Il est 6h30. Le jour vient à peine de se lever dans le département de la Grand'Anse, au sud-ouest de Haïti, et le village des Abricots, posé au bord de la mer, s'anime déjà. De partout, des élèves en uniformes multicolores envahissent les quelques rues pour se rendre dans les deux écoles de la localité, l'école paroissiale et le lycée national. Certains sont partis très tôt, à pied dans la campagne, pour rejoindre ce bourg de 1.600 habitants, mairie d'une commune qui en compte près de 35.000, répartis sur 500km².
Dans un pays où plus de 50% de la population a moins de 25ans, l'éducation est un élément fondamental. Malheureusement, du fait de la faiblesse de l'Etat haïtien, l'Education Nationale n'a pas la capacité d'absorber l'ensemble des enfants en âge d'être scolarisés. Et pour ceux, très nombreux, dont les familles n'ont pas les moyens de payer une école privée -extrêmement nombreuses en Haïti-, trouver une place dans le public est souvent un vrai parcours du combattant.
Pour répondre à cette demande Michaëlle de Verteuil, Haïtienne de Port-au-Prince, a eu l'initiative et continue d'animer le "Paradis des Indiens" qui regroupe aujourd'hui une douzaine d'établissements scolaires sur la commune des Abricots.
Dans un pays où plus de 50% de la population a moins de 25ans, l'éducation est un élément fondamental. Malheureusement, du fait de la faiblesse de l'Etat haïtien, l'Education Nationale n'a pas la capacité d'absorber l'ensemble des enfants en âge d'être scolarisés. Et pour ceux, très nombreux, dont les familles n'ont pas les moyens de payer une école privée -extrêmement nombreuses en Haïti-, trouver une place dans le public est souvent un vrai parcours du combattant.
Pour répondre à cette demande Michaëlle de Verteuil, Haïtienne de Port-au-Prince, a eu l'initiative et continue d'animer le "Paradis des Indiens" qui regroupe aujourd'hui une douzaine d'établissements scolaires sur la commune des Abricots.
Pas si simple de scolariser les enfants dans une commune rurale
Un lent cheminement l'a amenée à cette initiative. «Je suis partie à l'âge de 20 ans vivre au Canada avec mon mari, qui était économiste. C'est durant mon séjour là-bas que j'ai pris conscience de ce qu'était la vie en Haïti, de la pauvreté», explique cette énergique femme de 75ans, en débardeur et bermuda, crocs verts aux pieds.
Au tout début, il y a près de 40 ans, faire accepter la scolarisation des enfants dans une commune rurale comme les Abricots n'a pas été une mince affaire . «La première année, lorsque j'ai ouvert l'école, je devais aller chercher les enfants dans les maisons car bien souvent les parents les gardaient avec eux pour qu'ils participent aux travaux agricoles. Ensuite, il a fallu faire accepter les méthodes que l'on employait. Les premières années, les Abricotins ont dénigré l'école... Et puis, lorsque les premiers résultats sont arrivés, quand la première classe d'âge a obtenu le certificat d'études, les gens ont commencé à nous considérer autrement », se rappelle-t-elle non sans malice.
C'est dans les années 90 que la fondation a connu un coup d'accélérateur, grâce à des financements issus de la Fondation Sogebank/Haïti, l'une des principales banques du pays où elle finance un certain nombre de projets similaires, qui ont permis la création d'une dizaine de petites écoles. L'antenne espagnole d'Ecole sans Frontière a pour sa part permis le financement de deux nouvelles classes alors que le Canada, où Mme de Verteuil a gardé nombre de contacts, a pris en charge une partie de la formation des professeurs.
« On vient toujours au secours du succès », s'amuse-t-elle, avant de rappeler: « nous sommes dans une commune rurale à 90%. Les enfants mettaient parfois 4h à pied pour venir à l'école. Grâce à ce réseau de classes, ils n'ont plus besoin de se déplacer aussi loin. Sur toute la commune , le temps maximum est désormais une demi-heure pour atteindre l'école».
Au tout début, il y a près de 40 ans, faire accepter la scolarisation des enfants dans une commune rurale comme les Abricots n'a pas été une mince affaire . «La première année, lorsque j'ai ouvert l'école, je devais aller chercher les enfants dans les maisons car bien souvent les parents les gardaient avec eux pour qu'ils participent aux travaux agricoles. Ensuite, il a fallu faire accepter les méthodes que l'on employait. Les premières années, les Abricotins ont dénigré l'école... Et puis, lorsque les premiers résultats sont arrivés, quand la première classe d'âge a obtenu le certificat d'études, les gens ont commencé à nous considérer autrement », se rappelle-t-elle non sans malice.
