C’est la Semaine d’information sur la santé mentale en France. Un peu partout, sont organisés divers événements, conférences, tables-rondes, portes-ouvertes… Un seul objectif : sensibiliser, dédramatiser pour aller à l’encontre des idées reçues. L’insertion professionnelle et le maintien dans l’emploi sont souvent pour les personnes, source de reconstruction. Témoignage de Damien qui, grâce à l’accompagnement de Georges Le Coq, moniteur en espaces verts, et de toute l'équipe de l'Esat du Pigeon Blanc à Pontivy, se prend à nouveau à espérer.
Damien (prénom d’emprunt), âgé aujourd’hui de 30 ans, arrive en Bretagne avec ses parents il y a une dizaine d’années. Dès la classe de 3e, il s’intéresse aux métiers de la fonderie jusqu’à en devenir passionné. Il entre dans la filière, obtient un CAP puis poursuit ses études en bac pro fonderie-métallurgie en industrie. Très vite, il trouve un emploi au sein d’une petite entreprise de cinq salariés.
Mais le rêve est vite brisé : « Le patron m’a demandé beaucoup de sacrifices, juge aujourd’hui Damien. Je me suis tellement investi –trop peut-être ? Je n’avais plus de vie à côté de mon travail. Beaucoup d’heures supplémentaires, pas toujours payées… Je passais tout mon temps au boulot. Trop de pression et un milieu très exigeant avec des conditions de sécurité qui n’étaient pas toujours respectées. A 23 ans, j’avais dans le sang le double de la norme de plomb tolérée ! Un métier que je faisais avec tant de passion que je me suis oublié ». Au bout de trois ans, Damien ne supporte plus l’ambiance de travail : « C’était aussi un milieu où l’on boit beaucoup : apéro le matin, apéro le midi, apéro le soir… Je me suis mis à boire beaucoup et en plus, à consommer des stupéfiants ».
Mais le rêve est vite brisé : « Le patron m’a demandé beaucoup de sacrifices, juge aujourd’hui Damien. Je me suis tellement investi –trop peut-être ? Je n’avais plus de vie à côté de mon travail. Beaucoup d’heures supplémentaires, pas toujours payées… Je passais tout mon temps au boulot. Trop de pression et un milieu très exigeant avec des conditions de sécurité qui n’étaient pas toujours respectées. A 23 ans, j’avais dans le sang le double de la norme de plomb tolérée ! Un métier que je faisais avec tant de passion que je me suis oublié ». Au bout de trois ans, Damien ne supporte plus l’ambiance de travail : « C’était aussi un milieu où l’on boit beaucoup : apéro le matin, apéro le midi, apéro le soir… Je me suis mis à boire beaucoup et en plus, à consommer des stupéfiants ».
Une longue phase d’errance
Conscient de la dégradation progressive de sa santé, Damien demande à son employeur de mettre un terme à son contrat par rupture conventionnelle. Mais l’employeur refuse : « Il m’a demandé de démissionner. J’ai alors été arrêté neuf mois pour maladie. Neuf mois sans rien faire, enfermé dans un appartement. J’ai fait une grosse dépression. Alcool, drogue comme refuge. J’ai complètement perdu confiance en moi, en mes compétences. C’était une phase d’errance. Le handicap était latent, il s’est déclenché ».
Vers le milieu protégé
Le médecin qui suit Damien l’invite à contacter la MDPH Maison départementale des personnes handicapées. Damien obtient sa RQTH reconnaissance de qualité de travailleur handicapé avec une orientation en milieu protégé. En 2015, il accepte de faire un stage à la Sauvegarde du Morbihan : « J’allais un peu mieux. Je me suis investi à fond, je me suis même éclaté ! » C’est là qu’il entend parler de l’esat et de l’opportunité d’une nouvelle orientation professionnelle. Il effectue alors un premier stage de trois semaines à l’Esat du Pigeon blanc de Pontivy, puis un mois et demi plus tard, un second de quinze jours… des moments qu’il apprécie particulièrement : « J’ai découvert un lieu où l’on respectait les salariés.
