« Bonjour ! Entrez, je vous en prie. N’oubliez pas de vous déchausser s’il vous plaît, ici on marche pieds nus ! » Émilie Duarte accueille avec énergie et bienveillance aussi bien les habitués que les nouveaux arrivants au sein de son village éducatif, dans le quartier de Maurepas. Dans ce lieu coloré, où résonnent les rires des enfants et les conversations des parents, elle cherche à promouvoir un type d’éducation alternatif, d’inspiration Montessori. Elle souhaite aujourd’hui diversifier ses activités et gagner en visibilité, pour s’ouvrir davantage aux habitants du quartier.
Rendre la pédagogie Montessori accessible à tous
La jeune Franco-Portugaise de 39 ans fonde en 2013 l’association Les Merveilles de Maria, en hommage à la célèbre médecin et pédagogue italienne. Son objectif : rendre la pédagogie Montessori accessible à tous.
Elle n’avait jusqu’alors jamais pensé travailler. Elle se sentait « hors du monde », et pas insérable dans une société où les logiques économiques prédominent. Aujourd’hui, son travail représente pour elle le prolongement logique de sa vie personnelle. Elle préfère d’ailleurs parler d’« activité » plutôt que de travail.
Après des études de langue à Aix-en-Provence, et un premier mariage très jeune, Émilie se retrouve mère célibataire avec deux enfants en bas âge. Elle se passionne alors pour la pédagogie Montessori. « Je me suis formée sur le tas, j’aménageais mon intérieur en fonction de mes enfants. La découverte de cette pédagogie a été pour moi une révolution », raconte la maman, le sourire aux lèvres, les yeux verts pétillants.
Inverser son mode de pensées
En parallèle, Émilie commence à se poser des questions sur l’alimentation, l’habitat, les relations sociales, la gouvernance des pays. « J’étais très affectée par les injustices et j’étais en colère contre les institutions. Je me suis nourrie des conférences gesticulées de Franck Lepage, et de plein d’autres choses », explique-t-elle en remettant quelques mèches rebelles sous son foulard.
C’est lors d’un premier voyage au Sénégal qu’elle découvre le pacifisme dans les luttes : « Ça a été une réelle porte de sortie. J’ai compris que ma colère était contre-productive, et j’ai cherché à inverser mon mode de pensées : ne plus être contre quelque chose, mais développer ce en quoi je crois. » Elle décide alors de créer son association.
Inverser son mode de pensées
En parallèle, Émilie commence à se poser des questions sur l’alimentation, l’habitat, les relations sociales, la gouvernance des pays. « J’étais très affectée par les injustices et j’étais en colère contre les institutions. Je me suis nourrie des conférences gesticulées de Franck Lepage, et de plein d’autres choses », explique-t-elle en remettant quelques mèches rebelles sous son foulard.
C’est lors d’un premier voyage au Sénégal qu’elle découvre le pacifisme dans les luttes : « Ça a été une réelle porte de sortie. J’ai compris que ma colère était contre-productive, et j’ai cherché à inverser mon mode de pensées : ne plus être contre quelque chose, mais développer ce en quoi je crois. » Elle décide alors de créer son association.
Les Merveilles de Maria
Être une mère et une femme qui entreprend
Après une troisième grossesse, et un nouveau divorce, la jeune femme entame une phase de développement personnel. Petit à petit, elle apprend à travailler à sa manière et à explorer ses atouts. « J’ai appris à ne plus être seulement une mère, mais aussi une femme qui entreprend, affirme-t-elle. Je crois que ça a toujours été dans ma fibre mais je ne l‘avais pas conscientisé. Je suis animée par le partage de mes découvertes et de mes connaissances. »
En 2017, Émilie intègre une pépinière d’entreprises rennaise pour monter le café des enfants Ty Keur, dans le quartier du Blosne. Elle souhaite alors créer un lieu d’échange, accessible à tous, et s’installe dans un local au sein d’une zone de deal. Le projet est rapidement une réussite : en un mois, l’incivilité diminue fortement, et les dealers viennent lui prêter main forte. Mais du fait d’une charge de travail trop importante, elle est contrainte d’arrêter en 2018 à la suite d’un burn-out.
