Le fan de foot opposé à cette Coupe du Monde pervertie par la pétro-monarchie qatarie pouvait trouver issue à son dilemme il y a un mois en pariant sur un retour rapide d’une équipe de France multi-estropiée. Le voilà pris à contrepied. La magie opère. L’équipe se transcende, solidaire. Les exploits, les pleurs, les joies, le mythe black-blanc-beur de nouveau ensorcellent. Et l’oubli se fait macabre. L’allégresse marche sur les centaines de morts tués à construire cette extravagance, sur les victimes actuelles et à venir du dérèglement climatique, sur la démocratie attaquée par un émirat qui corrompt jusqu’à des députés européens. La liesse qui s’empare de la France a des accents de tragédie. Et elle se transforme en cynisme quand elle devient officielle. Quelle image circulera et restera si le président de la République française brandit dimanche une Coupe aussi pleine de scandales ?
Michel Rouger
Michel Rouger