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Vendredi 29 Décembre 2023

Des ateliers en binômes contre l'illettrisme


Lors d'ateliers en binôme, un formateur ou une formatrice de Siléa, "agir ensemble contre l'illettrisme", familiarise un apprenant à la lecture et l'écriture du français.


Personne ne vous dira : "je ne sais ni lire ni écrire". Ces photos sont des illustrations. L'association souhaite respecter l'anonymat des personnes qui suivent les cours.
Personne ne vous dira : "je ne sais ni lire ni écrire". Ces photos sont des illustrations. L'association souhaite respecter l'anonymat des personnes qui suivent les cours.

A Villejean, trois ateliers se déroulent chaque semaine, (1) au cours de cette année scolaire 2023-2024. Le bénévole et l'apprenant se rencontrent dans une salle de la Maison de quartier. Les apprenants n'habitent pas nécessairement le quartier, mais pas, non plus, à l'autre extrémité de la ville. «L'entrée dans le hall est agréable : l'apprentissage doit ressembler le moins possible à l'école» souligne Martine Le Gall, secrétaire de l'association. L'accueil est important pour les apprenants : il doit être chaleureux et discret . Pour beaucoup l'école a été un échec. Entre l'apprenant et le formateur,  « Le face à face est très précieux» note Jacques Gallerand, président de Siléa.

Pour participer à la formation, il faut être inscrit : lors d'un premier rendez-vous chaque candidat.e rencontre un ou deux bénévoles de Siléa. « Dans l'illettrisme, le plus difficile est le repérage . Personne ne vous dira : je ne sais pas lire ni écrire». Après un échange sur son parcours, des tests pratiques de lecture et d'écriture permettent de situer son niveau, d'évaluer sa mémoire visuelle et  d'adapter la formation. « On ne l'accompagnera pas s'il en sait trop ou, à l'inverse, s'il ne maîtrise pas suffisamment la langue française ». Ils  ou elles doivent connaître assez bien la langue pour se comprendre avec le bénévole. Un constat : les gens en situation d'illettrisme ne viennent pas spontanément. Au contraire, ils cherchent souvent à le cacher. Ce sont des associations, notamment « Langue et communication » (2), le CLPS (3), ou Pôle emploi qui les orientent vers Siléa.

Les ateliers se déroulent dans un lieu public : Maison de quartier, Centre social...
Les ateliers se déroulent dans un lieu public : Maison de quartier, Centre social...
A proximité.
 
Les bénévoles de l'association Siléa interviennent dans des lieux publics, ni à leur domicile, ni à celui de l'apprenant, des lieux qui conviennent à l'un et l'autre pour la proximité : Maison de quartier, Centre social, maison France service, dans les communes...Siléa exerce sur les communes de la métropole rennaise, pour l'essentiel, et selon les années, à Bédée, Liffré, Dol de Bretagne, Combourg, dans le Coglais et bientôt peut-être.à Saint Malo « Nous avons du mal à être présent en milieu rural où très certainement, il y a de quoi faire », précise Martine Le Gall. C'est aussi de la responsabilité de Siléa, car s'implanter dans de nouvelles communes «c'est beaucoup de travail et nous sommes tous bénévoles »
 

Réservé aux adultes.
 
Seuls des adultes peuvent bénéficier de la formation : en  ce moment, ils ont entre 20 et 60 ans, à peu près à égalité hommes et femmes. Beaucoup d'entre eux travaillent à l'extérieur ou sont mères au foyer. Les plus jeunes devraient être  pris en charge par l 'éducation nationale.  Quand ils sont migrants, ils sont contents et fiers de pouvoir apprendre « Apprendre à lire et écrire, c'est cadeau » : souvent ils n'ont pas été à l'école dans leur pays d'origine pour des raisons diverses : distance de l'école, coût... Par contre, les personnes qui ont un peu fréquenté l'école en France et ont un peu appris à lire et écrire, éprouvent de la honte à parler de ce handicap. Les ateliers individuels permettent de prendre en charge des gens qui rejettent les cours collectifs parfois à cause d'un niveau trop bas.
Quand les personnes sont jeunes c'est souvent pour suivre la scolarité de leurs enfants. Pour les plus âgées c'est quand elles réalisent que les enfants vont quitter la maison : elles n'auront plus d'aide pour lire et écrire, pour toutes les démarches.

