Toi, la Terre, l’argile que je façonne aujourd’hui, je te pétris, je te malaxe comme je fais le pain de la journée. Mon métier de boulanger me donne les mêmes sensations mais avec toi, les odeurs et les souvenirs me reviennent. Aujourd’hui, je retrouve mon enfance. Je suis là avec toi, l’argile achetée en paquet en France, il sortira de toi des petits jouets pour des enfants français, je vais les fabriquer mais il y a bien longtemps, te souviens-tu ?
J'étais dans mon village en Afrique. Là où seulement les femmes des forgerons ont le privilège de t’extraire et de te façonner. C’est entendu, quand on est petit, on nous dit : « C’est sacré, seule la femme du forgeron connaît les mots magiques pour sortir la terre et la travailler. » Dans mon village du Mali, c’est connu, c’est sacré, la terre à poterie est réservée à la femme du forgeron. Ne me demandez pas la raison, c’est ainsi.
Alors nous, les petits, on utilise une autre terre, la terre bien différente, celle remuée par les petites bêtes… vous savez, les termites. Toi, la Terre, celle de mon enfance, te souviens-tu des nuits et des petits matins où j’allais te chercher avec les copains ? On se mettait nus pour éviter que les termites s’accrochent à nos vêtements. En cachette des mamans, nous partions à ta recherche. Puis, agile, inventif, chacun d’entre nous modelait sa petite voiture. Dissimulées sous les feuillages, elles séchaient et nous attendaient pour « La course de voitures du siècle ». Vitesse, imitation des vroum-vroums, accidents ! Certaines autos n’en sortaient pas indemnes, c’était le but du jeu.
J'étais dans mon village en Afrique. Là où seulement les femmes des forgerons ont le privilège de t’extraire et de te façonner. C’est entendu, quand on est petit, on nous dit : « C’est sacré, seule la femme du forgeron connaît les mots magiques pour sortir la terre et la travailler. » Dans mon village du Mali, c’est connu, c’est sacré, la terre à poterie est réservée à la femme du forgeron. Ne me demandez pas la raison, c’est ainsi.
Alors nous, les petits, on utilise une autre terre, la terre bien différente, celle remuée par les petites bêtes… vous savez, les termites. Toi, la Terre, celle de mon enfance, te souviens-tu des nuits et des petits matins où j’allais te chercher avec les copains ? On se mettait nus pour éviter que les termites s’accrochent à nos vêtements. En cachette des mamans, nous partions à ta recherche. Puis, agile, inventif, chacun d’entre nous modelait sa petite voiture. Dissimulées sous les feuillages, elles séchaient et nous attendaient pour « La course de voitures du siècle ». Vitesse, imitation des vroum-vroums, accidents ! Certaines autos n’en sortaient pas indemnes, c’était le but du jeu.
Toi, la Terre que je retrouve aujourd’hui, tu deviens sous mes doigts des jouets pour amuser des enfants. Toi, la Terre que je retrouve aujourd’hui sous mes doigts, tu me fais voyager dans mes souvenirs. Je suis content de les partager avec tous ceux qui lisent cette lettre.
Mamadou Hadji Dramé
Mamadou Hadji Dramé
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