Jeudi soir 13 avril. La nuit est tombée. Manifestants et membres du Parlement, dirigeants et petites gens, tout le pays entame un sommeil agité. Dans un décor de crise démocratique, des silhouettes grimpent le grand escalier du Palais Royal. Les Neuf. Le Conseil. Le cénacle suprême auquel tout le monde doit se soumettre. Les vieux gardiens de la Constitution (72 ans en moyenne), surtout mâles (six hommes, trois femmes), tiennent leur fonction du président Macron (deux), de son lieutenant Ferrand (deux), du président conservateur du Sénat Larcher (trois), de leurs prédécesseurs socialistes (deux). Vont-ils pouvoir gravir les marches de l’indépendance et de l’audace, entreprendre d’ébranler la statue jupitérienne d’un président qui, pour imposer sa réforme, a muselé le Parlement, méprisé les forces intersyndicales, dédaigné l’opinion des trois-quarts des citoyens ? En étant allé trop loin, aura-t-il conduit les Neuf à s’attaquer à la statue érigée en 1958 dont ils sont eux-mêmes les gardiens ? Vendredi 14, surprise – de taille – ou pas, le rêve de réveil démocratique en tout les cas est là, plus vivant que jamais.
Michel Rouger
Michel Rouger