Emilie et Nicolas devant la fileuse
Echantillon...
Des microfilatures comme celle d'Emilie, il en existe tout juste cinq en France, contre une dizaine de filatures classiques, comme celle de Terrade dans la Creuse. Mais La petite filature bretonne (c'est son nom) ne joue pas dans la même cour. Ici, on mise à la fois sur le travail à façon pour le compte d'éleveurs, de professionnels et de particuliers et sur la vente de laine pour les amateurs et les artisans. Mais revenons à l'origine du projet.
« J'étais éducatrice de jeunes enfants dans le Morbihan et j'étais déjà attirée par les activités manuelles », raconte Emilie. « Je suis entrée dans la fonction publique par conviction et j'en suis sortie aussi par conviction et surtout par dépit devant l'évolution du métier ». Peu après son départ, le poste de formatrice d'assistantes maternelles est supprimé. « Suivez vos rêves, ils connaissent le chemin », c'est le message en cadeau de ses collègues à son départ. Le panneau figure encore en bonne place dans sa nouvelle boutique.
Son rêve ? Retrouver le goût du filage et le travail de la laine. Du rouet à la microfilature, il y aura place pour quelques stages de formation, et très vite la conviction qu'il y a une vraie demande pour travailler la laine des milliers d'animaux qui traînent et paissent dans la région. Même si la Bretagne n'est pas traditionnellement une grande région de production de moutons.
« J'étais éducatrice de jeunes enfants dans le Morbihan et j'étais déjà attirée par les activités manuelles », raconte Emilie. « Je suis entrée dans la fonction publique par conviction et j'en suis sortie aussi par conviction et surtout par dépit devant l'évolution du métier ». Peu après son départ, le poste de formatrice d'assistantes maternelles est supprimé. « Suivez vos rêves, ils connaissent le chemin », c'est le message en cadeau de ses collègues à son départ. Le panneau figure encore en bonne place dans sa nouvelle boutique.
Son rêve ? Retrouver le goût du filage et le travail de la laine. Du rouet à la microfilature, il y aura place pour quelques stages de formation, et très vite la conviction qu'il y a une vraie demande pour travailler la laine des milliers d'animaux qui traînent et paissent dans la région. Même si la Bretagne n'est pas traditionnellement une grande région de production de moutons.
Un projet d'abord local
Au Buis Sonnant, une complématarité Ferme et filature :
« Je me suis installée à Plouguernevel, sur le site de la ferme du Buis Sonnant. Je connaissais la Sci de Kerleo qui a soutenu le projet de ferme à sa création. Et les paysans installés là depuis 2016 avaient des bâtiments de ferme disponibles pour une autre activité », raconte Emilie. Depuis son installation en 2019, la greffe a bien pris. Le site du Buis Sonnant profite de cette complémentarité entre les activités de la ferme orientée vers la transformation et la vente à la ferme et la nouvelle filature. C'est aussi le signe d'un certain dynamisme local du pays de Rostrenen autour de projets agricoles, artisanaux... et culturels !
Installée en 2019, Emilie a été vite rejointe par son mari Nicolas pour faire face à la demande. Les stocks de toisons amassées dans un container de récupération lui donnent aujourd'hui raison. « Il y a un an de travail d'avance », annonce Nicolas devant les ballots de laine. Les lots sont dûment tracés et étiquetés selon l'origine, la race de l'animal et la qualité du produit. Car les clients sont attachés à récupérer "leur" laine, issue de "leurs" animaux. Emilie et Nicolas valorisent la toison de moutons (de Belle-île et d'Ouessant), d'alpagas, de chèvres mohair ou encore de lapins angora. C'est dire la diversité des matières confiées aux nouveaux artisans. Chaque espèce a son originalité, sans parler des catégories de poils - ou de fibre - sur chaque animal.
Les toisons sont d'abord nettoyées des impuretés, de la poussière et autres saletés qui empêcheraient un bon filage derrière. Ensuite, les laines sont dégraissées, lavées, puis séchées. Dernières étapes du processus, les différentes fibres sont cardées, seules ou en mélange entre espèces pour des laines chinées, et enfin filées, en bobines ou en écheveau de fils plus ou moins gros, selon la demande des clients. Tous ces procédés artisanaux, effectués sur des petits volumes, sont réalisés dans un matériel de type professionnel dédié à ce type de micro-entreprises.
Installée en 2019, Emilie a été vite rejointe par son mari Nicolas pour faire face à la demande. Les stocks de toisons amassées dans un container de récupération lui donnent aujourd'hui raison. « Il y a un an de travail d'avance », annonce Nicolas devant les ballots de laine. Les lots sont dûment tracés et étiquetés selon l'origine, la race de l'animal et la qualité du produit. Car les clients sont attachés à récupérer "leur" laine, issue de "leurs" animaux. Emilie et Nicolas valorisent la toison de moutons (de Belle-île et d'Ouessant), d'alpagas, de chèvres mohair ou encore de lapins angora. C'est dire la diversité des matières confiées aux nouveaux artisans. Chaque espèce a son originalité, sans parler des catégories de poils - ou de fibre - sur chaque animal.