Plus de pression au boulot, une notion de rentabilité adaptée aux personnes. Le but de l’esat n’est pas de faire plus et encore plus de bénéfice mais bien d’accompagner les personnes, de leur proposer des formations qualifiantes. C’est vrai, il a fallu que je m’adapte et que je prenne sur moi. Il a fallu que j’accepte le handicap des autres. Il a fallu aussi que j’accepte moi-même d’être handicapé. J’ai décidé alors de faire une croix sur ma vie d’avant, ma passion de métallurgiste. J’ai réalisé que c’était un milieu trop dur pour moi ».
Damien découvre les espaces verts
Janvier 2016 : Damien intègre l’équipe de l’esat et choisit de travailler en espaces verts, au sein de l’équipe encadrée par Georges Le Coq. Les débuts sont difficiles car il faut se réentraîner au travail, accepter le nouveau rythme qui s’impose. Vaille que vaille, Damien s’accroche et prend du plaisir à découvrir les végétaux, retenir leur nom latin, connaître la date de leur floraison ou plantation : « Depuis, je me sens bien, confie-t-il aujourd’hui, quatorze mois après son entrée dans l’établissement. On a une très bonne équipe encadrante qui essaie toujours d’adapter le travail à chacun, au handicap.
Les moniteurs sont toujours là pour nous valoriser et nous proposer un travail qui colle à nos compétences. J’ai toujours été intéressé par les plantes et le jardin. Je me sens stimulé, j’ai envie d’apprendre à reconnaître les plantes, les techniques culturales, à entretenir les massifs, à mettre un jardin en valeur. Ici, on a accès à cette formation et à ces connaissances. Autant d’apports qui peuvent me servir après pour retourner dans le milieu ordinaire, ce qui est mon objectif. Les espaces verts, c’est une nouvelle vie qui commence. La fonderie continue de m’intéresser mais sur mon temps libre, certainement plus pour un métier ».
Un encadrant passionné
Georges Lecoq est moniteur espaces verts à l’esat depuis 2011. Il a su offrir à Damien, un accompagnement approprié : « J’avais, il est vrai, pas mal de doutes au départ. Il n’est pas facile d’intégrer une personne qui a un très bon niveau scolaire par rapport aux autres travailleurs. La difficulté était de pouvoir bien l’intégrer en lui proposant un nouveau métier. Il était en effet resté passionné par son métier précédent. Changer de métier lorsqu’on est en difficulté psychique, c’est très difficile.
On est aujourd’hui à 14 mois de son entrée dans l’établissement. Tout se passe bien mais je reste avec mes doutes. On ne sait jamais de quoi est fait demain. Ce qui est pris est pris. Damien commence à être passionné par ce nouveau métier qu’il découvre. J’espère que je pourrais continuer à lui donner cette envie de progresser, à lui transmettre cette passion que j’ai moi-même pour ce métier. Sa présence a changé ma posture. J’ai réalisé que je devais prendre beaucoup plus de temps pour exprimer, parler, mettre la production de côté, être davantage présent auprès de lui. J’ai ainsi découvert l’importance de la parole. Le travail permet aux personnes de se restructurer ».
Une stabilité retrouvée
« Mon rêve aujourd’hui, poursuit Damien, c’est de récupérer mon autonomie, partir de chez mes parents (j’ai 30 ans, il est peut-être temps !) J’ai retrouvé une stabilité et une envie de travailler, des moyens aussi. Pourquoi pas retravailler dans une entreprise à condition qu’elle m’accepte, avec mon handicap, qu’elle le respecte… en attendant, je compte sur l’esat, sur tous les professionnels, moniteurs, psychologue, chargé d’insertion pour qu’ils continuent de m’aider, qu’ils m’aident à me mettre en valeur dans les lettres de motivation, à dépasser les a priori… Aujourd’hui, je crois avoir repris le dessus ».
PROGRAMME ICI
Tugdual Ruellan
témoignage recueilli avec le soutien de l’Aresat de Bretagne et des esat de Pontivy du Pigeon Blanc et de la Vieille Rivière.
témoignage recueilli avec le soutien de l’Aresat de Bretagne et des esat de Pontivy du Pigeon Blanc et de la Vieille Rivière.