Maryvonne est une militante dans l'âme depuis 1955.
Pour eux "le jardin, c'est du bonheur ! "
« Je n'ai jamais autant apprécié la nature qu'à Villejean» En 2019 Robert et elle créent «le jardin des noisettes» sur un espace pas entretenu, au pied des immeubles.. «On a cherché des palettes, de la peinture. Il a fallu défricher».
«C'est un lieu où les gens parlent, nous on les écoute», les enfants qui passent, les habitants des logements voisins. Chaque enfant intéressé peut aussi cultiver son « jardin cageot» : il y plante tomates, fraises... Une voisine apporte du thé, d'autres viennent y chercher de la menthe. Maryvonne imagine des jardinières avec de la menthe en libre service ! Un papa est venu pour découvrir les plantes. Des personnes handicapées, des migrants originaires d'Europe de l'Est, une autre du Congo, un prof de Rennes 2 ... beaucoup viennent donner un coup de mains ponctuel, mais, regrette Maryvonne «on n'arrive pas à constituer un groupe de jardiniers bénévoles». Ceci interroge Maryvonne et Robert sur la pérennité du jardin.
Chaque mardi après-midi
Objectif : «faire du beau», dans un coin gris, le long du passage piétons et près du pôle enfance du Centre social. Chaque mardi après-midi, sauf exception, Robert et Maryvonne assurent une permanence au jardin. Pour le partage des tâches, Maryvonne assure le beau, désherbe, plante, décore... Robert fait les travaux plus durs, avec quelques bénévoles : bêcher, réparer, arroser... «C'est un lieu où les gens parlent, nous on les écoute», les enfants qui passent, les habitants des logements voisins. Chaque enfant intéressé peut aussi cultiver son « jardin cageot» : il y plante tomates, fraises... Une voisine apporte du thé, d'autres viennent y chercher de la menthe. Maryvonne imagine des jardinières avec de la menthe en libre service ! Un papa est venu pour découvrir les plantes. Des personnes handicapées, des migrants originaires d'Europe de l'Est, une autre du Congo, un prof de Rennes 2 ... beaucoup viennent donner un coup de mains ponctuel, mais, regrette Maryvonne «on n'arrive pas à constituer un groupe de jardiniers bénévoles». Ceci interroge Maryvonne et Robert sur la pérennité du jardin.
Des confidences
Un groupe Apprendre autrement de l'école Jean Moulin a organisé avec le Centre social, une activité le mercredi : «ça a marqués les enfants et ça crée des relations avec les animateurs» Au jardin, se nouent des rencontres. «Quand une personne s'assoit, je viens lui parler». Maryvonne reçoit ainsi des confidences de femmes du quartier : «on discute parfois pendant deux heures». En cas de nécessité, face à une situation préoccupante, elle oriente la personne vers le Centre social «On n'est pas des professionnels, on écoute». Au total, le jardin pour eux, «c'est du bonheur ! »
Une place de village
Autour du jardin, des bancs, et à quelques mètres, square Dr Zamenhof (1), une aire de jeux, l'arbre à palabre, une table pour le pique-nique... Ce square est aussi la cour intérieure et le lieu de rencontres de l'Ehpad voisin. Ces espaces constituent une place de village pour la vie du quartier. « C'est là qu'est née l'idée du graffiti », aujourd'hui peint sur un mur, à l'arrière de la Maison de quartier. Ces espaces ont bénéficié d'aides multiples. « Les jardiniers de la ville ont planté un arbre, puis ils ont installé des bancs » raconte Robert. « Ce serait bien si l'on installait une boite à livres ! » : ils l'ont fabriquée dans l'atelier de menuiserie de la Ferme de la Harpe. Elle est alimentée surtout par les anciens du quartier et contient toujours une cinquantaine d'ouvrages. Même si « il n'y a pas assez de livres pour enfants » note Maryvonne. C'est aussi un lieu de loisirs, de lecture... pour des fêtes d'anniversaire, des pots de mariage.
L'inauguration du graffiti fut l'occasion de créer une chorale éphémère.
Avec les produits du jardin.
L'association Vert le jardin y a organisé un repas avec les produits du jardin. La fréquentation est telle qu'il faudrait presque prévoir un tableau de réservation, estime Maryvonne, pour éviter d'y organiser deux événements en même temps. Une grande satisfaction : « Il n'y a aucune dégradation ni dans le jardin ni sur la boite à livres ». L'inauguration du graffiti (2), en novembre 2022, fût l'occasion de créer une chanson et une chorale éphémère : «on a cherché des chanteuses et des chanteurs, dans le quartier, à la maison de retraite, à l'école Jean Moulin ». A l'Ehpad, des répétitions ont été organisées pendant cinq semaines. Les répétitions à la Maison de quartier et au Centre social ont permis à une vingtaine de personnes de se rencontrer pour cette activité. Maryvonne regrette pourtant l'absence de Mme la Maire à cet événement : trop modeste peut-être ?
A Kuné, la bienveillance.
