Jeudi 19 Novembre 2020

Elles assurent un réel service au public


Chaque jeudi entre les deux périodes de confinement, elles ont aidé les gens du quartier à remplir leurs documents administratifs , à rédiger un courrier, à trouver les bonnes informations... Un vrai service à la population du quartier, mis en place par l'association « Si on s'alliait ? » (1) . Les permanences d'entraide administrative redémarrent mardi 24 novembre au Centre social de Villejean (2). Martine Prins, bénévole, et Sylvia Thénard, l'une des animatrices de l'association, expliquent.


La permanence de "Si on s'alliait ? " sur la Dalle Kennedy, le 15 octobre 2020, malgré le temps d'automne.

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Une invitation à s'informer
Chacune ou chacun, vient avec son problème pour tenter de le résoudre. « On soutient souvent les personnes sur toutes les demandes qui se font par Internet : Caisse d'allocation familiale (CAF) , Caisse Primaire d'assurance maladie, (CPAM) caisse de retraite, pôle emploi, carte d'identité, demande de rendez-vous à la préfecture pour les personnes étrangères..., précise Sylvia Thénard.  Mais aussi demande de logement social, rédaction de courrier, appel des différentes administrations... Ce sont plutôt des démarches pour bénéficier ou maintenir des droits de base mais qui sont durs à obtenir ou garder lorsque ceux-ci se demandent essentiellement par internet et que les interlocuteurs ne sont disponibles que par téléphone».
« Nous avons été très étonnés : énormément de gens ont afflué vers nous, avec toutes sortes de problèmes, raconte Martine Prins.  Ce matin, par exemple (15 octobre) : des personnes âgées recherchent soit un petit coup de mains, soit de la visite,... et je suis bien embarrassée pour leur donner des pistes de solution correcte. Je les adresse au Centre social. Les visites chez les personnes âgées, c'est compliqué : il faut des gens de confiance, Elles sont souvent méfiantes ».
Chaque semaine, des adhérents de l'association « Si on s'alliait ? » donnent ainsi un coup de main à ceux qui viennent les voir. L'information passe de bouche à oreille.
« Tous les bénévoles ne peuvent pas toujours être là mais il y en a toujours au moins 4 ou 5 à chaque permanence et environ une quinzaine s'investissent sur les permanences. La plupart sont des habitants du quartier ».

Sylvia Thénard, l'une des animatrices de l'association renseigne une habitante de Villejean.
Depuis février 2020
Les permanences ont commencé en février 2020, avant le confinement, au local de l'association (9 rue de Flandre). Mais, précise Sylvia, elles ont dû s'interrompre.
« Elles se sont arrêtées pendant le premier confinement. A la fin de celui-ci, nous ne pouvions pas reprendre nos permanences dans le local car celui-ci était trop petit et nous ne pouvions pas respecter les gestes sanitaires. D'où l'idée de les faire en extérieur, sur la dalle Kennedy... En plus, ça correspondait bien à notre volonté d'aller vers les gens, d'être accessible à toutes et à tous, notamment aux personnes qui ne demandaient plus leurs droits».
L'association déménage chaque semaine avec des outils informatiques. Martine détaille : « On a plusieurs ordinateurs connectés à internet, une imprimante : ceux qui ont internet sur leur portable ne peuvent souvent pas imprimer ». Cette entraide a continué sur la dalle jusqu'au deuxième confinement. 
« On n'a plus eu les autorisations de la préfecture et de la mairie. Puis, Anaëlle Le Turnier, chargée de mission à la politique de la ville a appuyé notre demande auprès du centre social de Villejean pour disposer  de la salle polyvalente située sur la dalle. La directrice, Agnès Couédic, a accepté notre demande. Nous pouvons donc désormais reprendre nos permanences le mardi matin en respectant le protocole sanitaire. La première aura lieu le 24 novembre ».
Une idée du nombre de personnes aidées ? « Je ne sais pas vraiment, admet Sylvia, car nous voyons aussi des personnes en dehors des permanences du jeudi matin. Mais il y a beaucoup de monde et on manque de bénévoles. »