C'est dans les années 90 que la fondation a connu un coup d'accélérateur, grâce à des financements issus de la Fondation Sogebank/Haïti, l'une des principales banques du pays où elle finance un certain nombre de projets similaires, qui ont permis la création d'une dizaine de petites écoles. L'antenne espagnole d'Ecole sans Frontière a pour sa part permis le financement de deux nouvelles classes alors que le Canada, où Mme de Verteuil a gardé nombre de contacts, a pris en charge une partie de la formation des professeurs.
« On vient toujours au secours du succès », s'amuse-t-elle, avant de rappeler: « nous sommes dans une commune rurale à 90%. Les enfants mettaient parfois 4h à pied pour venir à l'école. Grâce à ce réseau de classes, ils n'ont plus besoin de se déplacer aussi loin. Sur toute la commune , le temps maximum est désormais une demi-heure pour atteindre l'école».
Aujourd'hui, 12 écoles
La bibliothèque d'une école aux Abricots
Les écoles du paradis des indiens accueillent plus de 3.500 enfants. Elles sont disséminées sur l'ensemble du territoire Abricotin. Le budget de fonctionnement est lui dérisoire, à peine 125.000$ par an. Pourtant, difficile d'être sûr de parvenir à le boucler. D'une année sur l'autre, l'inquiétude revient.
« On demande une participation aux parents, de l'ordre de 200 Gourdes -la monnaie haïtienne- par enfant et par an (3,70€). Ca couvre 25% du budget. Mais depuis que le président Michel Martelly a dit que l'école devait être gratuite, beaucoup de parents ne veulent plus payer. On ne peut pas le leur reprocher, mais ça ne nous facilite pas les choses » détaille Michaëlle de Verteuil.
Pour Raymond, le comptable suisse de l'association, le budget du Paradis des Indiens «tient du miracle». «D'une année sur l'autre, la question revient. On a des contributeurs réguliers, un certain nombre d'amis de Michaëlle au Canada. Mais ils vieillissent, et difficile de savoir qui prendra le relais» s'inquiète-t-il.
«Le budget représente environ une année et demi de salaire de professeur en Suisse », relativise Raymond. « Avec ça, souligne-t-il, on paie les professeurs, on fait fonctionner les établissements. Mais le problème majeur, c'est qu'on trouve un soutien institutionnel quand il s'agit de construire un nouveau bâtiment mais jamais aucun pour ce qui est des frais de fonctionnement. Des classes neuves ça se voit, ça peut se montrer, mais un budget de fonctionnement, par définition, ça ne frappe pas les esprits », déplore Raymond. « La seule à n ous apporter une aide régulière, c'est la Chaîne de l'Espoir », une ONG française.
« On demande une participation aux parents, de l'ordre de 200 Gourdes -la monnaie haïtienne- par enfant et par an (3,70€). Ca couvre 25% du budget. Mais depuis que le président Michel Martelly a dit que l'école devait être gratuite, beaucoup de parents ne veulent plus payer. On ne peut pas le leur reprocher, mais ça ne nous facilite pas les choses » détaille Michaëlle de Verteuil.
Pour Raymond, le comptable suisse de l'association, le budget du Paradis des Indiens «tient du miracle». «D'une année sur l'autre, la question revient. On a des contributeurs réguliers, un certain nombre d'amis de Michaëlle au Canada. Mais ils vieillissent, et difficile de savoir qui prendra le relais» s'inquiète-t-il.
«Le budget représente environ une année et demi de salaire de professeur en Suisse », relativise Raymond. « Avec ça, souligne-t-il, on paie les professeurs, on fait fonctionner les établissements. Mais le problème majeur, c'est qu'on trouve un soutien institutionnel quand il s'agit de construire un nouveau bâtiment mais jamais aucun pour ce qui est des frais de fonctionnement. Des classes neuves ça se voit, ça peut se montrer, mais un budget de fonctionnement, par définition, ça ne frappe pas les esprits », déplore Raymond. « La seule à n ous apporter une aide régulière, c'est la Chaîne de l'Espoir », une ONG française.
Les résultats sont là
Même si elle sait pertinemment que nombre de ses élèves ne dépasseront pas le primaire, Michaëlle de Verteuil est fière de ceux qui vont plus loin, comme ceux qui sont partis à Port-au-Prince pour étudier la médecine ou l'agronomie, entrer en école d'infirmière ou de gestion.
«Mais je n'aime pas les voir à Port-au-Prince car, malheureusement, le plus souvent, ils y restent une fois leurs études finies, alors que c'est ici qu'on aurait besoin d'eux», regrette-t-elle.
Erwann Lucas
«Mais je n'aime pas les voir à Port-au-Prince car, malheureusement, le plus souvent, ils y restent une fois leurs études finies, alors que c'est ici qu'on aurait besoin d'eux», regrette-t-elle.
Erwann Lucas