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Adèle, Louise et Périne, colocataires solidaires


24 Février 2021

Depuis la rentrée de septembre 2020, Adèle, Louise et Périne accompagnent chacune un enfant de l'une des écoles de Villejean. Les contraintes sanitaires limitent les autres animations envisagées. C'est la contre-partie d'une colocation solidaire grâce au dispositif mis en place par l' Association de la Fondation étudiante pour la ville (AFEV)


Adèle, Louise et Périne dans leur appartement square de Provence
Adèle, Louise et Périne dans leur appartement square de Provence
adèle,_louise_et_perine.mp3 Adèle, Louise et Perine.mp3  (9.77 Mo)

Elles cohabitent toutes trois square de Provence : « Nous sommes censées consacrer cinq heures par semaine : deux heures d'accompagnement avec un jeune du quartier et trois heures pour des projets dans le quartier avec les voisins ». Mais ce n'est pas aussi régulier, c'est une moyenne. C'est leur engagement dans le cadre du dispositif Kaps (Kolocation à projets solidaires) de l'Afev


Adèle Gaubicher, 20 ans en licence 3 de lettres modernes à Rennes 2, originaire de Saint Brieuc. « Il y a 3 ans, je cherchais un logement sur Rennes. J'ai vu une annonce sur " le bon coin ". J'ai décidé d'aller à la première réunion pour savoir ce que l'Afev proposait. Ça m'a plu et je suis dans cet appartement depuis trois ans ».
Adèle Gaubicher, 20 ans en licence 3 de lettres modernes à Rennes 2, originaire de Saint Brieuc. « Il y a 3 ans, je cherchais un logement sur Rennes. J'ai vu une annonce sur " le bon coin ". J'ai décidé d'aller à la première réunion pour savoir ce que l'Afev proposait. Ça m'a plu et je suis dans cet appartement depuis trois ans ».
Ensemble au parc ou à la ludothèque
 « J'accompagne un jeune repéré par la maîtresse : il manque de confiance en soi, rencontre des difficultés de repérage dans le quartier. Ce ne sont pas nécessairement des difficultés scolaires. Adèle raconte : pour la deuxième année,  je suis le même jeune de 6 ans à l'école Jean Moulin. Il habite dans le square. J'aime bien aller le chercher après l'école. Je rencontre ainsi la maîtresse. Je vais avec lui dans un parc, à la ludothèque, à la bibliothèque Kennedy. Parfois nous allons aux Champs libres ou au Thabor. Cette année c'est plus compliqué : en début d'année, on ne pouvait pas se voir en présentiel. En ce moment c'est à nouveau possible».

Pour cette première année, Louise accompagne un garçon de 8 ans de l'école Andrée Chedid :
« J'ai découvert l'association, à la rentrée, en pleine pandémie. C'est perturbant. Toutes les premières rencontres se sont déroulées en visio, sur le téléphone. C'est un peu bizarre de commencer comme ça, surtout pour un enfant. Il a du mal à se concentrer, il est distrait par les personnes autour. On essaie de se parler toutes les semaines. Je l'ai rencontré une fois. Nous allons désormais pouvoir faire des trucs plus intéressants. Pour les discussions en ligne, précise Louise, tout le monde n'a pas le matériel ».

Périne aussi accompagne un jeune pour la première année. Ils se baladent dans le quartier.
« Cette année c'est en distanciel. Je n'ai vu qu'une seule fois le garçon de 8 ans scolarisé à Jean Moulin. Je ne le connaissais pas. Et la visio  ne permets pas de créer un lien facilement. Je n'ai pas cette habitude : c'est tout nouveau. J'ai préféré privilégier la rencontre en présentiel. Il a des besoins d'ouverture culturelle et de repères dans le  quartier. On visite le quartier ensemble : la maison verte, la maison de quartier... A la bibliothèque, il y a plein d'activités ». Périne rappelle les activités habituelles, hors pandémie : « On peut aussi aller au centre ville. Il y a des sorties exceptionnelles, à la demande des enfants. Avec un petit budget, on peut aller à la patinoire. Des activités sont proposées par l'AFEV comme un stage de danse, d'écriture ».

