05/02/2018

Les éoliennes citoyennes ont déployé leurs pales

L'énergie des habitants va souffler jusqu'à l'autonomie en pays de Vilaine


Le premier parc éolien citoyen de France était inauguré en juin 2014 à Béganne dans le Morbihan, en pays de Vilaine, financé en grande partie par les habitants. Aujourd’hui, les quatre éoliennes battent à tout vent, produisant l’électricité suffisante à six mille foyers. Deux autres parcs ont depuis vu le jour, à Sévérac-Guenrouët et à Avessac en Loire-Atlantique. Le modèle séduit et s’exporte. L’association Energies citoyennes en pays de Vilaine rêve de voir le territoire devenir d’ici à 2030 autonome en énergies renouvelables.



Les citoyens des pays de Vilaine ont créé trois parcs éoliens - ici, Avessac en Loire-Atlantique.
« L’utopie ne s’écrit jamais au futur. Elle est ce qui est déjà là »
(Jean Baudrillard, philosophe)

Chantal et Michel Leclercq verraient bien une petite éolienne, installée au fond du jardin… histoire de produire un peu d’électricité pour la maison. Mais en 2002, l’opération s’avère complexe et hasardeuse. Ils sympathisent avec Laure et Eric Vaillant, maraîchers à Sainte Anne-sur-Vilaine, qui eux aussi, ont dans l’idée d’installer une éolienne. Ils ont repris, deux ans auparavant, une ancienne ferme à l’abandon avec l’intention de remettre en culture bio ces seize hectares de terre délaissés. Un soir de kermesse d’école, tous les quatre se prennent à rêver de produire leur électricité au souffle du vent. Le projet est loin d’être saugrenu. Ils savent que des initiatives citoyennes sont déjà menées au Danemark et dans le Finistère par l’association Avel Pen ar Bed.

Un premier projet rejeté

En septembre 2002, ils sont une trentaine à se rassembler dans le pays autour d’une idée de développement maîtrisé et citoyen de l'énergie éolienne. On accumule de la documentation, on élabore des fiches techniques. Un bureau d’études de La Roche-Bernard vient aider le collectif à construire le projet. Et, sans savoir où la brise va les mener, ils créent en mai 2003, l’association Eoliennes en Pays de Vilaine (EPV), convaincus que le vent est une ressource naturelle inépuisable dont l’exploitation doit se faire au bénéfice des territoires. Trois objectifs sont définis : créer un parc éolien, par et pour un territoire, financé par les citoyens ; utiliser une partie des ressources générées par le parc pour conduire des actions de maîtrise et d’économie de l’énergie ; essaimer l’initiative ailleurs en France.
 
Les bénévoles élisent Michel Leclercq comme président : « Nous avons alors imaginé un premier projet à Sainte-Anne-sur-Vilaine, se souvient Michel, autour de l’exploitation de Laure et d’Eric. » Il faut convaincre les élus et les riverains, organiser des visites et autres réunions publiques. Tout s’annonce bien et l’association acquiert même une reconnaissance auprès du conseil général d’Ille-et-Vilaine qui lui propose d’intégrer un groupe d’études sur le développement éolien. Mais le paysagiste-conseil, mandaté pour étudier le site de Sainte-Anne-sur-Vilaine, donne un avis défavorable : « Il a été séduit par la beauté des ajoncs en fleur, ironise Michel Leclercq, quelque peu dépité. Il s’est inquiété de voir le site dénaturé par la présence d’une éolienne… »

Une soixantaine de citoyens s'engagent financièrement

En février 2017, un troisième parc éolien citoyen est lancé sur la commune d'Avessac en pays de Vilaine.
Un second site est trouvé, à Sainte-Marie, non loin de Redon. Nouveau dossier, nouvelles réunions. Cette fois, c’est l’aviation civile qui met son veto : l’éolienne serait trop proche de l’aérodrome de Bains-sur-Oust. Pas question pourtant d’abandonner. Les militants sont plus mordus que jamais. Ne dit-on pas que "l'adversité grandit ceux qu'elle n'abat point !" : « Nous commencions à acquérir des compétences et forger nos intuitions, poursuit Michel. Très vite, nous nous sommes mis en quête d’un nouveau site. » 

Une subvention de la Fondation de France, puis du conseil général d’Ille-et-Vilaine et du conseil régional de Bretagne, permet d’embaucher un salarié. Une étude est lancée sur les trois départements des pays de Vilaine qui permet de repérer une dizaine de sites potentiels. L’association décide alors de financer elle-même les différentes études et crée une société à capital risque Site à Watts afin de garder la mainmise des projets.
 
