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Maurepas au cœur Maurepas au cœur

Maurepas au cœur

Par des étudiant·es en journalisme de l'IEP de Rennes

Aïda Abdullahi, conseillère numérique et travailleuse sociale


Originaire de Mayotte et conseillère numérique à Maurepas depuis un an, Aïda Abdullahi vient en aide aux habitants du quartier. Un travail qui met l’accent sur les caractéristiques d’un lieu de vie à la réputation difficile.


Aïda Abdullahi, conseillère numérique et travailleuse sociale
Aïda entrouvre la porte de la Cohue et nous accueille chaleureusement : « Bonjour les filles, ça va ? ». Les cheveux délicatement attachés en chignon, les gestes fluides et le sourire généreux découvrant de jolies dents du bonheur : « On s’installe au calme ? ». Le brouhaha de l’espace collectif s’estompe lorsqu’elle ferme la porte, une façon de plonger dans son univers à elle.

Une arrivée en douceur
 
Aïda est arrivée en France en 2016 pour ses études et pour rejoindre son compagnon, lui-même breton. Mais la Bretagne l’attendra puisque c’est à Montpellier qu’elle pose le pied en premier. Elle a un peu de famille sur place mais entreprend seule toutes les démarches administratives nécessaires à sa vie quotidienne : CAF, Assurance Maladie, banque. « Je me suis démerdée toute seule. », rigole-t-elle. À Montpellier, elle fait ses études mais ne reste pas longtemps. Fin 2020, elle part rejoindre son copain en terre Bretonne et pose ses bagages à Betton où elle demeure actuellement.
 
Rapidement, elle se met à chercher du travail. Elle postule à une annonce sur Maurepas, «recherche conseillère numérique», et obtient le poste. Cela fait maintenant un an qu’elle travaille sur le quartier. Comme la jeune femme vêtue de noir l’affirme : « Je n’y vis pas mais j’y suis du lundi au vendredi. Je commence à bien le connaître. »
 
Travailleuse sociale
 
En tant que conseillère numérique, Aïda travaille avec la Cohue, la maison de quartier de La Bellangerais et le centre social de Maurepas. Présente sur tous les fronts, la jeune femme au teint mat s’occupe des démarches administratives des habitants du quartier. Comme elle le dit calmement, « je fais un peu de tout ». Démarches de régularisation, résiliation de contrats, aide à la constitution d’un CV, ouverture de compte en banque, etc., la jeune mahoraise ne s’arrête jamais : « Je peux avoir 12 personnes en une après-midi, c’est énorme.»

Malgré son emploi du temps bien chargé, Aïda aime ce qu’elle fait : « J’ai toujours voulu faire du social. » Pour quelques habitants, elle est bien plus qu’une simple conseillère numérique : « Pour certains, je suis carrément leur assistante sociale, dès qu’ils ont un petit souci, ils m’appellent. » Elle le soutient par ailleurs, « le fait que je sois moi-même migrante aide à créer du lien avec les habitants d’origines étrangères ».
 
Un quartier dans le besoin
 
En un an, la jeune femme de 25 ans a pu voir des évolutions. Les demandes d’aide augmentent alors que le personnel stagne. « Les gens se battent et hurlent sur les agents d'accueil. » Le manque de personnel ne fait qu’augmenter la tension sociale qui caractérise le quartier : « On est seulement 3 conseillers numériques au centre social et je suis la seule permanente. » Or, comme elle le souligne, le quartier est composé à majorité de migrants et d’étrangers et « les migrants sont tout le temps dans le besoin ». 
 
Aïda l’évoque, la présence des associations est un atout majeur du quartier. « Il y a beaucoup de cas sociaux et trop peu de travailleurs sociaux. » Pour elle, sans ces associations, il y aurait beaucoup de cas délaissés. À l’avenir, la jeune femme aimerait elle-même créer une association d’aide administrative ou un tiers-lieu comme la Cohue. L’objectif? Favoriser l’intégration de celles et ceux qui arrivent sur le quartier. 

Pour Aïda, Maurepas est cet espace où se mêlent dealers, bonnes rencontres, mixité et misère sociale. Quelques paradoxes qui décrivent avec finesse la tension inhérente au quartier. Pourtant, la voix posée, le sourire en coin, les bras le long du corps, elle affirme : «J’aime bien Maurepas, moi. » 




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