Louise Lizano, 21 ans, Rennaise, en licence 3 de psychologie. "En fin d'année scolaire dernière, je voulais trouver un appartement. Je pensais aussi m'engager dans une association. Une amie, en service civique à l'Afev l'an dernier m'a parlé de colocation qui permet d'allier les deux».
Louise Lizano, 21 ans, Rennaise, en licence 3 de psychologie. "En fin d'année scolaire dernière, je voulais trouver un appartement. Je pensais aussi m'engager dans une association. Une amie, en service civique à l'Afev l'an dernier m'a parlé de colocation qui permet d'allier les deux».
Près de 90 enfants à Villejean
 
L'Afev s'occupe du premier contact avec les enfants. Elle va voir les directrices ou directeurs d'écoles et leur propose le dispositif.  Les écoles du quartier sont contactées : Andrée Chedid, Jean Moulin, Guyenne : « S'ils y adhèrent on rencontre les profs qui repèrent les jeunes. Ils nous donnent les coordonnées », précise Yoann Le Calonnec, coordinateur de projets Kaps à l'Afev.
« Une première rencontre est organisée soit entre l'école, l'enfant et le bénévole, soit directement au domicile des parents entre le bénévole, le jeune et sa famille. Tout au long de l'année l'Afev assure un suivi avec les familles, avec les bénévoles pour voir comment ça se passe et faire des propositions si besoin ».
Les étudiant.e.s bénévoles accompagnent entre 80  et 90 enfants, cette année, à Villejean  (environ 300 enfants  sur Rennes). Si une fête est organisée dans le quartier, les colocataires bénévoles s'y greffent pour mettre en place une animation. Les animations dépendent du public visé. Parfois ce peut être un après-midi sport, plutôt avec les enfants, ou un repas avec les voisins. L'an dernier c'était surtout avec les enfants du square : ils ont envie de se retrouver.
« On les connaît le mieux. Ce peut être avec d'autres associations, pour l'instant impossible cette année. On peut aller dans des endroits, plus centraux pour la vie de quartier comme le parc du Berry pour du sport très demandé par les enfants  : l'an dernier, ils voulaient jouer au basket . Beaucoup d'enfants reviennent aux activités d'une année sur l'autre. Quand les parents viennent les conduire ou les chercher, on espère entamer des discussions avec eux".

Périne Briffaud-Guillaume, 21 ans, en S2 de musicologie, de Noyal-Chatillon-sur Seiche. « La première année, je faisais du bénévolat dans une autre association l'Orange bleue (*). Une des bénévoles m'a parlé de la colocation. Je suis allée voir. Ça m'a bien motivée. Je voulais partir de chez moi pour faire mes études et je cherchais aussi à m'engager. J'ai passé deux ans à Bréquigny en Kaps et c'est ma deuxième année à Villejean, ma quatrième colocation».               (*) l'Orange bleue, Prévention et réduction des risques en milieu festif.
Périne Briffaud-Guillaume, 21 ans, en S2 de musicologie, de Noyal-Chatillon-sur Seiche. « La première année, je faisais du bénévolat dans une autre association l'Orange bleue (*). Une des bénévoles m'a parlé de la colocation. Je suis allée voir. Ça m'a bien motivée. Je voulais partir de chez moi pour faire mes études et je cherchais aussi à m'engager. J'ai passé deux ans à Bréquigny en Kaps et c'est ma deuxième année à Villejean, ma quatrième colocation». (*) l'Orange bleue, Prévention et réduction des risques en milieu festif.
"En début d'année on se met d'accord toutes les trois sur les activités, des thèmes (l'écologie...) et on en parle avec les gens de l'association. Parfois avec d'autres colocations du quartier pour avoir plus de mains et réaliser des actions plus importantes. »
Les étudiant.e.s sont recruté.e.s en fonction de leur intérêt pour les objectifs de l'Afev. L'association leur propose des formations : un module de base est obligatoire. Une expérience en animation est appréciée, mais pour toutes les trois, l'Afev est leur première expérience d'animation. Hors pandémie, elles invitent aussi les parents pour l'accompagnement des enfants.