« Avec Kuné, j'ai appris des valeurs : la bienveillance, la générosité, la solidarité, l'amitié, mais surtout la bienveillance, qui n'est pas une valeur portée par le syndicalisme.» Maryvonne a découvert le Collectif Kuné lors du discours de Régine le 1er mai 2021. De là naît une amitié avec Régine, Fatima... La mort de Marie a déclenché l'initiative «d'écoute bienveillante» des femmes du quartier. «On va écouter les femmes en galère» précise Maryvonne. Elle va participer à la formation à l'écoute, écoute qu'elle pratique déjà spontanément autour du jardin. Elle souligne les qualités des membres de Kuné : «elles sont facilement bénévoles, solidaires... pour maquiller les filles, faire la cuisine...». Pas de revendication collective.
La militante syndicale dans l'âme déplore pourtant qu'elles ne formulent pas de «revendications collectives pour elles-mêmes». Maryvonne verrait bien se créer un syndicat pour «leurs conditions de vie et de travail». Par ailleurs, elle imagine des emplois «dans des métiers qui n'arrivent pas à recruter». A Kuné des femmes du quartier cherchent ensemble des solutions aux problèmes «mais il faut être discret». Elle se rappelle un dicton de Madagascar : «La personne qui réussit est une personne à abattre, et non à copier».
Le graffiti à l'arrière de la Maison de Quartier contribue à l'attrait du square.
Après une vie de travail.
Maryvonne, c'est aussi une vie de travail et de militante syndicale. « On a vécu une période d'enrichissement du travail : les luttes ont contribué à améliorer les conditions de travail». Au collège, à Pornichet, elle faisait déjà des ménages pour compenser un « avantage » : scolarisée dans une école privée, la mère supérieure, à cette condition « consentait une réduction aux familles nombreuses pour la cantine». Maryvonne en garde de l'amertume, mais ça l'a poussée à s'engager. Dès 16 ans, elle relève les compteurs de gaz et d'électricité et adhère à la JOC (Jeunesse ouvrière Chrétienne). Elle travaille ensuite à la Poste : candidate à un concours à Paris, elle est sélectionnée mais doit y renoncer faute d'argent pour payer le train. Ces difficultés ont forgé son caractère militant : son père militait déjà dans un syndicat.
Avec les femmes de ménage.
Jean-François Bourblanc
(1) Louis-Lazare Zamenhof, médecin ophtalmologiste, (1859-1917) est connu pour avoir contribué à la création de l'Espéranto, langue internationale n'appartenant à aucune nation.
(2) Le Yapock fait partie de la série Safari Graffiti . Il s’agit d’un bestiaire à découvrir à Rennes en 26 peintures (une par lettre de l'alphabet) sur les murs d'écoles, centres de loisirs, et médiathèques. A Villejean, deux autres peintures ornent les murs de l'école Andrée Chédid et du collège Rosa Parks.
Voir aussi l'article sur l'engagement de Robert et Maryvonne dans l' Association Solidarité Malagasy35 dont ils sont toujours adhérents.
Dès 1967, Maryvonne et Robert habitent à Villejean, dans l'un des premiers immeubles du quartier.
Robert aux mille métiers
1954 à 1955 Sud Aviation St Nazaire (apprenti ajusteur)
1955 à 1958 : école aéronautique à Toulouse
1958 à 1961 service militaire : guerre d’Algérie, au Maroc (Meknes, Rabat)
1965 à mars 1968 : Commercial en aliments du bétail (Côtes d’Armor, Ille-et-Vilaine, Mayenne)
Avril 1968 à 1978 : Commercial Coopérative de Robinetterie.
1978 à 1981 : Clôtures - téléphonie – chauffage (commercial)
1981 à 1987 : Création d’une coopérative d’artisans plombiers/chauffage avec un collègue (IMS)
1987 : licenciement
1988 : Création de son propre emploi comme technicien/commercial de transfert-Vidéo
1992 - 1998: technicien audio-visuel à l’IUT Carrières Sociales
1998 : retraite à 60 ans
Maryvonne, le syndicalisme chevillé au corps
Née à Saint Nazaire en 1940. Famille de treize enfants. Père charpentier aux Chantiers de Penhoët, puis permanent CFTC
1946 : après guerre réfugiée à la Baule les Pins
1954 - 1955 : saisonnière/vendeuse à la Baule. Militante à la JOCF
1956 : Standardiste téléphonique à fiches à la poste de La Baule
1957 : Relève les compteurs de gaz et électricité
1958/1963 : employée de notaire (La Baule puis Bourges)
1963/ 1967 : pendant 3 ans, mère au foyer Rennes
1967/ 1971 : Standardiste à Rennes2
1969 élue au Conseil d’Université –
1971/ 1999 Télé-enseignement à l’Université Rennes2 (mécanisation de l’envoi des cours …
puis enregistrement des cours radio diffusés par Radio France Armorique, puis chargée
de mission nouvelles technologies)
1968/2000 : engagement syndical CGT.
1972 Baccalauréat à 32 ans.
2000 : retraite à 60 ans.
2000 conseillère municipale pendant 5 ans à Corps Nuds
2001/2012 : présidente association Solidarité Malagasy35 avec 17 séjours de 1 à 3 mois à Madagascar.
Maryvonne et Robert
1962 : mariage et départ de la Baule
1963 naissance de Sylvie – actuellement institutrice
1967 - 2000: ils habitent à Villejean
1968 : naissance de Sébastien, actuellement informaticien. À Rennes2
2000-2016: déménagement à Corps-Nuds.
2016, retour à Villejean.