Pour la fin de l’année, le documentariste Marc Weimuller sortira un film sur la laiterie Nazart de Fougères. Un travail que Gérard Fourel à accompagné de ses photographies réalisées dans la laiterie entre 1980 et 1985, avant sa fermeture en 2005.
C’est encore lui que l’on retrouve à la manœuvre au sein de l’association « La Sirène » crée pour garder éveillée la mémoire de « Fougères l’ouvrière » (cf Histoires ordinaires du 28 février 2013) et plus récemment pour accompagner de ses photos le CIAP (Centre d’Interprétation de l’Architecture et des Patrimoines) qui devrait voir le jour dans un an à Fougères. Là encore, les photos de Gérard Fourel seront en bonne place et permettront de retracer le parcours de ce passé industriel qui a marqué l’histoire et le patrimoine de la ville.
C’est encore lui que l’on retrouve à la manœuvre au sein de l’association « La Sirène » crée pour garder éveillée la mémoire de « Fougères l’ouvrière » (cf Histoires ordinaires du 28 février 2013) et plus récemment pour accompagner de ses photos le CIAP (Centre d’Interprétation de l’Architecture et des Patrimoines) qui devrait voir le jour dans un an à Fougères. Là encore, les photos de Gérard Fourel seront en bonne place et permettront de retracer le parcours de ce passé industriel qui a marqué l’histoire et le patrimoine de la ville.
La magie de l’image révélée sur la page blanche
Fougères - © Gérard Fourel
Si tant de souvenirs le rattachent à Fougères, c’est que cet alerte septuagénaire, aujourd’hui retraité, aurait pu – dû - passer sa vie à l’ombre des quatre murs de l’usine Réhault ou de l’une ou l’autre des usines fougeraises. Certificat d’études en poche, dans une ville de 20 000 habitants qui compte 12 000 ouvriers majoritairement dans la chaussure, le choix est vite fait. Il embauche à l’usine.
« Se retrouver enfermé du matin au soir à faire un travail à la chaîne avec comme seule perspective les trois semaines de congés payés, c’est duraille quand on a 16, 17 ou 18 ans. D’une certaine manière, je l’avais accepté et intégré mais dés que les fenêtres s’ouvraient et que je pouvais foutre le camp, je partais. J’ai donc vite évacué cette espèce de soumission. »Son vrai départ fut celui du service militaire effectué en Algérie.
« Là, je me suis mis à lire. Moi qui n’avais jamais rien lu, je me suis rattrapé et je pense que c’est ça qui m’a ouvert le champ des possibles. J’ai rencontré d’autres gens, j’ai construit des rêves différents. » Retour à Fougères et à l’usine mais pas pour longtemps. « C’était clair que je n’y resterais pas. J’avais envie d’autre chose. Je suis curieux et je voulais apprendre et comprendre. »
Castille - © Gérard Fourel
De là à troquer ses habits d’ouvrier à la chaîne pour ceux de photographe, il y a un pas. Il rencontre un photographe – Georges Dussaud – qui lui montre comment on développe une photo.
Une vie de photos parmi les « petites gens »
« Voir cette image apparaître tout à coup dans le labo, sur une feuille blanche, ça m’est apparu comme quelque chose de magique. J’ai tout de suite senti qu’avec ça, j’allais pouvoir raconter des histoires, faire des rencontres et que ça allait m’ouvrir un espace incroyable. C’était une forme d’écriture faite pour moi qui me rêvais en écrivain. C’était aussi un travail d’artisan à ma portée et c’est devenu quasiment obsessionnel. »Il s’inscrit à la société photographique de Rennes pour apprendre les rudiments du métier, prend des cours de commerce par correspondance et ouvre assez rapidement un magasin de photographie rue Nationale à Fougères. Belle revanche pour l’ancien petit gars qui a toujours vécu dans une maison modeste du quartier St Sulpice avec un père cheminot, une maman au foyer et ses deux frères et sœurs.
Une vie de photos parmi les « petites gens »
Castille - © Gérard Fourel
Le magasin de la rue Nationale tiendra quatre ans. L’artisan photographe est beaucoup plus doué en prise de vue qu’en gestion et, il faut bien le dire, un peu fâché avec les notions de comptabilité et d’épargne. L’aventure du magasin tourne court et il va trouver jusqu’à sa retraite un emploi de représentant au sein du groupe Rhône Poulenc.
Outre du temps pour sa famille - il est marié et père de trois enfants -, ce travail présente l’énorme avantage de lui permettre de voyager, de lui laisser du temps de libre afin de donner libre cours à sa passion pour la photographie. Et depuis, il n’a jamais posé son appareil photo. Maniant avec dextérité le mélange des genres. Il découvre le Barroso, région déshéritée du Nord du Portugal vers lequel il multiplie les voyages entre 1980 et 2004. Il y trouve une société rurale où le temps semble s’être figé.
