Un jour, croire et voter

Le cœur qui se serre, qui bat plus fort, tour à tour, les journaux font le compte à rebours des tours de France où la route n'est pas toute tracée. Campagne qui cache le cash et l'champagne, des politiques qui se piquent et jouent des coudes à coudes sans en découdre. Et dans tout ça, celui qui est là et las de voir des mines graves devant les douleurs aiguës ; celui qui n'y croit plus, désabusé et porté vers d'autres cieux : celui qui se veut anti-système, anti-tout comme un Sire haut perché.

Celui là ne va pas voter en se persuadant que c'est là, la plus grande des contestations. Pourtant, ce qui change cette fois, c'est l'horizontalité des voix, cet éclairage étendu aux je cite « petits candidats ». Il y a encore peu, la France découpe ses électeurs en tiers, 1 tiers à droite, 1 tiers à gauche et l'autre indécis. C'est mignon, ce découpage naïf relayé par les médias. Cette campagne /n'aura pas dépassé l'étiquetage des individus d'une manière totalement binaire mais on souligne la présence qui devrait être normale d'autres candidats candides parfois même si ce n'est pas encore tout à fait égal. Mélange du privé et du public sans doute. Ce qui est sûr, c'est qu'il y a là un énorme espoir de changement, à comprendre : la colère est bien en France, mais dommage, ceux qui la ressentent le plus, boudent en voulant, tout brûler pendant que d'autres se lèvent pour aller voter et donner une voix à plus petit que soi ? Non, plus grand que le roi.

Keny Arkana, Nettoyage au Karcher. Ca, c'est radical. S'abstenir aussi est radical. S'abstenir quand ça pépie derrière les ordis, quand ça gronde dans les amplis de meeding dites dong. Par certains endroits, on fait rimer hypocrite et politique. Des artistes comme Keny Arkana font monter leur voix pour dénoncer, montrer leur désaccord, leur volonté de changer. Etre hors du système, rallier les autres à la cause et à un moment donné : et maintenant on fait quoi ? S'abstenir de voter, n'est ce pas comme vouloir changer un endroit où on ne veut pas mettre les pieds ? C'est hurler, trépigner, rimer en rythme mais la France se compose d'une population vieillissante qui, elle, vote. 

Or, une grande majorité des jeunes ne votent pas. Karim*, habitant à Cergy, s'explique : « la dernière fois que j'ai voté c'était pour 2007. J'ai été déçu par Sarkozy puisqu'il se disait 'président des français '. Marre des débats avec leur arnaque politique, il font quoi de plus que de nous stigmatiser? ». Mais ne pas voter et vitupérer le système, c'est s'en tenir à commenter un jeu de société tout en hurlant vouloir gagner. Il faut un moyen spectaculaire pour la révolution ? Foutre le feu, tout renverser ? Ce sont des réactions désabusées qui ne feront que montrer que le système a raison. « La démocratie, c'est cause toujours » disait Coluche. Pas mal de gens sont doués pour la causette,tout en ne marchant pas comme ils parlent (Queen Ifrica : « To see if you can walk the walk you talk », Lioness On the Rise). Et d'autres préfèrent se taire. Peut-être parce que ce n'est pas rebelle de voter. Tu ne peux pas gagner à la loterie si tu n'achètes pas ton ticket. One man, one vote !

Illustrations sonores :
- Générique du soap opera Amour, Gloire et Beauté
- Queen Ifrica, Lioness On the Rise
- Macka B & Sugar Brown, One man One vote

*Source : Le Moov, avril 2011.