A l'origine de tout, il y a d'abord une grand-mère, de la région du Frioul, tout au nord de l'Italie. « Dans ma famille paternelle, tout le monde parlait frioulan. Ma grand-mère ne me parlait qu'en frioulan et me racontait des histoires. Je les appréciais ! Je les ai d'ailleurs reprises dans l'ouvrage "Contes venus d’Italie". » Une autre personne a compté, son instituteur : « Il m'a encouragé à lire, m'a ouvert à de grands auteurs, de grands ouvrages. » Une passion, alors, s'est enracinée : si Mario Urbanet a dû abandonner l'école à 14 ans pour bosser dans le bâtiment avec son père, l'amour des mots, lui, ne l'a jamais quitté.
Il l'a même sûrement aidé dans les pires moments, par exemple quand le jeune ouvrier du bâtiment a dû partir faire la guerre en Algérie. « Je l'ai mal vécue, je l'ai subie, j'ai d'ailleurs fini dans un bataillon disciplinaire de la Légion. » Au retour, les mots lui manquent. Lors d'une soirée chez un militant algérien où l'a emmené un cousin communiste, on lui demande son avis : " Toi qui rentres d’Algérie, qu’est ce que tu en penses ? " Mario Urbanet ne sait pas comment parler des Algériens que beaucoup, alors, insultent. Sauf à cette réunion où l'ami algérien est égal aux autres.
Il l'a même sûrement aidé dans les pires moments, par exemple quand le jeune ouvrier du bâtiment a dû partir faire la guerre en Algérie. « Je l'ai mal vécue, je l'ai subie, j'ai d'ailleurs fini dans un bataillon disciplinaire de la Légion. » Au retour, les mots lui manquent. Lors d'une soirée chez un militant algérien où l'a emmené un cousin communiste, on lui demande son avis : " Toi qui rentres d’Algérie, qu’est ce que tu en penses ? " Mario Urbanet ne sait pas comment parler des Algériens que beaucoup, alors, insultent. Sauf à cette réunion où l'ami algérien est égal aux autres.
Avec "Les mamies conteuses"
Engagé au parti communiste pendant une trentaine d'années, il a sûrement pu s'offrir de belles joutes verbales mais c'est à la retraite, en achevant quinze années de travail dans la sécurité industrielle - « les pires années de ma vie », dit-il – qu'il aura pu vraiment renouer avec sa passion. Il est sollicité pour faire du soutien scolaire à la Mission Populaire protestante, la Miss Pop' comme on dit à Trappes.
Suite à cela, il rencontre Walid Allouf, conteur d’origine tunisienne, directeur adjoint de la médiathèque Anatole France à Trappes. Walid Allouf lui raconte que son grand-père, chaque fois qu'il s'arrêtait sur un banc pour se reposer, lui disait un conte. Il propose à Mario Urbanet de venir à son tour conter dans les écoles. Mario hésite puis se laisse convaincre. Il rejoint même l’association "Les mamies conteuses" qui, Mario arrivant, deviendra " Les conteurs de Trappes" .
Suite à cela, il rencontre Walid Allouf, conteur d’origine tunisienne, directeur adjoint de la médiathèque Anatole France à Trappes. Walid Allouf lui raconte que son grand-père, chaque fois qu'il s'arrêtait sur un banc pour se reposer, lui disait un conte. Il propose à Mario Urbanet de venir à son tour conter dans les écoles. Mario hésite puis se laisse convaincre. Il rejoint même l’association "Les mamies conteuses" qui, Mario arrivant, deviendra " Les conteurs de Trappes" .