D’un commun accord, les vingt-quatre bénévoles s’engagent financièrement, sur leurs fonds propres, et mettent au pot commun 150.000 €. Jean-Christophe Chaurin, qui a rejoint l’association, a été dans les années 1980, administrateur national de la fédération des Cigales, ces clubs d’investisseurs pour une gestion alternative et locale de l’épargne solidaire. Une soixantaine de personnes constituent trois Cigales et s’engagent pour 60.000 € : « Chacun a mis la somme qu’il souhaitait dès le départ avec un "placement dans une indivision", explique Jean-Christophe Chaurin. Le club devenait ainsi actionnaire de la nouvelle société. Plus qu’un placement, il s’agissait bien d’un investissement risqué dont nous avions prévu une valorisation en cas de succès. »

De son côté, le conseil général de Loire-Atlantique, qui avait créé une société d’économie mixte pour accompagner les énergies renouvelables dans le département, propose un soutien de 90.000 €. « En deux mois, poursuit Michel Leclercq, nous avions rassemblé l’argent nécessaire pour lancer de manière autonome, les études de faisabilité des deux projets à Sévérac-Guenrouët en Loire-Atlantique et à Béganne en Morbihan. »

Trouver 12 millions d’euros !

En 2008, le permis de construire un parc éolien à Béganne est déposé. Un an plus tard, l’association célèbre sa première victoire : le permis valable trois ans est obtenu. Les bénévoles créent alors une SAS, société d’exploitation à action simplifiée, dénommée Bégawatts, dont Jean-Bernard Mabilais est le premier président. Des discussions techniques s’engagent auprès des constructeurs. Au passage, l’un d’eux, basé en Allemagne, embauche le salarié de l’association ! Michel Leclerc, qui vient d’entrer en retraite, assure l’intérim. Tout reste à faire, trouver surtout les douze millions d’euros nécessaires à l’implantation des quatre éoliennes : « Nous avons reçu quelques propositions d’investisseurs que nous avons rejetées. Nous souhaitions un engagement citoyen avec un maximum de personnes dans cette dynamique de transition énergétique ».

Patiemment, on s’initie aux règles du marché, essayant de faire la lumière dans les méandres du capitalisme : « La mobilisation pour faire entrer de nouveaux investisseurs pouvant être assimilée à une "offre publique de titre financiers", notre société n’avait pas le droit de réunir plus de cent actionnaires. Pour être autorisée à communiquer et faire entrer de nouveaux actionnaires, elle devait obtenir un visa de l’AMF, autorité des marchés financiers, comme les entreprises du Cac 40 ! Mais cela nous aurait coûté 200.000 €. On était coincé ! »
 
Pour trouver une solution, l’Ademe mandate l’association afin qu’elle organise un séminaire national. Il est décidé alors de créer Energie partagée, un mouvement bicéphale avec une association dont Michel Leclercq est élu vice-président. Il a en charge de fédérer l’ensemble des porteurs de projets d’énergie renouvelable en France, de former, de mutualiser et surtout de lancer l’outil d’investissement Energie partagée investissement qui serait compétent pour collecter de l’argent auprès de citoyens et d’organismes. Mais pour cela, il faut attendre 2011, que l’AMF donne enfin son autorisation. Et pendant ce temps, l’échéance du permis de construire approche...

800 habitants mettent au pot commun !

Il y a, c’est certain, un souffle d’optimisme et de solidarité dans ce pays de Vilaine. Le projet suscite un enthousiasme général. Voyant l’échéance approcher et le risque que tout s’effondre, des habitants décident par eux-mêmes de créer des clubs d’investisseurs et de mettre au pot commun leurs précieuses économies. Avec le risque de les voir disparaître ! Ils se rapprochent de la Cades, Pôle de développement de l’économie sociale et solidaire, et créent cinquante-trois clubs, rassemblant près de huit-cents habitants.

