Marie Zrek, professeure d'arabe passionnée à Rosa Parks

Aujourd'hui, 18 élèves en 6ème, 14 élèves en 5ème suivent des cours d'arabe à Rosa Parks : trois heures par semaine la première année,  deux heures et demi la seconde année, dans le cadre d'une section bilangue anglais-arabe. Marie Zrek enseigne aussi dans deux autres collèges rennais : Gayeulles et Landry. Elle explique ses méthodes avec passion : elle leur apprend l'arabe moderne avec des références aux dialectes que certains parents pratiquent. Elle estime qu'environ six enfants sur dix ont au moins un parent qui parlent arabe. « Mais on accepte tous les élèves, même ceux qui ne connaissent pas un mot d'arabe, même pas Salam... »

Les élèves sont très curieux « parfois un peu trop » sourit-elle. « La classe de 5ème est exceptionnelle, ils sont très motivés. J'ai de la chance . En 6ème, on commence, j'espère aussi les mener au même niveau".

« Je suis le cadre européen commun pour les langues vivantes ». En fin de troisième, les jeunes doivent pouvoir écouter, comprendre, lire, écrire, s'exprimer, dialoguer, prendre part à une conversation. « En 6ème, Ils apprennent à se présenter, dire bonjour, où ils habitent... »

Dans le programme, il y a la découverte des cultures arabes, des pays, les divers dialectes et la communication avec les réseaux sociaux. « Quand l'un des parents est originaire d'un pays arabe, les enfants ne connaissent pas nécessairement ce pays !  Il y a aussi des différences de dialectes et de culture, entre le Moyen Orient et l'Afrique du Nord, par exemple. »

« On travaille l'écrit, mais surtout l'oral. Le dialectal fait partie du programme : quand je leur apprends une expression en arabe, je demande à chacun comment ils disent chez eux. ». Cela l'oblige à connaître les dialectes : « Je comprends presque 99% des dialectes : j'ai appris à Lyon, avec des voisins ou des collègues de tous les pays : Maroc, Algérie... »
  Elle n'utilise pas de manuel : dans chaque support pédagogique elle trouve des côtés positifs mais  aussi des aspects moins bons « j'ai consulté tout ce qui existe ». Aussi imagine-t-elle ses propres outils pour les élèves. Marie Zrek  couve l'ambition de créer un support complet,  pour l’apprentissage destiné à toute personne qui veut apprendre la langue. « Il y a beaucoup de demandes. Malheureusement, je n'ai pas les moyens », regrette-t-elle.

« J'ai beaucoup de projets pédagogiques. » Dans l'année Marie Zrek organise des sorties. Les élèves de 4ème des Gayeulles sont allés au cinéma Arvor en 2022 dans le cadre du cinéma à l'université, pour quatre courts-métrages sur la Palestine. « Ils ont  rencontré le réalisateur et lui ont demandé de réaliser un court métrage avec eux. » Ce n'est pas possible car il ne travaille que l'été, hors temps scolaire.
Au Musée des Beaux arts, sur l’Égypte et en 2021 ils ont visité l'exposition sur les Arts de l'Islam.

A Paris, l'an dernier avec les élèves des Gayeulles, cette année avec ceux de Rosa Parks : au programme,  l'Institut du Monde Arabe, la Grande Mosquée et le Jardin des plantes. « Jusqu'à présent c'était gratuit, sauf le pique-nique, mais cette année on va demander une petite participation". Cette année, elle prévoit des échanges en visio avec des élèves de Palestine, et espère-t-elle, avec un autre pays.
  A Rosa Parks (et aux Gayeulles), Marie Zrek organise un club d'arabe gratuit et ouvert à tous les élèves du collège sur le temps de midi. « On travaille la culture, la calligraphie, la danse, la musique, le cinéma, le théâtre.. » C'est ludique et libre : ils peuvent arriver en retard et ne sont pas obligé de venir toutes les semaines. Parmi toutes ses idées qui fusent, elle aimerait écrire avec les élèves en calligraphie arabe sur les murs de l'école. « J'ai beaucoup de projets mais malheureusement, il n'y a pas beaucoup de budget. »
 

« J'ai commencé comme prof d'arabe, au collège des Gayeulles, 5h1/2 heures par semaine, en 2021, en complément de mon travail à l'Université ». Née à Damas (Syrie), elle est arrivée comme étudiante à Lyon en 1996. Titulaire de deux masters,  elle y a passé un troisième (langue étrangère option arabe), avant de déménager à Rennes. Elle a notamment enseigné quatre ans à l'Université de Rennes 2. « L'an dernier, on m'a proposé de venir à Rosa Parks, trois heures par semaine. » Aujourd'hui, entre les trois collèges elle assure un temps complet. « Beaucoup de parents ne savent pas qu'il y a un cours d'arabe au collège. » A Rennes, outre les trois collèges, il est enseigné au lycée Chateaubriand. Il y a des cours d'arabe ailleurs : centres de langue privés, associations,  mosquées... Marie Zrek souligne : « Je ne peux pas juger les autres profs, mais il faut faire attention à la pédagogie : ce n'est pas parce que l'on parle arabe qu'on est bon professeur !  J'ai vu beaucoup de jeunes qui arrivent à lire le coran mais ils ne comprennent rien, ils ne peuvent pas dialoguer. Ils apprennent à lire, à répéter, ils connaissent l'alphabet, le vocabulaire... »

Jean-François Bourblanc

 

La section bilangue anglais-arabe au Collège Rosa Parks (*) est « Une voie d'excellence » pour Mme Guéric, la Principale.

« C'est une section attractive avec des formations différentes des collèges alentours. Le public est multiple :  il y a des élèves du secteur, d'autres viennent pour la section bilangue anglais-arabe. Avec la guerre en Syrie, de nouvelles familles habitent dans le quartier. Ce sont des élèves plus motivés, plus autonomes : c'est important d'avoir la capacité d'apprendre deux langues dès la 6ème. La deuxième langue c'est, pour tous, à partir de la 5ème. Filière de réussite pour des élèves qui vont au lycée Chateaubriand, elle constitue aussi un apport culturel." Mme Guéric souligne : "Pour créer une telle section, il faut des arguments et négocier auprès du rectorat : ça peut prendre plusieurs années. »

(*) Le collège Rosa Parks à Villejean compte près de 500 élèves.

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