Les séances d'apprentissage sont organisées sur un an.
Les séances d'apprentissage sont organisées sur un an.
Pour s'intégrer au mieux dans la société
 
« Apporter un soutien efficace aux personnes concernées pour qu'elles puissent s'intégrer ou se réintégrer au mieux dans la société » Jacques Gallerand exprime ainsi l'un des principaux objectifs de l'association pour lutter contre le handicap de l'illettrisme.
« On peut arriver relativement rapidement à apprendre à lire , à se débrouiller » note Martine Le Gall. Chaque séance dure une heure environ. Le rendez-vous est fixé en fonction des disponibilités des deux personnes. Les séances d'apprentissage sont organisées sur un an et peuvent être prolongées une  seconde année. L'association suit un apprenant «en gros» deux ans. « Au bout de deux ans, de nouveaux apprenants sont pris en charge par d'anciens ou de nouveaux bénévoles . Ça tourne tout le temps».
« Il n'y a pas de niveau standard dans l'illettrisme », explique Martine Le Gall : des gens ne savent pas du tout lire ni écrire, d'autres se débrouillent pour lire mais ne savent pas écrire, avec plein de nuances.

Les bénévoles, une richesse.
 
« La richesse de Siléa ce sont les bénévoles ». En majorité retraités, les bénévoles,sont sollicités une fois par semaine. Ce sont le plus souvent des diplômés,  beaucoup d' enseignants mais  il y a aussi d'anciens juriste, informaticien , vétérinaire, membres de bureau d'études, de la communication.  Les ateliers sont individuels avec, donc, une forte exigence pour les bénévoles. « Pour un nouvel apprenant, il faut un nouveau bénévole ».
Quelques jeunes ont participé à l'association en attente d'une formation ou d'un emploi : ils ne restent donc pas longtemps. Avant le premier atelier, le bénévole reçoit les résultats du premier rendez-vous : il a ainsi un aperçu du niveau de l'apprenant et de sa personnalité. Il est important que le contact soit bon et que le bénévole trouve de l'intérêt à l'activité. Parfois, le  bénévole arrête, car, après quelques années,  il a envie de faire une autre activité, ou pour des problèmes de santé.
 

Les difficultés varient selon l'interlocuteur.
Les difficultés varient selon l'interlocuteur.
Il n'y a pas de manuel.
 
« On n'apprend pas à lire à un adulte comme à un enfant » Tous les bénévoles bénéficient d'une formation, même les enseignants. Ils reçoivent des documents, issus de la pratique de bénévoles plus expérimentés. Ce sont des méthodes et outils très concrets pour aborder la lecture et l'écriture. « Il n'existe pas de manuel ! ». Les difficultés rencontrées par les formateurs varient selon leur interlocuteur. Jacques Gallerand a rencontré une personne qui devait d'abord apprendre   l'alphabet, mais apprenait facilement. Une autre a du mal à retenir les sons et donc la retranscription des mots est compliquée. Pour franchir cet obstacle, il utilise les lettres du scrable. Quand une personne n'est plus toute jeune, l'apprentissage est plus difficile. Chaque formateur adapte sa méthode à l'apprenant.

Jean-François Bourblanc

(1) A la Maison de quartier de Villejean, les ateliers de Siléa se déroulent le mardi et jeudi après-midi. Depuis plusieurs années ne convention entre Siléa et la Maison de Quartier fixe les heures de mise à disposition d'une salle pendant l'année.
(2) Langue et communication propose des cours collectifs de Français langue étrangère. Cette association adresse à Siléa des personnes qui ne savent pas assez bien lire ou écrire.
(3) Le CLPS L'enjeu compétences, Centre de formation pour adultes en Bretagne  est une société coopérative et participative. Il favorise l'accès et le maintien dans l'emploi par la formation professionnelle.

Des ateliers en binômes contre l'illettrisme
Siléa, agir ensemble contre l'illettrisme.
 
Siléa réunit cette année 25 binômes : 25 bénévoles 25 apprenants.
L' association est conduite par un conseil d'administration de cinq personnes : le président, Jacques Gallerand,  la secrétaire, Martine Le Gall, la  trésorière, Véronique Haes et deux autres membres du bureau, Daniel Madec et Jean-Michel Garrau.
Au départ l'activité était un service de l'UDAF 35. Suite à une décision d'arrêt de l'activité elle a été reprise par des bénévoles. Trois d'entre eux ont créé Siléa, en 2019.
Contact : 06 08 75 80 66 ou silea.illettrisme@gmail.com et www.sileaillettrisme.fr
Photo : Jacques Gallerand, président de Siléa : entre le formateur et l'apprenant "le face à face est important."

 






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