La Vague, l'expérience d'enrôlement au fascisme

La Vague, film allemand de 2008, parle d'une jeunesse exaspérée de parler d'Hitler : « Ce qui s'est passé pendant la Seconde Guerre Mondiale ne pourra plus jamais réapparaître, c'est impossible. » Jusqu'à ce qu'un professeur mène une expérience avec sa classe.


Des faits réels : En 1967, le professeur d'Histoire Ron Jones  dans un lycée aux Etats-Unis est découragé de ne pas pouvoir expliquer à ses étudiants comment l'Allemagne a basculé vers une dictature, en toute démocratie. Il met en place un jeu de rôle qui prendra une grande ampleur. En quatre jours, 200 étudiants assistent à son cours. Il décide de mettre fin au jeu, en expliquant en quoi les jeunes ont été enrôlés. Stupeur, honte, incompréhension de la part des jeunes... Le sujet restera tabou pendant plusieurs années.

Téléfilm en 1981 puis plusieurs articles que Ron Jones publie pour donner sa vérité, et c'est au tour de l'allemand Dennis Gansel de s'intéresser au sujet en 2008  avec « Die Welle », la Vague en français. Ron Jones avait appelé le groupe La Troisième Vague, référence assez flagrante au IIIe Reich.


L'expérience prend si rapidement de l'ampleur que la spectatrice s'affole de voir ces jeunes s'engouffrer dans le fascisme. Certains résistent, les égoïstes. D'autres foncent. Les ficelles sont grosses : le bruit des bottes qu'on voit dans l'extrait, la discipline, l'uniforme ou le signe de reconnaissance... La force d'un groupe, la solidarité face aux ennemis. Le documentaire « Lesson Plan  » de Philip Neel et David Jeffery donne un éclairage en 2010 avec des témoignages d'étudiants et du professeur Ron Jones.


Er ist wieder da (2012)
Er ist wieder da (2012)
Enfin, Hitler en bouquin invoquant davantage un "come back" qu'un retour : Er ist wieder da ( Il revient ) . L'histoire ? Il n'est pas mort et revient, acclamé, et vit comme une super-star. L'auteur Timur Vermes fait parler Hitler à la première personne et le rend presque sympathique... A la manière de Les Bienveillantes de Jonathan Littell (Prix Goncourt 2007), le lecteur est emporté, non sans résistance, par une vague d'empathie à l'égard des nazis. Parce qu'on ne saura jamais ce qu'on aurait fait à leur place. L'auteur conclut que si le dictateur vivait aujourd'hui, il s'y prendrait juste autrement.
Le livre Er ist wieder da a vendu plus de 450 000 exemplaires en Allemagne et a bénéficié d'une large diffusion. Son prix ? 19,33 euros, en référence à l'année d'accession d'Hitler au pouvoir. Une petite machine marketing bien huilée qui ne fait qu'augmenter le malaise.




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