L'ouvrage "Hola desde Cuba" étant épuisé, Histoires Ordinaires propose en accès libre les vingt-quatre portraits réalisés par notre ami poète et philosophe Juan Lazaro Besada dans sa ville de Trinidad ainsi que le portrait de l'auteur.

Le poète à la brouette




Le poète à la brouette
Chaque jour chemine par les rues un personnage singulier. Avec une brouette, dans laquelle il porte les bagages des nombreux touristes qui visitent la ville, et un sac, dans lequel il garde comme un trésor plusieurs carnets remplis de décimas (*) c’est-à-dire de poésies, fruits de son fécond talent. Luis est un personnage incontestable dans la ville. Sa biographie est véritablement étonnante car elle est indisolublement liée à son amour pour la culture. 

* Décima est une forme de poème populaire en Amérique Latine, à huit syllabes et de dix lignes.

Contraint de quitter l'école après le CM2


Né à Guao, petit village de Cumanayagua dans la province de Villa Clara, Luis étudia seulement jusqu’en CM2 car, selon ses propres mots, il devait subvenir aux besoins de sa famille et aussi parce que le déclenchement de la lutte armée contre la dictature de Batista l’obligea à abandonner l’école. Ses premiers métiers furent cireur de chaussures et livreur de repas. Plus tard, il dut aussi se consacrer aux dures tâches de l’agriculture.
 
En 1966 et jusqu’en 1969, il effectua son Service Militaire où il apprit et exerça le métier de barbier. Pendant ces années, il n’abandonna jamais l’exercice poétique.  C’est seulement en 1985 qu’il a décidé de déménager à Trinidad, lieu où il réside avec sa femme et son petit-fils ; il a deux fils mais aucun ne vit à Trinidad, il en a même un qui habite aux États-Unis.

En 1992, il a entrepris de travailler à son propre compte, avec sa brouette, traînant les bagages des touristes : depuis ce temps, il pratique ce dur combat qui lui permet de gagner le pain quotidien pour lui et sa famille.

Passionné d'histoire et de géographie
 
Il m’avoue avec détachement qu’il est arrivé au Décima par l’intermédiaire d’un voisin qui avait une radio et qui avait l’habitude d’écouter les émissions dédiées à la musique paysanne. Non sans une certaine dose de fierté, il me précise qu’il a acquis sa culture grâce à d’incessantes lectures et à l’écoute des programmes radios dédiés à la diffusion de la connaissance. 
 
Luis est de grande taille, mince mais fort, les cheveux gris et la peau blanche grillée par le soleil du tropique. Malgré ses années, car il dépasse déjà les six décennies de vie, il affiche une vitalité incroyable.

L’entendre raconter ses passions fondamentales, suscite étonnement et admiration : il aime étudier l’histoire et la géographie et observer la spinelle. Si cela vous semble insolite, il vous paraîtra sûrement encore plus incroyable que Luis ait remporté des prix dans un concours national de géographie et ait reçu plusieurs prix et mentions lors de manifestations municipales de littératures dans la catégorie décimas. Mieux : Luis a eu le courage de décrire de la géographie en poèmes : il narre les beautés des nombreuses villes où habitent beaucoup des touristes dont il porte les bagages et admirent ainsi sa capacité à faire des vers. 

Le poète à la brouette
Il fait vivre les villes découvertes par les livres, les touristes
 
À mes questions, il répond de façon simple et catégorique : « Je ne conçois pas la vie loin de la décima, c'est une partie essentielle de la ma vie. »
 
Autrefois, Il avait l’habitude de se placer avec sa brouette sur un côté de la Plaza Mayor de Trinidad, important centre historique et visite obligée pour les touristes, mais maintenant il s’est déplacé vers la gare routière et là il attend, avec sa brouette et son sac, l’arrivée des touristes qui requièrent ses services  pour transporter leurs bagages vers une des nombreuses auberges de la ville. 
 
Même s’il ne me l’a pas dit, j’ai l’intuition qu’il se consacre à ce métier pour obtenir des revenus plus élevés, puisque les salaires d’État sont insuffisants pour faire face aux coûts de la vie. 

Il y aurait beaucoup à dire de ce poète amoureux de la géographie. Armé de sa plume et de ses carnets de notes, il recrée dans ses vers l’ambiance des villes qu’il ne connaît qu'à travers les livres et les conversations entretenues avec les touristes. Sa haute taille orne les rues, elle les remplit de cette lumière qui sort de l’âme des battants, de ceux qui ne s’affaiblissent jamais et qui affrontent la quotidienneté avec la plus haute valeur de l’être humain : la persévérance. 

Décima sur la ville de Rennes
 
Le poème suivant, dédié à la ville de Rennes, en dit long sur le talent de ce poète - transporteur de bagages, de cet homme pour qui la vie est, non seulement un défi, mais aussi un espace pour l’art.
 
El Vilaine en su descenso
hasta el Oust lleva el perfume
que en tus jardines consume
en Rennes. Lírico lienzo
le develo, mientras pienso
en Du Thabor, un jardín
adonde cada flor sin
demore trae los matices
de arcoíris y bendices
con tu olor todo confín.
 
Ainsi est Luis, ainsi se passe la vie ce trinidien d’adoption. Une vie consacrée  à la poésie et au travail honnête, à la lecture et à l’écriture, qui révèle le visage anonyme de la grandeur la plus authentique : celle qui rejette le clinquant et s’habille de rêves pour illuminer l’esprit. 