L'initiative est construite sur le modèle de l’économie sociale et solidaire, avec ce principe que chacun est doté du même pouvoir. Dans la société d'exploitation du parc, Bégawatts, les actionnaires se répartissent en cinq collèges : les vingt-quatre membres fondateurs, l’association EPV et la société Site à Watts, les cinquante-trois clubs d’investisseurs, quatre entreprises de l’économie sociale et solidaire, Manivel Cinéma, la Mapar, la Biocoop le Héron bleu et la coopérative solaire du pays de Rennes.
 
Avec une participation de la Région Bretagne et du fonds enfin créé, Energie partagée investissement, on fait le total : l’association dispose de 2,7 millions d’euros pour engager une négociation auprès des banques. « C’était une grande victoire, se souvient Alain Ridard, qui avait alors pris la suite de la présidence de l’association après Michel Leclercq. Les citoyens avaient la maîtrise de la société et de la gestion à travers un fonctionnement coopératif.» Mais le combat est loin d’être achevé. Toutes les banques françaises contactées se révèlent frileuses à l’idée d’un emprunt : « C’est en Belgique, poursuit Alain, que l’on a trouvé une oreille favorable grâce au réseau de coopératives avec qui nous étions en lien. Il a fallu cette banque belge et la garantie d’un tarif d’achat pendant quinze ans par EDF pour que les banques françaises reviennent sur leur position. » 

Inauguration en grande pompe

En 2012, quelques mois avant la limite de validité du permis de construire, les bénévoles vont à nouveau avoir des sueurs froides. Le mouvement anti-éolien a pris de l’ampleur et est parvenu à bloquer tous les tarifs d’achat d’EDF au niveau national. La France avait omis de finaliser une procédure de l’Union européenne ! Les banques françaises reviennent sur leur décision et stoppent les démarches. « Nous avons alors réuni en urgence tous les clubs d’investisseurs, explique Michel Leclercq. A l’unanimité, dans l’incertitude la plus totale, ils votent pour engager les travaux et sauvent ainsi le permis de construire ! »
 
Tandis que l’on scelle les armatures de la fondation et coule le premier béton, l’Etat répare son erreur et parvient au bout d’un an à rectifier la procédure qui met ainsi la France en conformité avec le droit européen. EDF revient sur sa position et garantit un tarif d’achat durant quinze ans ; les banques accordent enfin l’emprunt nécessaire à l’installation des éoliennes : « Nous avons alors décidé de vendre l’électricité produite à EDF et de la racheter à Enercoop, fournisseur français d'électricité d'origine renouvelable ». Le 14 juin 2014, c’est la fête à Béganne : le premier parc éolien citoyen est inauguré en présence de tous les grands médias nationaux. A cent quarante mètres de haut, les pales commencent à tourner et produire de l’énergie… citoyenne.

Bénévoles autour d’un projet industriel

Peu de temps après, le permis de construire est obtenu pour créer un deuxième parc éolien à Sévérac-Guenrouët. La deuxième société voit le jour, dénommée Isac-Watts, présidée par Claudette Lacombe, ainsi qu’un nouveau groupe d’investisseurs et une trentaine de nouveaux clubs citoyens, rassemblant quelque six-cents citoyens. Les quatre éoliennes déploient leurs ailles en 2016, année où le permis de construire du troisième parc est accordé sur la commune d’Avessac, co-développé avec un partenaire industriel allemand.
 
Cette fois, des sociétés d’économie mixte entrent dans la boucle aux côtés de l’association et des clubs d’investisseurs ainsi que la commune d’Avessac et Redon Agglomération, la nouvelle communauté de communes engagée dans un projet de "territoire à énergie positive". « C’est la première fois de ma vie, confie Jean-Paul Garric, trésorier de l’association, qui a exercé comme expert-comptable, que je vois réunis autour d’une même table et d’un même projet, industriels, citoyens, représentants associatifs, élus de régions, de départements, clubs d’investisseurs, acceptant une gestion bénévole d’une société industrielle ! Et ça marche. »

Pour un territoire autonome en énergie

Eoliennes en pays de Vilaine, devenue Energies citoyennes en pays de Vilaine, compte aujourd’hui quatorze salariés, en incluant sa société de services Site à Watts Développement. L’association est devenue acteur de référence et centre ressource national pour l’éolien citoyen. Treize éoliennes produisent de l’énergie pour un investissement de 42 millions d’euros. Comment autant de graines semées par le vent, les projets essaiment : d’autres éoliennes pourraient se dresser dans le ciel de Plessé (Loire-Atlantique) et de Saint-Ganton (Ille-et-Vilaine) mais aussi des capteurs solaires et panneaux photovoltaïques à La Chapelle-de-Brain, à Brain-sur-Vilaine, à Redon sur les toits de Manivel Cinéma et du lycée agricole Issat des pays de Vilaine.
 