« Déclencher la petite étincelle qui va faire réfléchir »
L'apprenti conteur se forme, s’aguerrit. Un jour, alors qu'il conte dans un restaurant, l'amie musicienne bulgare qui l'accompagne l'oriente vers les aventures du héros bulgare Hitar Pétar, "Pierre le rusé". Mario Urbanet s'emploie à les adapter, car les aventures originales sont misogynes, anti-Turcs, antisémites... Il les adapte si bien que ces histoires brèves pour 8-9 ans intéresseront les éditions Albin Michel
« Les contes sont porteurs d’idéologies, souvent de l'idéologie dominante, souligne le conteur de Trappes ; si besoin, je les transforme vers ce que j'ai envie de transmettre, en déclenchant la petite étincelle qui va faire réfléchir, permettre de discuter. Le conte, ajoute-t-il, a des racines multiples et prouve que rien n'est inéluctable, qu'on peut lutter quand on n’est pas d’accord... »
« Les contes sont porteurs d’idéologies, souvent de l'idéologie dominante, souligne le conteur de Trappes ; si besoin, je les transforme vers ce que j'ai envie de transmettre, en déclenchant la petite étincelle qui va faire réfléchir, permettre de discuter. Le conte, ajoute-t-il, a des racines multiples et prouve que rien n'est inéluctable, qu'on peut lutter quand on n’est pas d’accord... »
D'écoles en hôpitaux
Mario Urbanet a récemment fait un atelier d’écriture à l’école Flaubert, à Trappes avec l’AFEV (une association d’étudiants pour le soutien scolaire. Les enfants ont travaillé sur le conte et sur la langue. Beaucoup d'entre eux vivent dans des familles où l'on ne parle pas français, Mario Urbanet connaît cela pour l'avoir vécu enfant. A l’une des séances, les parents, turcs pour la plupart, sont venus. On a lu des contes turcs, notamment des histoires de Nasr Eddin Hodja. Les enfants ne connaissaient pas, mais les mamans si. Cela a permis d’avoir un échange entre les parents, les enfants et Mario… de faire un lien entre les origines, la langue.
Les années ne semblent pas avoir de prise sur Mario Urbanet qui conte beaucoup dans différents lieux publics, les prisons, l'hôpital (pour des enfants en difficulté et autistes). Depuis deux ans, il travaille en partenariat avec l’hôpital d’Houdan, en lien avec une psychologue qui se base sur son travail pour développer les perceptions et la réflexion.
Les années ne semblent pas avoir de prise sur Mario Urbanet qui conte beaucoup dans différents lieux publics, les prisons, l'hôpital (pour des enfants en difficulté et autistes). Depuis deux ans, il travaille en partenariat avec l’hôpital d’Houdan, en lien avec une psychologue qui se base sur son travail pour développer les perceptions et la réflexion.
Un outil d'échange
Par la poésie, Mario évoque aussi des moments vécus et des revendications… par exemple dans l’ouvrage "Mur de Sable (brûlures d’Algérie)" où il écrit son opposition et ses déchirures liées à cette période de sa vie.
Le conte est pour lui un outil de discussion, d'échange avec le public. C’est un partage. Une autre anecdote : un jour, lors d'un atelier, chaque participant devait dessiner un personnage d’après le conte raconté par Mario. Deux semaines plus tard, le personnage avait dix-sept formes différentes, c’est donc bien celui qui écoute qui construit l’histoire. « C’est ça la magie du conte ! » s'enthousiasme Mario.
Ainsi va le vieux conteur. Souvent, dans les rues de Trappes on le reconnaît ; parfois, on l'interpelle, des enfants par exemple. Un jour, l'un lui a dit : « J’aimerais faire comme toi… je veux être historiste ! »
Aline Grillon
Pour en savoir plus, voir le site de Mario Urbanet
Le conte est pour lui un outil de discussion, d'échange avec le public. C’est un partage. Une autre anecdote : un jour, lors d'un atelier, chaque participant devait dessiner un personnage d’après le conte raconté par Mario. Deux semaines plus tard, le personnage avait dix-sept formes différentes, c’est donc bien celui qui écoute qui construit l’histoire. « C’est ça la magie du conte ! » s'enthousiasme Mario.
Ainsi va le vieux conteur. Souvent, dans les rues de Trappes on le reconnaît ; parfois, on l'interpelle, des enfants par exemple. Un jour, l'un lui a dit : « J’aimerais faire comme toi… je veux être historiste ! »
Aline Grillon
Pour en savoir plus, voir le site de Mario Urbanet