Une nouveauté pour l'association.
L'idée vient de quatre puis cinq habitantes de Villejean, des bénévoles actives de l'association. Face aux réalités sociales existantes sur le quartier, deux de ces bénévoles avaient tenté, il y a deux ans, de mettre en place ces permanences d'entraide administrative. Mais c'est au sein de l'atelier théâtre proposé par l'association Si on s'alliait ?, que ces deux habitantes ont finalement réussi à réunir autour de leur projet d'autres habitantes du quartier ainsi que les salariées de l'association, et à le mettre réellement en place.
« Avant Noël, l'an dernier, nous étions quatre à proposer de mettre en place une entraide pour les papiers administratifs », se souvient Martine. « Beaucoup sont un peu perdus, dans des papiers que normalement on sait faire . S'ajoutent les problèmes liés à l'obligation d'utiliser internet. »
Sylvia raconte : « En septembre 2019, les participantes aux ateliers théâtre ont décidé de créer des saynètes, à partir de leurs témoignages, sur les difficultés d’utilisation de l’ordinateur et d’internet pour la réalisation des démarches administratives. C'est ainsi qu'une réflexion et une prise de conscience collective s'est progressivement développée au sein de ces ateliers concernant des difficultés à effectuer ses démarches administratives engendrant du non-recours aux droits. La mise en place des permanences d’entraide administrative sur le quartier de Villejean est ainsi apparue comme une solution adaptée pour lutter contre la fracture numérique et favoriser l'accès et la défense des droits des habitants et habitantes du quartier. »

Sur la Dalle Kennedy ce 15 octobre, Martine Prins informe les passants sur le service proposé
Surtout des actions collectives
L'association Si on s'alliait ? soutient habituellement les actions collectives.
« Notre « cœur du métier »  c'est l'action collective,  et non pas d'aider individuellement les gens, souligne Martine. Il ne faut pas que notre action se dilue dans cette aide individuelle, dans le renseignement, le service  individuel. On ne va pas régler tous les problèmes. Mais on est obligé de le faire. »
Plusieurs éléments ont fait aller vers la mise en place des permanences d'entraide administrative et une aide individuelle. L'animatrice détaille les objectifs de l'association Si on s'alliait ? en particulier pour cette action.
- « L'association soutient la mobilisation des habitants. C'est parti d'une volonté d'un groupe d'habitantes qui ont pu connaître des moments difficiles dans leur vie  et qui voulaient créer de l'entraide sur le quartier.
- On ne perd pas de vue la visée collective et l'objectif est, quand c'est possible, de tisser des liens entre des personnes rencontrant des problèmes similaires avec une même administration pour ainsi déboucher par la suite sur des revendications collectives
- Ça répond à un réel besoin sur le quartier, de manière générale, et encore plus avec le confinement où les administrations sont parfois plus difficilement accessibles. On est toujours dans notre objectif de défense des droits.
- Ça nous permet de construire des liens plus pérennes avec les habitants. Plusieurs personnes sont venues au départ avec une demande d'aide administrative. Elles s'investissent aujourd'hui dans l'association et viennent aider à leur tour. Dans notre système actuel où on nous pousse à être de plus en plus individualiste, créer des espaces de solidarité, c'est lutter! »
Martine insiste : « Aujourd'hui la tendance est à rendre des services individuels. Les gens ont peur du collectif. C'est à nous de restaurer le collectif, avec des gens qui vont s'associer à notre équipe.On ne peut pas remplacer l'assistante sociale qui a fait trois ans d'études : c'est un métier ! Notre objet : être un syndicat d'habitants. »
Jean-François Bourblanc

(1) L'association « Si on s'alliait ? » soutient les habitants du quartier, les aide à s'organiser,  à s'exprimer en public ou à animer une réunion et les aide à rencontrer les décideurs. Parmi les actions sur le quartier de Villejean, l'opposition à la fermeture de l'antenne CPAM du quartier, les actions auprès des bailleurs sociaux pour remédier aux problèmes d'humidité dans les appartements, le maintien du collège Rosa Parks sur deux sites...
(2) Permanence les mardi de 10h à 12h30,  dans la salle polyvalente du Centre Social, 42 Cours Kennedy, sur la Dalle. Contact : 06 74 08 56 53