18/11/2021

Par petites touches, Monica De Souza peint la conscience noire

Reportage : Marie-Anne Divet


La conscience noire, Monica De Souza l'a chevillée au corps depuis son enfance. "Tu es belle, ma fille. N'écoute pas ceux qui te disent que tu n'es pas bien", lui répétait sa mère alors que les petits blancs de sa classe la pointaient du doigt. La fierté d'être noire, d'être une femme noire, Monica De Souza l'exprime aujourd'hui dans sa peinture. Les femmes qu'elle peint, bouche sans sourire et couleurs explosives, nous regardent, les yeux pleins de questions.


Monica de Souza expliquant les origines du mouvement des Congadas, rituel afro-brésilien, le 12 novembre à la Maison de Quartier de Villejean à Rennes © J-F Bourblanc

20211118 Les peintures de Monica de Souza.mp3  (3.84 Mo)

Monica De Souza est née en 1965 au Brésil, dans le Minas Gerais, région de mines d’or et de pierres précieuses où un grand nombre d’esclaves africains ont été déportés. Sa mère mise sur l'éducation ce qui lui permettra de devenir institutrice. Mais cela ne lui suffit pas, elle veut poursuivre ses études et apprendre le français. Elle trouve les moyens financiers et c'est en Belgique qu'elle débarque. Faute de ressources, sa formation terminée, elle retourne au Brésil. Elle postule pour des postes, sans succès. Un an après son retour, elle reçoit une proposition de la Suède : tenir une maison pour étudiants de différentes nationalités, venus dans le cadre du programme européen Erasmus. Elle est retenue car elle est trilingue. 25 années ont passé et Monica De Souza vit toujours à Stockholm.

A la fin des années 1990, elle se lance dans  la peinture acrylique puis dans le  travail sur tissus. " Je me sens porteuse de cet univers où, à travers mon art, j’essaie de mettre en lumière le vécu de mes ancêtres africains. Chaque tableau est pour moi comme un puzzle qui peu à peu révèle la spiritualité de ce peuple en lutte contre l’oppression, le racisme et l’impitoyable colonialisme portugais. Chaque trait d’un visage porte un message de cette résistance : on n’est pas descendants d’esclaves, on est descendants de rois et de reines qui ont été mis en esclavage. "




 
Temps de lecture : 11'34
 
Comment retrouver ses racines ?
 
Mon enfance bellissima (à 2'11")
 
Consciência negra (à 4'23")
 
Un féminisme noir (à 6'29")
 
Peindre (à 8'46")

 
Pour en savoir plus



La consciência negra 
 
Le 20 novembre est le Jour de la conscience noire, jour férié au Brésil depuis 2003. On commémore  le 326e anniversaire de l'assassinat de Zumbi qui lutta contre l’esclavage et l’oppression du peuple noir. 

Lire l'article paru sur Autres Brésils : " Journée de la conscience noire : entre dédommagement et effusion de sang "

Et l'article paru sur Bom Dia Brésil : " Les quilombos, héritage d'une résistance afro-brésilienne "

La semaine sur la conscience noire organisée par le Collectif Brésil de Rennes se poursuit jusqu'au samedi soir 20 novembre

 

Le féminisme noir

Le féminisme noir, l'afroféminisme s'inspirent du Black féminism états-uniens des années 1970, avec Angela Davis comme égérie. De nombreuses femmes noires ont ressenti le besoin de revendiquer des droits  et des formes d'action différentes des féministes blanches.  Témoignages et analyses :

Sur C-Lab (audio), rencontre avec les autrices Djamila Ribeiro et Joice Berth

Aux Editions Anacaona, "Chroniques sur le féminisme noir"

Un portrait de Maya Angelou, artiste militante

Sur France Culture : "Féminisme noir, race et angles morts : l'histoire du genre n'est pas cousue de fil blanc"

   



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