Traduction Rocio Guerrero
(Intertitres : rédaction d'Histoires Ordinaires)


Texte original

                                    El poeta de la carretilla
                                    Una décima que marcha

Cada día recorre las calles un personaje singular. Con una carretilla, en la cual carga equipajes a los numerosos turistas que visitan la ciudad y una mochila en la cual atesora varias agendas llenas de décimas, esto es, de poesías debidas a su fecundo talento, Luis es un personaje irrecusable en la villa. Y su biografía es verdaderamente asombrosa, pues va unida de forma indisoluble a su amor por la cultura.
 
Nacido en Guao, pequeño pueblecito de Cumanayagua, en la provincia de Villa Clara, Luis solamente estudió hasta el sexto grado pues, según sus propias palabras, debía ayudar al sostenimiento familiar y además, porque el inicio de la lucha armada contra la dictadura de Batista le obligó a abandonar la escuela.
Sus primeras ocupaciones fueron las de limpiador de zapatos y repartidor de almuerzos. Posteriormente, también debió dedicarse a las rudas faenas de la agricultura.
 
En el año 1966 y hasta 1969 fue llamado al Servicio Militar General, donde aprendió  y ejerció el oficio de barbero. Durante estos años jamás abandonó el ejercicio poético y es solamente en 1985 que decide trasladarse a Trinidad, lugar donde reside junto a su esposa y un nieto, ya que tiene dos hijos, pero ninguno de ellos vive en Trinidad, e incluso uno radica en Estados Unidos. 
 
En el año 1992 decidió dedicarse a trabajar por cuenta propia con su carretilla acarreando equipajes a los turistas y desde ese entonces se desempeña en este rudo bregar, que le posibilita el diario sustento para sí y su familia.
 
Me confiesa con desenfado, que llegó a la décima a través de un vecino que tenía un aparato de radio y solía escuchar los programas dedicados a la música campesina. Y no sin cierta dosis de orgullo me aclara que adquirió su cultura a través de incesantes lecturas y la escucha de programas radiales dedicados a la difusión del conocimiento. 
 
Luis es alto, delgado pero fuerte, de cabellera canosa y piel blanca tostada por el sol del trópico. A pesar de sus años, pues ya rebasa las seis décadas de vida, muestra una increíble vitalidad.
 
Causa realmente asombro y admiración escucharle narrar cuáles son sus aficiones fundamentales: el estudio de la historia y la geografía y cultivar la espinela. A quien esto le parezca insólito, seguro le resultará más increíble aún que Luis ha sido ganador de premios en un concurso nacional de geografía y ha recibido varios premios y menciones en los eventos municipales de literatura, en el género décima. Y aún más, Luis ha tenido la valentía de escribir una geografía en décimas, donde narra las bellezas de numerosas ciudades donde residen muchos de los turistas a quienes carga los equipajes y que admiran su capacidad de hacer versos.
 
A mis preguntas responde de forma simple y tajante: “No concibo la vida separado de la décima. Ella es parte esencial de mi ser”.
 
Antiguamente, solía situarse, con su carretilla, a un costado de la Plaza Mayor de Trinidad, importante centro histórico y de obligada visita para los turistas, pero ahora se ha desplazado hacia la terminal de ómnibus y allí aguarda, con su carretilla y su mochila, la llegada de turistas que requieran de sus servicios como transportista de sus equipajes hacia alguno de los numerosos hostales de la villa.
 
Aun cuando no me lo haya dicho, intuyo que se dedica a este trabajo para lograr mayores ingresos, ya que los salarios estatales son insuficientes para afrontar los costos de la vida.
 
Mucho podría decirse de este decimista amante de la geografía. Armado de su pluma y sus libretas de notas, recrea en sus versos el ambiente de las ciudades que solamente conoce por los libros y las conversaciones sostenidas con los turistas. Sin embargo, su alta figura adorna las calles, las llena de esa luz que sale del alma de los luchadores, de esos que jamás desfallecen y afrontan la cotidianidad con el valor más alto de un ser humano: la perseverancia.
 
La siguiente décima, dedicada a la ciudad de Rennes, habla por sí del talento de este poeta- acarreador de equipajes, de este hombre para quien la vida es, no solo un reto, sino un espacio para hacer arte :
 
El Vilaine en su descenso
hasta el Oust lleva el perfume
que en tus jardines consume
en Rennes. Lírico lienzo
le develo, mientras pienso
en Du Thabor, un jardín
adonde cada flor sin
demore trae los matices
de arcoíris y bendices
con tu olor todo confín.
 
Ese es Luis, así pasa la vida este trinitario por adopción cuya vida, consagrada a la décima y al trabajo honrado, a la lectura y la escritura, revela el rostro anónimo de la grandeza más auténtica: esa que desprecia a los oropeles y se viste de sueños para iluminar el espíritu.



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Bienvenue à Cuba
Michel Rouger
Pays-prison pour les uns, pays de l'utopie en marche pour les autres : quand on parle de Cuba, la caricature n'est jamais loin. Et si l'on chassait les fantasmes ? Gardons les clichés qui ne sont pas faux - la musique, le rhum, le cigare, les plages... - et pour le reste déposons les idées reçues. S'arrêter, regarder, s'interroger. Cuba, au tournant de son histoire, contrainte de s'ouvrir pour survivre, a beaucoup à dire à un monde désaxé, en recherche d'un horizon plus humain. Surtout ses habitants. Et Juan, le poète et le philosophe, peut-être un peu plus que d'autres. Une amitié s'est nouée avec Histoires Ordinaires. Désormais, deux fois par mois, Il nous raconte ses histoires, des histoires vraies. Merci Juan de nous accueillir dans ta maison, Cuba.

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Chez Juan Lazaro, le poète philosophe
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