Les toisons sont d'abord nettoyées des impuretés, de la poussière et autres saletés qui empêcheraient un bon filage derrière. Ensuite, les laines sont dégraissées, lavées, puis séchées. Dernières étapes du processus, les différentes fibres sont cardées, seules ou en mélange entre espèces pour des laines chinées, et enfin filées, en bobines ou en écheveau de fils plus ou moins gros, selon la demande des clients. Tous ces procédés artisanaux, effectués sur des petits volumes, sont réalisés dans un matériel de type professionnel dédié à ce type de micro-entreprises.
La laine, un produit noble et hautement symbolique
File la laine...
Chacune des phases du travail nécessite une attention spécifique de chaque instant pour aboutir à un matériau noble utilisable tant par les particuliers, amateurs du tricot que par les artisans tisserands. Il y a une réelle demande de part et d'autre. La preuve, le succès inattendu du projet ! « Nous n'avons quasiment pas fait de publicité. Notre notoriété s'est faite sur les réseaux sociaux, Facebook et Instagram. Chacun de ces comptes a près de 2500 abonnés ! », déclare Emilie.
Les clients viennent de la région bien sûr mais aussi d'un peu partout en France. On y trouve une centaine de petits éleveurs ravis de trouver là une valorisation inattendue de leurs animaux. Mais le hasard fait parfois bien les choses. Les deux artisans ont pu se faire connaître à la fête de la laine de Bulat-Pestivien, distant de 30 km, un marché festif récent créé par deux jeunes du coin (on est à sa 5ème édition) et désormais un des plus fréquentés au niveau national !
Quand on voit le résultat final, on ne peut que s'émerveiller d'un processus qui va d'un produit brut (les toisons) à un matériau noble et doux comme la laine. Cela tient de la magie et de savoir-faire artisanaux accumulés depuis la nuit des temps ! C'eût été dommage de les perdre... L'initiative d'Emilie et de Nicolas est à ce titre exemplaire et en un sens, pédagogique. Comme en témoignent les nombreuses visites de curieux de passage qui viennent re-découvrir le monde fascinant de la laine, et pour d'autres s'initier au tricot machine, au filage ou au feutrage.
Ces activités séduisent de plus en plus de jeunes qui voient là le plaisir de "travailler" une belle matière, de faire soi-même ses propres vêtements et retrouver le lien à la nature. Seul ou en groupe, comme lors des "papot'laine" entre amateurs. « Suite à l'annonce d'un stage de formation au tricot machine sur Instagram, nous avons dû programmer plusieurs stages devant l'afflux de réponses », précise Emilie. Une occasion de sortir parfois les machines à tricoter des greniers où elles étaient comme abandonnées.
Les clients viennent de la région bien sûr mais aussi d'un peu partout en France. On y trouve une centaine de petits éleveurs ravis de trouver là une valorisation inattendue de leurs animaux. Mais le hasard fait parfois bien les choses. Les deux artisans ont pu se faire connaître à la fête de la laine de Bulat-Pestivien, distant de 30 km, un marché festif récent créé par deux jeunes du coin (on est à sa 5ème édition) et désormais un des plus fréquentés au niveau national !
Quand on voit le résultat final, on ne peut que s'émerveiller d'un processus qui va d'un produit brut (les toisons) à un matériau noble et doux comme la laine. Cela tient de la magie et de savoir-faire artisanaux accumulés depuis la nuit des temps ! C'eût été dommage de les perdre... L'initiative d'Emilie et de Nicolas est à ce titre exemplaire et en un sens, pédagogique. Comme en témoignent les nombreuses visites de curieux de passage qui viennent re-découvrir le monde fascinant de la laine, et pour d'autres s'initier au tricot machine, au filage ou au feutrage.
Ces activités séduisent de plus en plus de jeunes qui voient là le plaisir de "travailler" une belle matière, de faire soi-même ses propres vêtements et retrouver le lien à la nature. Seul ou en groupe, comme lors des "papot'laine" entre amateurs. « Suite à l'annonce d'un stage de formation au tricot machine sur Instagram, nous avons dû programmer plusieurs stages devant l'afflux de réponses », précise Emilie. Une occasion de sortir parfois les machines à tricoter des greniers où elles étaient comme abandonnées.
Vous avez dit filiation ?
L'objectif d'Emilie et de Nicolas est de progressivement augmenter la production de laine et autres co-produits (comme le feutre) et le travail des différentes laines issues de la micro-filature, en lien avec d'autres artisans locaux. Leur laine est ainsi vendue directement tous les vendredis après-midi à la ferme du Buis Sonnant. Leur projet est maintenant bien inscrit et reconnu dans une dynamique locale du Centre Bretagne. Il ne demande donc qu'à prospérer. « A la mort de ma grand-mère en Anjou, j'ai appris qu'elle a élevé des lapins angoras », confie Emilie, ravie de perpétuer ici une tradition enfouie dans l'histoire familiale. Curieux, non? Quand on vous dit que la vie ne tient qu'à un fil.
Rémi Mer
Coordonnées :
La petite filature bretonne. Kerléo. 22110. Plouguernevel
Tél : 06 72 53 03 55
lapetitefilaturebretonne@gmail.com
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