Ken Loach est un bon vieil ami. L’irréprochable bon vieux pote. Il n’a que 87 ans
et sa jeunesse est intacte. Sa colère formidable contre les injustices et celle en
particulier qui vient saper le moral, séparer le peuple du peuple, émietter les
consciences.
Il retourne dans le Nord-Est anglais dévasté, appauvri, abandonné.
Il y retrouve ses acteurs qui n’en sont pas. Il nous les présente, ces gens des
mines dont on n’extrait plus rien, mines fermées il y a déjà longtemps, visages
marqués, alcool au max et dévastation au cube.
S’il faut finir cette intro avec le mot fin, c’est Ken Loach lui-même qui annonce
avec cette fin de trilogie (Moi, Daniel Blake et Sorry We Missed You) son dernier
film. Pourvu que pas !
The old oak est le titre, le vieux chêne donc et enseigne brinquebalante du
dernier pub d’un village de mer où il n’y a plus que ce pub pour regrouper
encore, allier encore et diviser surtout. À sa tête, un patron à la tête défaite. Il a
perdu son père d’un coup de grisou dans une galerie sous-marine, il a perdu sa
femme dans ses trop plein de bière, il a tout perdu y compris un fils qui ne lui
parle plus. Il a failli se perdre mais, c’est con-con, mais non, c’est gnan-gnan,
mais nan, c’est du Ken Loach, il a gagné un clebs.
Good dog ! Ce que murmure JT Ballentyne quand il balade au bout de sa petite
laisse le petit chien qui ja-jappe, ramène la baballe. Le chien-chien se dresse sur
ses deux pa-pattes quand il a soif et regarde son maître comme LE good maître.
Le cabot ne paye pas de mine sauf que c’est un sourire qui sauve !
Le petit roquet sympa s’appelle Mara, c’est le nom des mineurs de ce temps où
les mines avaient du sens, fédérant les solidarités, créant un lien entre les
faibles, une solidité des opprimés. Bref le chien le sauve et il s’attache à lui
comme à une âme sœur de pauvre, un alter ego d’humble.
L’enjeu est moins le cabot que les maisons du bled, tristes à mourir, alignées
comme des tombes. Ces corons sans habitants ni emploi sont vendus sans être
visitées par des présumés chypriotes qui les remettent en location sans travaux
ni réfection aucune à destination des assos accueillant les Syriens.
Les étrangers arrivent.
Les plus pauvres que les pauvres débarquent.
Les migrants envahissent.
Suit un film de douleur raciste, de ressentiment à l’égard des solidarités
nouvelles. C’est du Ken Loach, vous êtes prévenus !
Les solidarités chrétiennes ou athées, les bonnes volontés associatives creusent
un vortex où les pauvres du cru, les enfants sans rien semblent aspirés car il
leur paraît recevoir moins que ceux qui arrivent, mains vides et destins
tragiques dont la traversée du monde en guerre.
Tout est beau et moche. Tout est désespérant et plein d’espérance.
Tout est Land et tout est Freedom !
Tout est hymne aux prolétaires du monde entier qui, s’il s’unissaient,
soulèveraient l’idéal humain, élèveraient l’homme au rang du juste et du beau !
C’est du Ken Loach où la communion souhaitée peut arriver, où la communauté
des hommes se rassemblent à table, mélangent cornes de gazelle et nuggets,
Thank-you et choukrane !
Du Ken Loach ! Les spectateurs pleurent, pas grave dit l’un en ressortant, on est
dans le noir.
Au bout du noir, l’espoir !
Gilles Cervera
et sa jeunesse est intacte. Sa colère formidable contre les injustices et celle en
particulier qui vient saper le moral, séparer le peuple du peuple, émietter les
consciences.
Il retourne dans le Nord-Est anglais dévasté, appauvri, abandonné.
Il y retrouve ses acteurs qui n’en sont pas. Il nous les présente, ces gens des
mines dont on n’extrait plus rien, mines fermées il y a déjà longtemps, visages
marqués, alcool au max et dévastation au cube.
S’il faut finir cette intro avec le mot fin, c’est Ken Loach lui-même qui annonce
avec cette fin de trilogie (Moi, Daniel Blake et Sorry We Missed You) son dernier
film. Pourvu que pas !
The old oak est le titre, le vieux chêne donc et enseigne brinquebalante du
dernier pub d’un village de mer où il n’y a plus que ce pub pour regrouper
encore, allier encore et diviser surtout. À sa tête, un patron à la tête défaite. Il a
perdu son père d’un coup de grisou dans une galerie sous-marine, il a perdu sa
femme dans ses trop plein de bière, il a tout perdu y compris un fils qui ne lui
parle plus. Il a failli se perdre mais, c’est con-con, mais non, c’est gnan-gnan,
mais nan, c’est du Ken Loach, il a gagné un clebs.
Good dog ! Ce que murmure JT Ballentyne quand il balade au bout de sa petite
laisse le petit chien qui ja-jappe, ramène la baballe. Le chien-chien se dresse sur
ses deux pa-pattes quand il a soif et regarde son maître comme LE good maître.
Le cabot ne paye pas de mine sauf que c’est un sourire qui sauve !
Le petit roquet sympa s’appelle Mara, c’est le nom des mineurs de ce temps où
les mines avaient du sens, fédérant les solidarités, créant un lien entre les
faibles, une solidité des opprimés. Bref le chien le sauve et il s’attache à lui
comme à une âme sœur de pauvre, un alter ego d’humble.
L’enjeu est moins le cabot que les maisons du bled, tristes à mourir, alignées
comme des tombes. Ces corons sans habitants ni emploi sont vendus sans être
visitées par des présumés chypriotes qui les remettent en location sans travaux
ni réfection aucune à destination des assos accueillant les Syriens.
Les étrangers arrivent.
Les plus pauvres que les pauvres débarquent.
Les migrants envahissent.
Suit un film de douleur raciste, de ressentiment à l’égard des solidarités
nouvelles. C’est du Ken Loach, vous êtes prévenus !
Les solidarités chrétiennes ou athées, les bonnes volontés associatives creusent
un vortex où les pauvres du cru, les enfants sans rien semblent aspirés car il
leur paraît recevoir moins que ceux qui arrivent, mains vides et destins
tragiques dont la traversée du monde en guerre.
Tout est beau et moche. Tout est désespérant et plein d’espérance.
Tout est Land et tout est Freedom !
Tout est hymne aux prolétaires du monde entier qui, s’il s’unissaient,
soulèveraient l’idéal humain, élèveraient l’homme au rang du juste et du beau !
C’est du Ken Loach où la communion souhaitée peut arriver, où la communauté
des hommes se rassemblent à table, mélangent cornes de gazelle et nuggets,
Thank-you et choukrane !
Du Ken Loach ! Les spectateurs pleurent, pas grave dit l’un en ressortant, on est
dans le noir.
Au bout du noir, l’espoir !
Gilles Cervera