« Notre désir, même s’il est utopique, est que le pays de Redon devienne un territoire autonome en énergie, se prend à rêver Michel Leclercq. La question de l'énergie doit se penser de manière globale mais doit être gérée localement, ensemble, militants associatifs, élus, industriels, représentants institutionnels. Nous devons tous réduire nos consommations énergivores et générer des modes de production plus propres et plus sobres. Nous n’imaginions pas que la seule force des citoyens pouvait enclencher un mouvement national ! Plus rien ne peut nous arrêter… »

Tugdual Ruellan.

Energies citoyennes en pays de Vilaine
CONTACT : 
51, route de Rennes, 35600 Redon

02 99 72 39 49
epv@eolien-citoyen.fr
Site : ICI
 
Site Isac-Watts : https://isacwatts.wordpress.com
 
Voir le film réalisé sur le parc éolien citoyen d'Avessac
www.dailymotion.com/video/k1RC6cNzS2Uu07pUiY5  
 
PAROLES DE CITOYENNES ET DE CITOYENS ENGAGÉS DANS LE PROJET ÉOLIEN

Alain Ridard, président de l’association de 2010 à 2016, vice-président 
« Une aventure humaine et collective extraordinaire »
« Il y a eu d’abord la période des pionniers et du défrichage ; il y a eu ensuite, à partir de 2005, le basculement vers la professionnalisation ; il y a eu enfin la structuration avec la mise en place des différentes instances de gestion, sur des logiques coopératives et de l’économie sociale. Notre fierté, c’est d’avoir développé cette professionnalisation et assurer un équilibre financier sans une dépendance de fonds publics, dans une logique d’intérêt général. Nous avons vécu une aventure humaine et collective extraordinaire. On a vécu des coups durs, innombrables mais à chaque fois, on s’est relevé et on a continué. Ce qui nous faisait tenir, c’est que nous avions en face de nous, des gens qui n’y croyaient pas. Alors, c’est devenu un défi, une envie folle de leur dire : c’est possible. Notre intention est désormais de construire ce projet de territoire autonome avec les collectivités locales en se projetant à horizon 2030, en réfléchissant à l’ensemble des énergies renouvelables, avec une approche plus large autour de la santé, de l’alimentation, de la mobilité… »
 
Jean-Christophe Chaurin, codirecteur de Bégawatts
« Entre rêve et réalité, entre idéologie et pragmatisme… »
« C’est une foule d’expériences individuelles que nous avons mises au pot commun avec ce désir d’avancer ensemble et de respecter les points de vue divergents. Le changement d’intitulé de l’association en 2016 ouvre de nouvelles perspectives. Des sentiers d’interprétation voient le jour à Béganne et à Guenrouët en lien avec la Maison du tourisme, des élèves travaillent à la mise en place d’un site internet permettant de visualiser en direct la production du parc éolien. Plusieurs projets sont en train d’émerger : un groupement d’achat de vélos électriques, la cuisson économe avec des fours solaires, le bois de chauffage, la mobilité, le photovoltaïque… Après le projet industriel, nous souhaitons désormais approfondir le travail de sensibilisation et de pédagogie auprès des citoyens ».

