violence de la police envers les jeunes de quartiers populaires est en grande partie liée à leur formation et aux conditions de travail. « Discuter calmement, en uniforme, dans la rue avec des gens que l'on ne connaît pas, c'est quelque chose que l'on n'apprend absolument pas en école de police » raconte Valentin Gendrot. Et quand les policiers vont sur le terrain, suite à un événement, « ils sont dans l'adrénaline de l'intervention, c'est un temps qui est assez particulier, parce que là, il n'y a pas le temps de réfléchir. On y va et on fait usage de la force ».
Sami Zegnani (au centre) : « les policiers de proximité, comme ils connaissent leurs populations, sont en mesure de faire de la prévention". (Photo Julien Mignot, Les Champs Libres)
Davantage de contacts
Les jeunes agissent ou réagissent diversement face aux policiers. Ruben raconte comment de peur d'être contrôlé sans raison, il a pris la fuite. Ensuite «La police m'a attrapé, m'a menotté. Suite à ça, le contrôle a dégénéré ». Sami Zegnani explique « C'est comme cela que la colère monte dans les quartiers. Elle monte tellement, et ces expériences sont tellement fréquentes, que parfois, il y a des émeutes qui sont provoquées alors qu'il n'y a pas eu de violences policières ». Ruben, lui, propose une police différente : « Ce que je demande pour les jeunes du quartier, c'est qu'il y ait moins de contrôle et plus de liens. Quand on vient vers les jeunes, que ce soit moins directement brutal, que ce soit plus dans le contact, dans le lien, dans la bonne humeur, parce que les jeunes c'est ce qu'ils veulent. Ce n'est pas que des contrôles... Et en plus, sans justification ».
Une solution parmi d'autres.
La police de proximité serait une solution essentielle, mais pas la seule. Pour Sami Zegnani, « les policiers de proximité, comme ils connaissent leurs populations, sont en mesure de faire de la prévention. Mais peut-être, ça ne va pas suffire». Parmi les solutions, note Valentin Gendrot, à titre d'exemple : « On pourrait parler de l'IGPN, de la police des polices qui n'est pas indépendante. Lorsqu’il y a des violences policières ce sont des policiers qui enquêtent sur d'autres policiers. Ça pose évidemment la question de l'indépendance ». Sami Zegnani préconise l'engagement politique des jeunes. « Il faut que les jeunes des quartiers populaires arrivent à faire entendre leurs voix, à défendre leurs intérêts ».
Et maintenant, dans les quartiers populaires, quels éléments de solutions, à court terme ? Des rencontres avec des policiers, des échanges entre jeunes sur ces sujets, des pistes pour améliorer le vie du quartier. Dans l'attente de la mise en place d'une police de proximité.
Jean-François Bourblanc
Voir aussi sur Histoires ordinaires : Ils ont organisé le débat « Jeunes et police, pourquoi tant de haine ? »
et Bacou, Damir, Ruben et Stan, ce débat les a marqués
Bacou a présenté le débat et les participants. Stan a animé la rencontre. Ruben est intervenu comme représentant de leur collectif. Damir a donné la parole au public. Photos Julien Mignot Les Champs Libres