Isabel Patrico, celle pour qui tout est possible


Arrivée à Maurepas il y a 5 ans avec son mari et ses trois enfants, Isabel a quitté le Portugal pour se réaliser et vivre sa vie comme elle le souhaite. Solaire, indépendante, et entêtée, elle veut transmettre son goût de la liberté à qui veut l’entendre.


Regard serein, un brin malicieux, derrière ses lunettes dorées. Assise sur son canapé,  Isabel caresse tendrement les cheveux de son fils de trois ans qui s’est endormi sur ses genoux.  La  lumière de la fenêtre derrière elle illumine son débardeur blanc et fait ressortir ses cheveux relevés en chignon sur le haut de sa tête. Dans la pièce, on ne voit qu’elle. La jeune femme de 33 ans sourit, regarde son garçon. Elle est fière. « Dans la vie tout est possible » déclare-t-elle enjouée. « Il faut pouvoir le comprendre et se donner les moyens d’être libre. »

Originaire d’Angola et portugaise d’adoption après avoir vécu 26 ans à Lisbonne, Isabel a décidé il y a six ans de venir vivre en France. « Pour le même travail, le salaire est trois fois plus élevé ici ! » Son rire joyeux résonne dans le salon. « Quand j’ai compris ça, j’en ai parlé avec Abel mon mari et on est vite parti pour une nouvelle vie. » 

Une cousine à Saint Brieuc, sa mère à Rennes, Isabel est arrivée en Bretagne, naturellement. Mais loin d’elle l’idée de dépendre des autres, la jeune femme s’est débrouillée seule pour s’installer dans le pays. « A Rennes, on a vécu un jour et une nuit dans la rue, mon mari handicapé, moi et nos deux enfants, puis on nous a trouvé un logement d’urgence », explique-t-elle. « J’ai directement cherché du travail, j’ai fais du ménage, de l’hôtellerie. En quatre mois je parlais français et on avait un appartement. »
 
"Il faut mélanger les gens !"

C’est à Maurepas, au 8e étage de l’une des tours de l’allée de Brno qu'Isabel et sa famille vivent depuis 5 ans. « Nous sommes arrivés ici par hasard, car il y avait un logement social disponible. On y est très bien. » Solaire et avenante, la jeune femme s’est fait beaucoup d’amis dans le quartier. Le seul problème selon elle : le manque de mixité sociale. « Dans les quartiers prioritaires comme Maurepas, tous les marginaux vivent ensemble, les migrants, les pauvres… Je ne comprends pas. » Isabel se redresse, ses yeux s’écarquillent au rythme de ses mots. « Si on veut que les inégalités baissent et que l’on s’enrichisse tous culturellement, il faut mélanger les gens ! »

« Isabel a le souci des autres », confirme Abel. A Maurepas, elle aime fréquenter des lieux de solidarité, tel que le village éducatif Montessori de son amie Emily, ou l’atelier solidaire des Bâtisseurs. Mais seulement quand elle le souhaite. « Je déteste avoir des obligations », déclare t-elle l’air rieur. « J’aime beaucoup ces associations car on rencontre tout le temps du monde, on échange… et on peut s’y rendre quand on en a envie ! »

Le goût de la liberté

Son goût de la liberté, Isabel veut le transmettre. Au fond de son salon, une porte entre-ouverte donne sur une autre pièce, où l’on devine un lit et quelques livres. Un sourire mystérieux s’installe au coin de sa bouche : « C’est là où je donne mes séances de massage et de tarot ». En 2021, Isabel s’est formée à la thérapie holistique, une médecine non-conventionnelle centrée sur les énergies. « L’objectif est d’apprendre à écouter son corps et son esprit pour mieux se connaître et être bien avec soi-même. » 
 
Monnayant pour l’instant sa thérapie, Isabel aimerait proposer à terme des séances gratuites ou à prix libres. « Beaucoup de gens du quartier n’ont pas beaucoup d’argent, j’aimerais que eux aussi puissent bénéficier de mon travail. » Une pause. Elle reprend, le ton plus grave. « Beaucoup de femmes vivent sous la tutelle de leur mari et la subissent … je veux pouvoir les aider, leur dire qu’elles ont le choix d’être libres ! »
 
Des projets pleins la tête, Isabel se rêve hors de Maurepas, hors de la Bretagne même. Mais toujours en France : « J’aime ce pays. Au début j’avais trop froid,  je trouvais les gens racistes et ignorants. Mais depuis mon travail thérapeutique, je suis plus indulgente », plaisante-t-elle. C’est dans le sud qu’elle aimerait un jour poser ses bagages. « Je créerai un village coopératif, au soleil, pour les gens qui veulent d’une énergie positive ». La jeune femme plisse les yeux, son nez frétille. « Tout cela avec le minimum d’argent possible. On cultivera nos légumes, on construira nos maisons, on s’entraidera. Je suis têtue, j’y arriverai ! »