Michel Carré, président actuel d’Energies citoyennes en pays de Vilaine
« Un développement plus harmonieux du territoire »
« Je souhaitais contribuer à un développement plus harmonieux et écologique du territoire. Je souhaitais de la construction positive, des initiatives concrètes qui produisent. Et c’est ce que j’ai trouvé dans cette association. Notre ambition aujourd’hui, c’est de continuer à produire des énergies renouvelables mais d’être simultanément sur la réduction des consommations et le changement des comportements. L’autonomie du territoire reste une finalité et nous espérons poursuivre la réflexion avec Redon agglomération qui s’est engagé dans le nouveau parc d’Avessac. Nous espérons être un acteur reconnu au sein du nouveau plan Climat énergie territorial, projet  de développement durable dont la finalité est la lutte contre le changement climatique et l'adaptation du territoire. »
 
Jean-Bernard Mabilais, premier président de Bégawatts
« Nous voulions tous aller jusqu’au bout ! »
« Agriculteur, aujourd’hui retraité, j’ai été sollicité pour intégrer la commission nationale de débat public pour la ligne à très haute tension Cotentin-Maine. J’avais en effet à l’époque des responsabilités dans des associations rurales au niveau national. Je me suis impliqué dans le projet éolien pour deux raisons : je souhaitais m’engager dans la transition énergétique et aussi, dans le développement local et territorial. Je me suis trouvé embarqué dans le noyau dur et je ne regrette rien ! Des amitiés et des complicités se sont nouées, même si nous étions très différents. Mais on a mis de côté nos certitudes et nos débats idéologiques car nous voulions tous aller jusqu’au bout ».

Jean-Paul Garric, second président de Bégawatt et trésorier de l’association
« Nous devons maintenant travailler tous ensemble »
« Je suis écologiste dans l’âme mais c’est parce que j’étais expert-comptable qu’on est venu me chercher ! Je crois que l’on peut être fier d’avoir créé ce premier parc éolien citoyen en France, avec 95 % du capital détenu par des citoyens. Fier aussi de voir, après avoir essuyé les plâtres, que l’initiative peut aujourd’hui se reproduire. Le collectif a toujours trouvé un consensus dans les nombreuses prises de décision ! Ce qui a réuni les gens, c’est cette idée que son argent pouvait être investi dans une réalisation concrète, utile au territoire dans lequel on vit. C’est aussi une forme d’éducation populaire car nous nous sommes tous formés et nous avons appris les uns les autres. Quand on pense que ce sont les citoyens du collectif qui ont choisi les machines… c’est assez incroyable ! Pour que le territoire soit demain autonome en énergies renouvelables, nous devons travailler tous ensemble, collectivités, instituions et citoyens. Tous les voyants sont au vert pour poursuivre… »
 
Marie-Hélène Seroux, référente communication de la société Isac-Watts
« Au final, c’est une grande richesse et une fierté »
« J’étais agricultrice, nouvellement retraitée, lorsque je me suis engagée dans le club d’investissement du parc de Béganne. Comme j’habite Sévérac, je me suis spontanément engagée dans l’aventure du deuxième parc en 2012. Les éoliennes tournent depuis 2016 et les objectifs de production sont atteints. Nous souhaitons créer un chemin d’interprétation pour présenter le projet aux promeneurs. Nous avons aussi créé une commission acoustique pour analyser le ressenti des riverains, analyser les nuisances pour trouver des solutions. C’est beaucoup d’engagement, de temps passé mais au final, c’est une grande richesse et une fierté. »

Riwal Raude, administrateur de l’association
« Un pari collectif collaboratif… de la démocratie pure »
« J’ai adhéré à l’association en 2005 et suis administrateur depuis 2006. Travaillant dans l’informatique, je suis devenu le correspondant informatique et liberté de l’association. Malgré l’utopie de départ, c’est devenu une initiative qui marche ; on est en plein dans la démocratie, on écoute les gens parler, chacun peut donner son avis et le projet s’est construit de cette manière. C’est un pari collectif collaboratif. D’une idée qui au départ ne concernait qu’un village, on arrive aujourd’hui à un projet qui intéresse tout un grand territoire. Avec cette idée que la richesse obtenue grâce à l’investissement citoyen, serve au territoire et non à enrichir des dividendes de grands groupes. C’est une grande fierté de pouvoir dire en regardant le parc éolien : c’est à nous ! »
 
Françoise Graffe, première gérante de Site à watts et administratrice de l’association
« Ce que nous avons vécu est exceptionnel ! »
« Dès 2005, le projet et le défi m’ont passionnée. J’ai appris énormément de choses, dans des domaines que nous n’aurions jamais osé abordés. Avec mon expérience passée en entreprise, je suis devenue la référente en ressources humaines de l’association avant d’être nommée gérante de Site à Watts. Ce que nous avons vécu est exceptionnel, j’ai beaucoup de chance d’avoir participé à cette aventure et de poursuivre même si c’est parfois difficile. Je n’ai jamais vécu une telle dynamique, faite de bénévoles, où tout le monde agit ensemble, sans intérêts personnels, au-delà des divergences et des visions. Ça prend de l’énergie mais ça en donne aussi beaucoup ».

