Quelques notes et nous sommes là, à la nuit tombante, sur les collines de Kaboul, à écouter une dernière offrande à la Liberté. Les notes du jeune trompettiste sont déchirées par les bonheurs perdus et l’exil qui l’attend là, tout proche. Cet exil le conduira-t-il un jour en Europe ? La mélodie est maintenant chez nous, en nous, et soudain parasitée. Aux appels xénophobes de démagogues de plus en plus bruyants, s’ajoute le vacarme des soumissions et des peurs qui conduit tant de gens à ne plus faire entendre leur voix. Mais le son de la trompette perce de nouveau la nuit afghane. Le chant à la Liberté revient plus fort. Ce concert fugitif, d’une minute et trente-trois secondes, enveloppé dans le reportage du jour : le cadeau d’un jeune étranger à une démocratie fatiguée, à réécouter autant que de besoin au printemps de la nouvelle année.
Michel Rouger
Michel Rouger