Ce jour-là, Isabelle est devenue « médiatique ». Son engagement a trouvé matière à s’exprimer pour ensuite se transmettre dans un livre qu'elle a intitulé « Je ne baisserai plus les yeux ». Il se prolonge depuis dans les nombreuses séances d’échange avec ses lecteurs des quatre coins de la France, tout récemment ceux de Saint Malo conviés à ce beau moment par la librairie « L’Etagère ».
Ce marathon n’entame pas la fougue d’Isabelle. Ses yeux pétillent lorsqu’elle évoque les gens rencontrés : « Grâce aux autres, j’apprends des tas de choses ; ils ont vécu des choses que je n’ai pas vécues. » Surtout les rencontres faites durant cette année lui ont permis de porter à différents niveaux la parole de ses pairs : les chômeurs, les précaires, les sans grade, les « petites gens » comme elle dit, dont la parole est inaudible et toujours confisquée par ceux qui stigmatisent, décident et parlent pour eux sans avoir vécu leurs difficultés, leur misère, leur honte…
Ce marathon n’entame pas la fougue d’Isabelle. Ses yeux pétillent lorsqu’elle évoque les gens rencontrés : « Grâce aux autres, j’apprends des tas de choses ; ils ont vécu des choses que je n’ai pas vécues. » Surtout les rencontres faites durant cette année lui ont permis de porter à différents niveaux la parole de ses pairs : les chômeurs, les précaires, les sans grade, les « petites gens » comme elle dit, dont la parole est inaudible et toujours confisquée par ceux qui stigmatisent, décident et parlent pour eux sans avoir vécu leurs difficultés, leur misère, leur honte…
La solidarité des petites gens, elle connaît. C'est dans ça qu'elle a grandi. Elle est issue d’une fratrie de sept enfants dont le papa était maçon et s’adonnait à la récupération de vieux journaux qu’il revendait pour financer des associations. En outre, « lorsque l’on est neuf en famille il n’y en a jamais pour tout le monde, alors le papa et la maman doivent toujours partager pour que chaque enfant ait une part équitable ».
« On ne peut pas attendre les bras croisés un abbé Pierre ou un Coluche »
Ensuite, Isabelle a été hébergée jusqu’à sa majorité à l’Armée du Salut ; là encore le partage et la solidarité étaient de mise entre toutes les filles. A l’Armée du Salut, il y avait les devoirs des pensionnaires mais également la participation volontaire à des activités de service pour d’autres encore plus défavorisés : couture, ramassage de bois, confection et vente de pâtisserie… Et puis, Isabelle a reçu, dit-elle, « un cadeau de la vie, la chance d’être contente de ce qu’elle a. »
En fait, Isabelle, qui milite dans plusieurs associations (les Restos du cœur, les Bouchons d'Amour, le Mouvement National des Chômeurs et des Précaires…) a non seulement continué son éternel combat avec et pour eux mais elle lui a donné une dimension publique. Elle s’est engagée à Nouvelle Donne et était tête de liste aux Européennes pour la circonscription Est. Elle n'a pas été élue mais le combat pour la défense de ses valeurs est toujours d’actualité.
Elle continue, inlassable, à porter la parole et ses convictions de solidarité car « on ne peut pas attendre les bras croisés un abbé Pierre ou un Coluche ». Alors oui, elle fait feu de tout bois. Elle évoque la création d’un fonds de solidarité pour « créer du travail » alimenté par le versement pendant trois ans de 1 à 10 % de leur revenu par les Français qui en ont les moyens et bien sûr les politiques dont elle se demande « à quoi ils ont vraiment œuvré depuis 40 ans ».
En fait, Isabelle, qui milite dans plusieurs associations (les Restos du cœur, les Bouchons d'Amour, le Mouvement National des Chômeurs et des Précaires…) a non seulement continué son éternel combat avec et pour eux mais elle lui a donné une dimension publique. Elle s’est engagée à Nouvelle Donne et était tête de liste aux Européennes pour la circonscription Est. Elle n'a pas été élue mais le combat pour la défense de ses valeurs est toujours d’actualité.
Elle continue, inlassable, à porter la parole et ses convictions de solidarité car « on ne peut pas attendre les bras croisés un abbé Pierre ou un Coluche ». Alors oui, elle fait feu de tout bois. Elle évoque la création d’un fonds de solidarité pour « créer du travail » alimenté par le versement pendant trois ans de 1 à 10 % de leur revenu par les Français qui en ont les moyens et bien sûr les politiques dont elle se demande « à quoi ils ont vraiment œuvré depuis 40 ans ».
« La misère et la honte usent les gens »
Elle n’hésite pas à écrire – elle adore écrire – au PDG de la SNCF pour lui demander de pratiquer des tarifs très réduits en période creuse pour que les « petites gens » puissent découvrir la France et ainsi être fiers de leur pays. Elle souhaite que, dans les associations, les frais de transport des bénévoles qui ont peu de moyens, soient pris en charge ; que ces bénévoles soient reconnus et valorisés par l’attribution annuelle d’une place de concert ou autre.
Mais, surtout, elle milite pour un RSA (le Revenu de Solidarité Active) à 1 400 € mensuels (contre 540 € actuellement) afin que les « bénéficiaires » n’aient plus à « choisir » tous les mois quelles factures ils vont payer et donc celles qu’ils ne vont pas pouvoir honorer. Pour qu'ils ne soient plus contraints « de baisser les yeux » devant le bailleur, l’agent EDF ou autre… Avec le RSA actuel, « on n’arrive pas à entrer dans le système, on survit, poursuit-elle. La misère et la honte usent les gens ; c’est injuste ce que l’on nous inflige. » Elle relève que le pape François a dit dernièrement à Strasbourg qu’il fallait « remettre l’humain au centre » : elle avait dit littéralement la même chose dans l’émission « Des paroles et des actes ». Elle s’amuse ainsi « d’avoir fait gagner un an aux téléspectateurs ».
