Babas Babakwanza, l’enfant de la Terre


Arrivé à Maurepas en 2015, Babas Babakwanza est le fondateur de l’association Génération Verte 21. Également photographe, enseignant et conférencier, il intervient sur différents sujets relatifs au changement climatique. Il souhaite aujourd’hui mettre ses compétences au service des jeunes, pour les aider à trouver leur voie et les sensibiliser aux questions environnementales.


“Je suis un enfant de la Terre, répond Babas Babakwanza en souriant, les bras croisés et le regard sûr, lorsqu’on lui demande  de se décrire. Je n’aime pas me définir par rapport à un territoire en particulier.”

L’enseignant et conférencier de 37 ans, fondateur de l’association Génération Verte 21,  est en effet issu de plusieurs cultures. Originaire de la République démocratique du Congo, il part pour ses études en Algérie, avant d’arriver en France en 2011. Il considère cela comme une véritable richesse : “Ça m’a permis de  régler de nombreux problèmes, notamment des conflits générationnels. Lorsque je fais face à une difficulté, je mets ma casquette d’Afropéen, je réfléchis comme un Congolais. Ça me permet d’envisager des solutions nouvelles, qui n’étaient pas forcément considérées jusque-là”.
Aujourd’hui, il met cette richesse culturelle au service de son combat : sensibiliser les jeunes aux questions environnementales et à la protection de la biodiversité.

"les poules d‘eau rien à Foulques“ (photo Babas Babakwanza)
De la République démocratique du Congo à la France

Il est issu d’une famille chrétienne catholique, d’une mère de profession libérale et d’un père exploitant forestier. Le voyage en Algérie pour ses études s’est imposé à lui. Voulant suivre les pas de son père, il est diplômé ingénieur en Sciences agronomiques - Foresterie à l’université Ibn Khaldoun de Tiaret en Algérie en 2009. S’il dispose alors d’une bourse, lui permettant d’être relativement autonome, le choc culturel est important. “La religion, la cuisine, tout était différent”, se remémore-t-il.

Lorsqu’il arrive en France suite à un “concours de circonstances”, il souhaite davantage s’orienter vers la protection de l’environnement et de la biodiversité. Il décroche en 2012 un Master en Ingénierie Environnementale à l’école Agrocampus Ouest. “Ma première année en France a été très compliquée financièrement, raconte Babas. Je n’avais pas de bourse cette fois-ci. Mais j’ai été très bien accueilli par ses camarades. J’ai toujours été curieux de nature : je suis allé visiter Saint-Malo, le Mont-Saint-Michel…”

Babas est à l’aise pour transmettre son savoir : “Je le fais naturellement, sans forcer”. Une fois diplômé, il réalise de nombreuses interventions et animations scientifiques et techniques auprès  d’enfants, mais également de familles et adultes, pour sensibiliser à la thématique du développement durable et de la transition écologique et sociale. “Je souhaite rendre la science accessible à tous, et éviter des phénomènes d’auto-exclusion de certaines parties de la population”, explique l'enseignant-médiateur. Depuis 2017, il est formateur en Biologie végétale et Agronomie au sein d’un Groupe scolaire d'enseignement agricole privé “dans une logique de co-construction et d’interaction”.

"si le lotus m’était conté“(Photo Babas Babakwanza)
Prendre la parole au nom de la jeunesse

Babas intervient aussi régulièrement lors de conférences, sur des enjeux relatifs au changement climatique, à la protection et préservation de la biodiversité, ou encore la maîtrise des ressources énergétiques.  Le 5 avril 2023, à l’occasion de la première édition de la journée internationale de la Conscience, il prend la parole à l’ONU à Genève au nom de la jeunesse du monde entier. Le but : susciter une prise de conscience collective et faire l’éloge de la nature de proximité. Devant plus d’une dizaine d’intervenant.es,  il attire l’attention sur le travail des enfants dans les mines en République démocratique du Congo, pour extraire des métaux précieux utilisés dans les batteries notamment. “40 000 enfants sont exploités là-bas”, se révolte le conférencier.

Lorsqu’il a du temps libre, Babas aime également témoigner de son amour pour la nature à travers la photographie. Il développe différents projets photographiques qui font l’objet d’expositions ; il en est à sa huitième aujourd’hui. “Je souhaite saisir l’instant présent, témoigner à travers la photo de la beauté de la nature, passer un message”, indique-t-il. Petit à petit lui vient l’idée d’allier d’autres activités à la photographie.

Le XXIe siècle, le siècle de l’environnement

En 2016, alors que débutent les premières manifestations pour le climat en France, Babas est sollicité par un ami sénégalais pour créer une association. “On a été inspiré par un livre sur la  restauration écologique, qui disait que “le XXIème siècle était le siècle de l’environnement”. Mais notre première idée de nom, Génération consciente, était déjà prise”, révèle le militant. Ce sera donc Génération Verte 21.

L’association base ses locaux à Maurepas, près du parc des Gayeulles. “Ce parc représente la véritable spécificité du quartier, analyse Babas. Il constitue un point d’ancrage, une nature de proximité.” Différentes activités, autour de l’alimentation, de l’environnement et de l’eau, ou encore des balades thématiques sont ainsi proposées au grand public.
Depuis 2019, l’enseignant-conférencier assure la coordination des projets de Génération Verte 21 au niveau national et international. “Nous travaillons actuellement sur le projet CANOPÉE en France, ainsi que sur différents projets pour l’autonomisation des femmes au Congo central”, expose-t-il.

L’association est également très active au niveau du quartier. “Du fait de l’urgence climatique, nous devons multiplier les actions, explique Babas. Je souhaite organiser un projet Paix et Bienveillance. Et avec Marie, animatrice à Génération Verte 21, on aimerait mettre en place un projet pour fleurir les balcons”.

“Au niveau des quartiers difficiles comme Maurepas, c’est important pour les jeunes d’avoir des modèles positifs, qui les inspirent et les aident à trouver leur voie, poursuit-il.  J’essaie d’y apporter ma contribution, en mettant à profit mes compétences et mon savoir.”

Daphné Brionne