Du porte à porte à la rentrée
 
Les colocataires bénévoles font du porte à porte à la rentrée : ce premier contact réserve des surprises. Un voisin est impliqué dans les écoles du quartier : il anime un atelier danse le midi. «On a aussi découvert un voisin qui fabrique des jeux en bois. Il s'est proposé pour faire un atelier avec les enfants ». Le porte à porte est important  raconte Adèle « Quand on fait du porte à porte en début d'année pour prendre des nouvelles, les enfants nous demandent si on va refaire certaines activités».
Périne poursuit : « Chaque nouvelle année, quand on a une nouvelle coloc'. Le porte à porte lui permet de se faire connaître des voisins et elle de les repérer. On en profite pour faire un échange de cadeau : c'est une bonne raison pour frapper à leur porte. Quand l'année est lancée, on ne fait plus de porte à porte, on met des affiches, des flyers pour proposer une animation. Ensuite, le gens viennent d'eux mêmes». Cette année, la rentrée s'est faite pendant le deuxième confinement. Louise précise : « Ça nous a permis de voir si les gens allaient bien ».
Elles regrettent : « En ce moment, on ne peut pas vraiment se regrouper : on pourrait seulement organiser des jeux, par famille...».  Elles ont des relations surtout avec les parents et plutôt dans l'immeuble. « Avec les parents ce sont des discussions lorsqu'ils apportent le goûter aux enfants. Ils restent rarement faire des activités avec nous». A la fin des restrictions sanitaires les activités devraient pouvoir reprendre.

Jean-François Bourblanc
 

Yoann Le Calonnec est coordinateur des projets Kaps (Kolocation à projets solidaires), à l'Afev : «Le plus dur est de se faire repérer par les habitants : il faut du temps ».
Yoann Le Calonnec est coordinateur des projets Kaps (Kolocation à projets solidaires), à l'Afev : «Le plus dur est de se faire repérer par les habitants : il faut du temps ».
L'Afev travaille avec quatre bailleurs sociaux
 
« L'Afev rencontre les candidat.e.s au bénévolat pour valider leurs motivations, leur volonté d'engagement, précise Yoann Le Calonnec.  La première année, chaque candidat.e à la colocation remplit un questionnaire de ses souhaits". L'Afev organise alors une rencontre entre les candidats à la colocation et prend quelques précautions dans l'attribution des logements : «Ça marche dans 80% des cas. On ne met pas un.e maniaque avec un.e bordélique » souligne Yoann Le Calonnec. « Ensuite nous envoyons leurs coordonnées au bailleur social ». Le bailleur s'occupe du bail et de la gestion locative. Chaque locataire signe un bail d'un an (bail solidaire pour Néotoa). Le montant du loyer est ici de 180€ par colocataire, soit 540€ pour un F4 de 86 m2, comme tous les logements sociaux du même type, en tarification hlm. Le bailleur finance l'Afev pour mettre en place ces colocations solidaires. L'Afev travaille avec les quatre bailleurs sociaux (1) sur quatre quartiers de Rennes : Bréquigny, Maurepas, Villejean, Le Blosne. Il y a 43 colocataires sur toute la ville : 25 à Villejean et 6 dans chacun des autres quartiers.

Chaque année, le bailleur met des appartements à disposition, le plus souvent les mêmes. Parfois il  propose de changer d'immeuble pour créer de l'animation. Cet appartement depuis qu'il est ouvert, n'a pas été fermé. Quand le logement est implanté, les voisins le repèrent : ils savent que des étudiant.e.s vont venir pour faire des animations  «Le plus dur est de se faire repérer par les habitants : il faut du temps. Quand ce travail est fait, ce serait dommage de l'interrompre » indique Yoann Le Calonnec. Il apprécie les colocataires fidèles : « On est content quand des personnes comme Adèle et Périne restent plusieurs années. Les habitants s'attachent aussi aux personnes. Ils reconnaissent les têtes ».

(1) Archipel Habitat, Néota, Espacil, Aiguillon construction

Pour un autre regard sur l'Afev, voir le portrait de Sarah

Elles cohabitent square de Provence . A chaque rentrée elles font du porte à porte chez les voisins pour reprendre contact. (photo 11 février 2021)
Elles cohabitent square de Provence . A chaque rentrée elles font du porte à porte chez les voisins pour reprendre contact. (photo 11 février 2021)




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