Un lieu d’apprentissage pour les enfants et d’échanges pour les parents
Après quelques interventions en itinérance à Chantepie, Émilie décide de créer sa propre activité et déménage sur Maurepas. Le village éducatif, installé au 10 allée de Brno, naît en novembre 2018. La jeune femme a tout aménagé toute seule, avec du matériel principalement chiné, dans un espace mis à disposition pour l’occasion. Des ateliers promouvant une éducation bienveillante et alternative sont organisés gratuitement durant la semaine, sur réservation. Les enfants peuvent cuisiner, lire, jouer, courir, dormir…
Un lieu d’apprentissage pour les enfants et d’échanges pour les parents
Après quelques interventions en itinérance à Chantepie, Émilie décide de créer sa propre activité et déménage sur Maurepas. Le village éducatif, installé au 10 allée de Brno, naît en novembre 2018. La jeune femme a tout aménagé toute seule, avec du matériel principalement chiné, dans un espace mis à disposition pour l’occasion. Des ateliers promouvant une éducation bienveillante et alternative sont organisés gratuitement durant la semaine, sur réservation. Les enfants peuvent cuisiner, lire, jouer, courir, dormir…
Ce projet est aussi l’occasion pour Émilie d’accueillir des stagiaires, ce qui lui tient particulièrement à cœur. Elle reçoit notamment des jeunes du CLPS et d’Askoria, deux centres de formation, qui sont souvent dans un parcours de migration. “Des fois, c'est leur premier pied dans le monde du travail, explique-t-elle. Comme le projet est un peu atypique, ça leur permet d'atterrir un peu en douceur, avant de devoir acquérir toutes les règles.”
Le village est également devenu un lieu de rencontres et d’échanges pour les parents. « Je suis membre de l’association depuis six ans. Aujourd’hui, je viens autant pour ma fille que pour moi. Émilie est quelqu’un de très à l’écoute, en qui j’ai toute ma confiance », assure Sarah. A côté d’elle, Alexandra, qui a amené sa petite fille de deux ans, acquiesce.
Enfin, ce projet l’a aussi nourri personnellement, en lui permettant de sortir d’un isolement caractéristique des sociétés occidentales qui « l’asphyxiait humainement ».
S’ouvrir davantage aux habitants du quartier
Émilie souhaite aujourd’hui davantage ouvrir ce lieu aux habitants du quartier, en se diversifiant et en gagnant en visibilité. Elle envisage notamment de multiplier les activités en extérieur ; une cuisine de gadoue est en train d’être mise en place.
Si la jeune femme ne défend plus coûte que coûte la pédagogie Montessori, elle souhaite avant tout créer un projet de société, car « les enfants, c’est la société de demain ». Pour elle, si notre société offre un environnement riche qui permet d’apporter des réponses et des solutions, elle manque cruellement de liens. C’est pourquoi il lui paraît important de mettre en avant des projets qui changent, sans forcément être institutionnalisés :
« Je souhaite montrer qu’il existe d’autres manières de faire du relationnel, en se réappropriant les initiatives locales par exemple. » C’est par son ouverture inconditionnelle qu’elle entend accueillir de nouvelles personnes, en proposant et en mettant à la disposition de tous un lieu qui change. Elle envisage également de créer une garderie au Sénégal, sur le modèle du village éducatif.
« C’est une fierté d’offrir aux parents ce lieu de ressources, et aux enfants un espace d’exploration et de confiance. Ce projet m’a aidé à me relever des accidents de la vie, et à redéfinir mes priorités. J’ai aussi réussi à concilier mon travail avec ma vie de famille, ce qui me rend heureuse, et j’espère pouvoir continuer », conclut Émilie.
Daphné Brionne
Le village est également devenu un lieu de rencontres et d’échanges pour les parents. « Je suis membre de l’association depuis six ans. Aujourd’hui, je viens autant pour ma fille que pour moi. Émilie est quelqu’un de très à l’écoute, en qui j’ai toute ma confiance », assure Sarah. A côté d’elle, Alexandra, qui a amené sa petite fille de deux ans, acquiesce.
Enfin, ce projet l’a aussi nourri personnellement, en lui permettant de sortir d’un isolement caractéristique des sociétés occidentales qui « l’asphyxiait humainement ».
S’ouvrir davantage aux habitants du quartier
Émilie souhaite aujourd’hui davantage ouvrir ce lieu aux habitants du quartier, en se diversifiant et en gagnant en visibilité. Elle envisage notamment de multiplier les activités en extérieur ; une cuisine de gadoue est en train d’être mise en place.
Si la jeune femme ne défend plus coûte que coûte la pédagogie Montessori, elle souhaite avant tout créer un projet de société, car « les enfants, c’est la société de demain ». Pour elle, si notre société offre un environnement riche qui permet d’apporter des réponses et des solutions, elle manque cruellement de liens. C’est pourquoi il lui paraît important de mettre en avant des projets qui changent, sans forcément être institutionnalisés :
« Je souhaite montrer qu’il existe d’autres manières de faire du relationnel, en se réappropriant les initiatives locales par exemple. » C’est par son ouverture inconditionnelle qu’elle entend accueillir de nouvelles personnes, en proposant et en mettant à la disposition de tous un lieu qui change. Elle envisage également de créer une garderie au Sénégal, sur le modèle du village éducatif.
« C’est une fierté d’offrir aux parents ce lieu de ressources, et aux enfants un espace d’exploration et de confiance. Ce projet m’a aidé à me relever des accidents de la vie, et à redéfinir mes priorités. J’ai aussi réussi à concilier mon travail avec ma vie de famille, ce qui me rend heureuse, et j’espère pouvoir continuer », conclut Émilie.
Daphné Brionne