POUR ALLER PLUS LOIN

Quelques chiffres
Béganne (Ille-et-Vilaine) Mise en service : juin 2014 4 éoliennes Capacité annuelle de production de 20 millions de kWh Coût : 12 M€  
Sévérac-Guenrouët (Loire-Atlantique) Mise en service : janvier 2016 4 éoliennes Capacité annuelle de production de  18 millions de kWh Coût : 11,5 M€  
Avessac (Loire-Atlantique)
Regroupe des partenaires issus de collectivités publiques (Sergies de la Vienne et SIPEnR de la région parisienne), un outil d’investissement citoyen national (Énergie Partagée Investissement) et des acteurs locaux (association, citoyens et collectivités des Pays de Vilaine).
Co-développé par l'association Énergies citoyennes en Pays de Vilaine (EPV) et le développeur privé Abo Wind à travers la société Ferme Eolienne d’Avessac (FEA). La SAS Tesdan Le Vent est la composante locale de la FEA. Créée en mai 2017, elle permet aux habitants et acteurs du territoire d’investir dans le parc éolien d’Avessac. Mise en service : avril 2017 5 éoliennes de 2 MW chacune Capacité annuelle de production de 22 millions de kWh Coût : 20 M€ dont 15% en fonds propres.  
Au total 13 éoliennes Capacité annuelle de production de 60 millions de kWh Investissement : 42 millions d’euros Près de 2000 citoyens impliqués

Les acteurs des Energies renouvelables citoyennes

Enercoop Bretagne. Enercoop est, depuis 2005, le premier fournisseur d'électricité 100 % renouvelables. Il a pour objectif de sensibiliser aux enjeux sociaux et environnementaux tout en permettant une appropriation citoyenne de la question de l'énergie. Enercoop se démarque aussi des autres fournisseurs d'électricité par sa forme coopérative, donc a buts non lucratifs, regroupant a la fois les producteurs et les consommateurs. Aussi, la coopérative régionale Enercoop Bretagne (SCIC SA), créée en mars 2013, est un interlocuteur de renom sur le portage citoyen des énergies renouvelables.
 
Le réseau national Énergie Partagée association. L'association sensibilise citoyens, élus locaux et acteurs des territoires a l'importance et aux opportunités écologiques et économiques de la relocalisation de l'énergie. Elle anime le réseau national de porteurs de projets citoyens d'énergies renouvelables et est un interlocuteur privilégié des réseaux régionaux.
 
Le réseau régional Énergies citoyennes en Pays de la Loire. Lancé en janvier 2013, il rassemble une vingtaine de structures porteuses ou accompagnatrices de projets d'énergies renouvelables citoyennes. Ce réseau, soutenu par la Région et l'Ademe Pays de la Loire, est un pôle de mutualisation du savoir-faire en matière de projets énergies renouvelables citoyens. Il favorise ainsi l'émergence des projets et en facilite la réussite. L'objectif de ce réseau est aussi de promouvoir la démarche citoyenne et de valoriser les projets qui le constituent. Il propose à ses membres notamment des journées d'échanges thématiques, des formations, des visites de projets et un accompagnement individuel et collectif pour faire naître et faire vivre les projets citoyens.
 
Le réseau Breton Taranis, pour une énergie durable et citoyenne en Bretagne. Créé en 2011 grâce au soutien de la Région Bretagne, il compte une trentaine de membres, porteurs de projets d’énergies renouvelables citoyennes, et bénéficie d'une renommée nationale. Il propose grâce au soutien de la Région et de l'Ademe Bretagne des actions permettant une montée en compétences collectives, comme par exemple des formations, des outils méthodologiques, des études de cas. Véritable outil de mutualisation des compétences et connaissances en interne, il participe à la réussite des projets bretons et incite les territoires à se saisir de leurs énergies
renouvelables.


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