C'était en janvier 2015. Il y a très longtemps. Les attentats de Charlie Hebdo et de l'Hyper Casher soulevaient un exceptionnel souffle de liberté et de fraternité. Une immense vague humaine, quoiqu'un peu trop blanche et polluée à Paris par les visages d'oppresseurs notoires, submergeait le pays. Je suis Charlie. Puis l'émotion a reflué et le paysage ancien est réapparu, morcelé, fracturé, qu'aucun « effet 11 janvier » n'est venu changer. Alors a surgi le vendredi noir, une tragédie, pire encore. Un flot de solidarité et d'héroïsme individuels est réapparu mais l'immense vague, elle, n'est pas revenue. A la place : la liberté et la fraternité abîmées par le vote d'extrême-droite et le plan policier du pouvoir. Reverra-t-on un jour la vague du 11 janvier ? Pendant que Charb et les autres caricaturent là-haut l'agitation commémorative rappelant leur assassinat, on aimerait tant l'espérer.
Michel Rouger