Mais, surtout, elle milite pour un RSA (le Revenu de Solidarité Active) à 1 400 € mensuels (contre 540 € actuellement) afin que les « bénéficiaires » n’aient plus à « choisir » tous les mois quelles factures ils vont payer et donc celles qu’ils ne vont pas pouvoir honorer. Pour qu'ils ne soient plus contraints « de baisser les yeux » devant le bailleur, l’agent EDF ou autre… Avec le RSA actuel, « on n’arrive pas à entrer dans le système, on survit, poursuit-elle. La misère et la honte usent les gens ; c’est injuste ce que l’on nous inflige. » Elle relève que le pape François a dit dernièrement à Strasbourg qu’il fallait « remettre l’humain au centre » : elle avait dit littéralement la même chose dans l’émission « Des paroles et des actes ». Elle s’amuse ainsi « d’avoir fait gagner un an aux téléspectateurs ».
« Ta drogue; c’est les autres »
Remettre l’humain au centre de toutes décisions c’est « ne plus être contraints à baisser les yeux », être partie prenante lors des négociations, être associés aux décisions car seules les personnes concernées connaissent leur réalité. « Il faut se battre, être tous ensemble et se battre pour que cela devienne réalité » dit-elle d’un ton ferme et… tranquille.
D'où vient donc l’énergie de ce petit bout de femme qui, malgré ou grâce à ses 51 ans, est débordante de vitalité et animée d’un souci de partage et d’échange ? Le contexte familial et social l'a construite : Isabelle trouve normal d’être engagée auprès des autres. « Ta drogue, c’est les autres », lui a-t-on dit un jour et cela se vérifie encore dans un autre projet.
De longue date, Isabelle rêve d’ouvrir, dans les environs de Mulhouse, un salon de thé très particulier, un salon de thé qui serait aussi et surtout un lieu de partage, de rencontres et d’échanges intergénérationnels ; qui verrait, autour d’une boisson ou une soupe chaudes se retrouver les mamies et leur tricot, les enfants avides d’histoires du temps passé, jeunes ou moins jeunes, filles et garçons, femmes et hommes venus partager leurs ressources, leur temps, leurs joies et leur vitalité afin de construire un monde meilleur.
D'où vient donc l’énergie de ce petit bout de femme qui, malgré ou grâce à ses 51 ans, est débordante de vitalité et animée d’un souci de partage et d’échange ? Le contexte familial et social l'a construite : Isabelle trouve normal d’être engagée auprès des autres. « Ta drogue, c’est les autres », lui a-t-on dit un jour et cela se vérifie encore dans un autre projet.
De longue date, Isabelle rêve d’ouvrir, dans les environs de Mulhouse, un salon de thé très particulier, un salon de thé qui serait aussi et surtout un lieu de partage, de rencontres et d’échanges intergénérationnels ; qui verrait, autour d’une boisson ou une soupe chaudes se retrouver les mamies et leur tricot, les enfants avides d’histoires du temps passé, jeunes ou moins jeunes, filles et garçons, femmes et hommes venus partager leurs ressources, leur temps, leurs joies et leur vitalité afin de construire un monde meilleur.
Une belle aventure humaine
« Projet pharaonique » lui rétorque le banquier, « trop grand, trop gros, élaguez, gardez le salon de thé mais pour le reste vous verrez plus tard » lui dit ce marchand bien inspiré mais qui n’a pas compris que c’est justement ce qu’il qualifie de « pharaonique, trop grand, trop gros » qui fait la richesse de ce projet à nul autre pareil. Comment pourrait-il comprendre derrière son bureau que le Salon d’Isabelle offrira des emplois, du lien, du plaisir d’être ensemble à des personnes démunies et pas seulement une boisson chaude et un gâteau ?
Alors, émise à Saint Malo, l’idée d’une souscription sur la toile pour financer le rêve d’Isabelle, permettrait à de nombreuses personnes de rêver avec elle à un monde meilleur et d’échanger quelques euros contre la chaleur des boissons chaudes et des liens qui se tisseront du côté de Mulhouse.
En début d’entretien, Isabelle nous a dit : « La seule chose de vous que je connaissais en venant c’était que vous aviez la mer.» Prochainement nous pourrons peut-être dire : « Nous connaissons Isabelle qui nous a permis de créer un peu de lien et de participer à une belle aventure humaine du côté de Mulhouse et ça, c’est un cadeau de la vie ! »
Alberte et Ilija Skoric
Je ne baisserai plus les yeux (Editions Les Arènes), écrit avec la participation de Julia Pavlowitch-Beck, auteure et journaliste. 208 pages. 17 €.
Alors, émise à Saint Malo, l’idée d’une souscription sur la toile pour financer le rêve d’Isabelle, permettrait à de nombreuses personnes de rêver avec elle à un monde meilleur et d’échanger quelques euros contre la chaleur des boissons chaudes et des liens qui se tisseront du côté de Mulhouse.
En début d’entretien, Isabelle nous a dit : « La seule chose de vous que je connaissais en venant c’était que vous aviez la mer.» Prochainement nous pourrons peut-être dire : « Nous connaissons Isabelle qui nous a permis de créer un peu de lien et de participer à une belle aventure humaine du côté de Mulhouse et ça, c’est un cadeau de la vie ! »
Alberte et Ilija Skoric
Je ne baisserai plus les yeux (Editions Les Arènes), écrit avec la participation de Julia Pavlowitch-Beck, auteure et journaliste. 208 pages. 17 €.