Outre du temps pour sa famille - il est marié et père de trois enfants -, ce travail présente l’énorme avantage de lui permettre de voyager, de lui laisser du temps de libre afin de donner libre cours à sa passion pour la photographie.
« Le Barroso, c’est ce que mes parents et mes grands parents ont connu dans la région d’Irodouër. Une même vie rurale faite d’entr’aide, d’amitié. Une espèce de vie de famille qui défie le temps. »
« Les visages racontent beaucoup plus »
Castille - © Gérard Fourel
De cette région où le temps s’est arrêté, il ramène de magnifiques portraits qui deviendront livres et expositions et seront montrés au Portugal et en France (*). Le chemin du Portugal passe par l’Espagne et en particulier la Castille avec ses paysages désertiques et âpres, une vie profondément rurale.
L’ancien ouvrier de la chaussure ne renie pas pour autant son passé. Ses allers et retours en péninsule ibérique ne l’éloignent pas de Fougères où depuis 1980 il continue de photographier les ouvriers des usines de chaussure mais aussi ceux de la laiterie Nazart ou encore de la cristallerie. Un monde aujourd’hui disparu dont les témoins s’en vont les uns après les autres et dont les photos perpétuent la mémoire. Ce qui interpelle dans les portraits qu’il a réalisés pendant toute cette période, c’est leur simplicité et leur beauté tantôt grave, tantôt joyeuse. Il y a une vraie complicité entre le photographe et son sujet.
Il y a évidemment un point commun entre toutes ces photographies. Elles racontent la même histoire et elles sont précieuses car elles portent témoignage sans fard d’une époque et d’une vie. Plus de 40 ans d’archives photographiques, ça occupe et ses appareils le démangent encore régulièrement ! Il continue à engranger des photos, des contacts existent toujours avec le Portugal, avec Fougères. L’avenir de ce fonds photographique exceptionnel n’est pas encore écrit.
Jean-Luc Poussier
« J’ai un oncle qui a fait partie des brigades internationales et je me suis toujours demandé comment les Espagnols ont reconstruit leur pays après cette tragédie. »Les photos – toujours en noir et blanc - se font plus dépouillées, plus austères. Entre 1995 et 2015, Gérard Fourel témoigne d’un pays que la religion a marqué de son empreinte. Les images sur les fêtes pascales sont parfois glaçantes.
L’ancien ouvrier de la chaussure ne renie pas pour autant son passé. Ses allers et retours en péninsule ibérique ne l’éloignent pas de Fougères où depuis 1980 il continue de photographier les ouvriers des usines de chaussure mais aussi ceux de la laiterie Nazart ou encore de la cristallerie. Un monde aujourd’hui disparu dont les témoins s’en vont les uns après les autres et dont les photos perpétuent la mémoire. Ce qui interpelle dans les portraits qu’il a réalisés pendant toute cette période, c’est leur simplicité et leur beauté tantôt grave, tantôt joyeuse. Il y a une vraie complicité entre le photographe et son sujet.
« Au fond, j’ai toujours voulu faire des portraits, souvent de gens au travail parce que j’ai toujours considéré que les visages en racontaient beaucoup plus que n’importe quoi. Quand je retournais photographier à l’usine, je n’étais pas le visiteur qui vient voir des ouvriers au travail, j’étais toujours l’un des leurs. »Sans doute est-ce pour cette raison que les visages ne sont pas fermés, qu’on peut y voir de la joie, de la gaieté, parfois de la souffrance et toujours une belle forme d’élégance.
Il y a évidemment un point commun entre toutes ces photographies. Elles racontent la même histoire et elles sont précieuses car elles portent témoignage sans fard d’une époque et d’une vie. Plus de 40 ans d’archives photographiques, ça occupe et ses appareils le démangent encore régulièrement ! Il continue à engranger des photos, des contacts existent toujours avec le Portugal, avec Fougères. L’avenir de ce fonds photographique exceptionnel n’est pas encore écrit.
Jean-Luc Poussier
(*) Parmi les nombreuses expositions
- Arles, rétrospective en 2022 - Porto et Lisbonne, fondation Gulbenkian à Paris : Gens du Barroso
- Fougères, Bordeaux, Lyon, Rennes, St Aubin du Pavail : Fougères l’ouvrière
Distinctions
- 1999 : Premier prix d’auteur noir et blanc « Ilford »
Ouvrages
-Négroês, la mémoire blanche en 1986 aux Editions Kernes - Gens du Barroso aux Editions du Petit démon a Rennes en 2004
- Fougères l'ouvrière en 2013 aux Editons associatives "La Sirène"
- Bretagne-Tras os Montes aux éditions Vagamundo en 2016
Contact pour les ouvrages : 06 79 57 49 96
Barroso - © Gérard Fourel
Barroso - © Gérard Fourel
Barroso - © Gérard Fourel
Fougères - © Gérard Fourel