Les vacances vacantes + "Nanakuli" Laga Savea (7.04 Mo)
Devant l’accumulation des devoirs gribouillés sur son agenda, un copain de lycée protestait souvent en disant « hé mais hé, dans le mot vacances, il y a vacances ». Les vacances, voilà un concept tout à fait inégalitaire. Alors qu’une famille sur deux ne part pas en vacances, on continue de faire croire, dans les journaux télévisés, que tout le monde se tient les côtes en les rejoignant, toutes d’Azur, d’Or ou d’Armor qu’elles soient.
Le mot « vacances » trempe dans un bain consumériste et trompe des familles fatiguées qui veulent se re-po-ser tout en cherchant l’optimisation totale du temps dit libre, pour visiter, se presser dans les files d’attente, gouter une crêpe à la banane et au prix flambés. Les vacances servent à détester le quotidien, à vivre en apnée jusqu’au week-end, aux vacances, à capitaliser docilement pour pouvoir partir, s’enfuir. Et puis, avant 18 ans, heure de libération légale, l’enfant à occuper est le centre des préoccupations : centre aéré, encadré mais pas forcément entouré, chantiers de jeunes pour retaper le patrimoine des régions gratuitement et libérer les éducateurs de foyer pour jeunes délinquants, mais aussi colos de jours heureux, visites chez papy-mamy où tout est permis, les parents oscillant entre bon débarras et embarras. Un enfant sur son lit regarde le plafond gris. On a parlé d’égalité des chances à la télé, d’enfants pauvres comme partis derniers, de la course ou la vie. Ferme les yeux, c’est le quotidien qu’on doit enchanter. Les nuits et les jours, tout compris.
Vous êtes bien, sur Backline Hawaii FM, LA radio ensoleillée qui fait briller votre poste, qui fait installer un hamac dans votre salon et qui sent même le monoï. C’était Laga Savea, un chanteur hawaiien qui chante un hymne à sa ville natale « Nanakuli ». Hé oui, c’est le début des vacances d’été, celle où souvent on sourit au ciel. Où on loue celui qui est le moins regardant sur qui se pose sous son regard. Celui qui reste sans causer de tout ce qu’il cause. Celui qui ne fait aucune distinction de peau, c’est même limite ce qu’on lui reproche. Celui qui se donne comme le partage. Celui qui donne sens à l’adage « l’Amour rend aveugle ». Celui sans qui la pluie noierait la vie. Comme a dit une grande philosophe : « Ô Soleil… » Il ne s’agit pas de s’éloigner de la réalité, il s’agit de la réinventer. La circulaire de Claude Guéant a été abrogée ce jeudi 31 mai, en attendant un nouveau texte. Dans trêve, il y a aussi rêve.
Illustration sonore :
Laga Savea, Take me away.
Illustration sonore :
Laga Savea, Take me away.