Pauvre économiquement, Maurepas l’est beaucoup moins culturellement. Les nombreux migrants qui y passent et y restent font vivre ses rues et leur donnent une identité trans-nationale.
70 pays représentés, 100 langues différentes parlées. A Maurepas, les cultures cohabitent, se côtoient, parfois s’entre-mêlent. Dès les années 1980, il devient la porte d’entrée sur Rennes pour les migrants mahorais, géorgiens, kurdes et d’ailleurs. Depuis, les solidarités familiales et communautaires persistent et nombreux d’entre-eux arrivent dans la capitale bretonne par le quartier.
70 pays représentés, 100 langues différentes parlées. A Maurepas, les cultures cohabitent, se côtoient, parfois s’entre-mêlent. Dès les années 1980, il devient la porte d’entrée sur Rennes pour les migrants mahorais, géorgiens, kurdes et d’ailleurs. Depuis, les solidarités familiales et communautaires persistent et nombreux d’entre-eux arrivent dans la capitale bretonne par le quartier.
« Si il y a autant de diversité, c’est en partie parce qu’une partie des habitants ne sont que de passage », explique Anne-Laure Langlais, chargée de mission politique de la ville à Maurepas. « Ils s'installent ici en attendant qu'une place se libère en logement social dans les quartiers voisins. » Ainsi, le taux de rotation dans les écoles est de 30%. S'il y a 102 élèves au lieu de 100 l'année précédente, c'est qu'il y a eu 30 départs et 32 arrivées.
Exilés politiques ou économiques, personnes malades à la recherche de soins de qualité, des populations paupérisées arrivent et vivent à Maurepas. « Au niveau des problématiques sociales, on est dans le rouge sur pas mal de choses » déplore Anne-Laure Langlais. Parmi les 500 enfants de l’école Trégain au cœur du quartier, nombreux d’entre eux relèveraient de la protection de l'enfance. En cause : la précarité des familles, qui vivent parfois à plusieurs dans des petits logements. « Le quartier est très jeune et on est à plus de 600 ou 700 enfants en-dessous du seuil de pauvreté, rien que dans l'allée de Brno ».
Pour remédier à ces problèmes et en tant que quartier prioritaire, Maurepas bénéficie d’aides spécifiques de la part des pouvoirs publics. L’école Trégain fait partie du réseau d'éducation prioritaire et dispose ainsi de classes dédoublées ainsi que de cours de français pour ses élèves allophones. « Souvent, on dit que la politique de la ville ne marche pas, car le quartier est toujours pauvre », explique Anne-Laure Langlais. « Mais l'objectif des personnes ici, c'est de partir. Une fois qu'elles sont parties, d'autres populations paupérisées arrivent et les remplacent et ainsi de suite. »
Au-delà des aides publiques, c’est par son tissu associatif que Maurepas vit. Au total, plus de 80 associations interviennent sur le quartier. « On dit souvent que le meilleur atout d'un quartier, c'est l'humain, mais encore faut-il des espaces pour que les gens puissent se retrouver. Ici, c'est le cas », estime Stefan Le Brenn, chargé de concertation pour le projet urbain. Journées de la culture mahoraise en été, fête de la Soupe en février ou concerts internationaux tous les vendredis au BabaZula. Les migrants s’impliquent dans les événements et associations du quartier, représentant ainsi la diversité des cultures.
Ces derniers mois, c’est aussi pour lutter contre les violences dans le quartier que les communautés se sont exprimées. Anne-Laure Langlais raconte : « L’été dernier, une marche a été organisée. C'était assez drôle car au début, il n'y avait que des animateurs, puis au fur et à mesure, on a eu une vingtaine de mahorais en tête de cortège qui haranguaient les habitants : «Descendez, descendez, on ne veut pas de ça dans le quartier ! » C'était nouveau de les voir prendre la rue et s'exprimer dehors. »
Début avril, des mamans ont manifesté devant l’école Trégain pour dénoncer des violences entre élèves. « On demande plus d’investissements publics pour que les choses changent», explique l’une d’entre-elles, Dhoimrati Baco. « C’est notre quartier à tous, on veut pouvoir y vivre ensemble et en paix. »
Camille Margerit
Voir aussi, en chiffres, les informations de l'Apras
Exilés politiques ou économiques, personnes malades à la recherche de soins de qualité, des populations paupérisées arrivent et vivent à Maurepas. « Au niveau des problématiques sociales, on est dans le rouge sur pas mal de choses » déplore Anne-Laure Langlais. Parmi les 500 enfants de l’école Trégain au cœur du quartier, nombreux d’entre eux relèveraient de la protection de l'enfance. En cause : la précarité des familles, qui vivent parfois à plusieurs dans des petits logements. « Le quartier est très jeune et on est à plus de 600 ou 700 enfants en-dessous du seuil de pauvreté, rien que dans l'allée de Brno ».
Pour remédier à ces problèmes et en tant que quartier prioritaire, Maurepas bénéficie d’aides spécifiques de la part des pouvoirs publics. L’école Trégain fait partie du réseau d'éducation prioritaire et dispose ainsi de classes dédoublées ainsi que de cours de français pour ses élèves allophones. « Souvent, on dit que la politique de la ville ne marche pas, car le quartier est toujours pauvre », explique Anne-Laure Langlais. « Mais l'objectif des personnes ici, c'est de partir. Une fois qu'elles sont parties, d'autres populations paupérisées arrivent et les remplacent et ainsi de suite. »
Au-delà des aides publiques, c’est par son tissu associatif que Maurepas vit. Au total, plus de 80 associations interviennent sur le quartier. « On dit souvent que le meilleur atout d'un quartier, c'est l'humain, mais encore faut-il des espaces pour que les gens puissent se retrouver. Ici, c'est le cas », estime Stefan Le Brenn, chargé de concertation pour le projet urbain. Journées de la culture mahoraise en été, fête de la Soupe en février ou concerts internationaux tous les vendredis au BabaZula. Les migrants s’impliquent dans les événements et associations du quartier, représentant ainsi la diversité des cultures.
Ces derniers mois, c’est aussi pour lutter contre les violences dans le quartier que les communautés se sont exprimées. Anne-Laure Langlais raconte : « L’été dernier, une marche a été organisée. C'était assez drôle car au début, il n'y avait que des animateurs, puis au fur et à mesure, on a eu une vingtaine de mahorais en tête de cortège qui haranguaient les habitants : «Descendez, descendez, on ne veut pas de ça dans le quartier ! » C'était nouveau de les voir prendre la rue et s'exprimer dehors. »
Début avril, des mamans ont manifesté devant l’école Trégain pour dénoncer des violences entre élèves. « On demande plus d’investissements publics pour que les choses changent», explique l’une d’entre-elles, Dhoimrati Baco. « C’est notre quartier à tous, on veut pouvoir y vivre ensemble et en paix. »
Camille Margerit
Voir aussi, en chiffres, les informations de l'Apras