Sarah et Elsa : « On s'adapte » pour répondre à leurs difficultés et à leurs demandes. Et à terme « qu'ils n'aient plus besoin de nous ».
Leur objectif : apprendre l'autonomie aux jeunes, avec des modalités différentes selon leur âge. « On s'adapte » pour répondre à leurs difficultés et à leurs demandes. Et à terme « qu'ils n'aient plus besoin de nous ».
Pas de journée type
« C'est compliqué de parler de notre organisation, souligne Elsa : il n'y a pas de journée, de semaine ou de mois type, il n'y a pas d'horaire, ça peut être une journée de 10h à 22h. On est sur le quartier dans l'espace public, dans les structures jeunesse...». Les éducatrices ne sont pas mandatées pour travailler avec tels ou tels jeunes. Elles ont carte blanche pour « créer du lien avec eux ». « On peut aller faire un tour du quartier, s'asseoir sur un banc, rencontrer nos collègues à la maison de quartier... sans objectif précis, mais toujours, au minimum à deux». Une part de notre métier c'est d'observer ce qui peut se passer sur un territoire, de comprendre certains phénomènes ».
Elles peuvent aussi être amenées à faire de la présence sociale quand il y a des tensions dans un secteur du quartier.
Parmi leurs tâches, deux types d'activités principales les occupent à plein temps et même plus : suivre des projets collectifs et des accompagnements individuels, à la demande des jeunes, selon leurs besoins. Et selon l'âge : ce peut être une activité de "consommation" : trampoline parc, patinoire, laser-game... Une sortie à la mer ou en forêt, faire un tour dans Rennes en vélo :« tout ce que les jeunes adorent faire ! »
Pas de journée type
Elles peuvent aussi être amenées à faire de la présence sociale quand il y a des tensions dans un secteur du quartier.
Parmi leurs tâches, deux types d'activités principales les occupent à plein temps et même plus : suivre des projets collectifs et des accompagnements individuels, à la demande des jeunes, selon leurs besoins. Et selon l'âge : ce peut être une activité de "consommation" : trampoline parc, patinoire, laser-game... Une sortie à la mer ou en forêt, faire un tour dans Rennes en vélo :« tout ce que les jeunes adorent faire ! »
Mamad et Abdul-Louris ont distribué le magazine "Histoires ordinaires" dans les boites aux lettres des immeubles de Villejean.
Un séjour, une sortie...
L'accompagnement de projets collectifs peut prendre la forme d'un séjour de vacances, d'une sortie pique-nique, de la visite d'une ville comme Nantes ou d'une journée dans un parc d'attractions. Elle citent l'exemple d'un séjour de 11 adolescents (15-18ans), une semaine à Bruxelles avec pour objectif de partir en autonomie « pour voyager hors de France, pas trop loin, pas trop cher ». Aux jeunes de tout organiser, de se répartir les tâches : les autorisations, les réservations, l'établissement d'un budget, la recherche de financements... Des petits chantiers (entretien de jardins, peinture de halls d'immeubles, distribution du magazine Histoires ordinaires...) peuvent leur permettre de financer une part du projet. Auparavant il leur faut définir ce projet : que faire, que voir ? Les éducatrices et éducateurs sont là, «en pilier par derrière», et s'adaptent à leurs demandes. Un des buts : « qu'ils puissent le reproduire sans nous ». Pour tout projet collectif, le travail d'éducateurs est de « les aider à faire des choix, à trouver un compromis. Que chacun y trouve sa place. C'est une difficulté pour eux». Elles racontent comment un rêve de voyage à Dubaï peut se transformer en un séjour à La Rochelle. Pendant les dernières vacances de février, un séjour pour une dizaine de jeunes était co-organisé par la Maison Verte et le Relais: une éducatrice du Relais est partie avec eux au ski.
Sarah Meunier, éducatrice de rue à Villejean depuis cinq ans, de formation conseillère en économie sociale et familiale. Elle travaille au SEA 35 depuis bientôt quatorze ans : elle y a d'abord accompagné un public à la rue. Elle a choisi de travailler avec des adolescents et jeunes adultes, grâce à la mobilité interne quand un poste s'est ouvert sur Villejean. En dehors du travail, cinéma et voyages font partie de ses passions, pour « l'ouverture vers l'extérieur ».
Une course d'orientation
Pour de nombreux projets collectifs sur le quartier, les éducatrices et éducateurs du Relais lient des partenariats avec les associations et institutions du quartier, qui, eux aussi, leur adressent des jeunes. Par exemple, ils participent à un rallye « vie affective et santé sexuelle » pour les élèves de 3ème du collège Rosa Parks. L’ASVB (Association Santé Villejean-Beauregard) l'organise en partenariat avec le collège et les acteurs jeunesses, le Planning Familial... Ils interviennent dans les classes pour parler « des relations amicales, des différences garçons-filles, de la question du genre, des déceptions amoureuses... » Au cours d'une matinée, lors d'une course d'orientation, les éducateurs du Relais Villejean accompagnent les jeunes dans les lieux de santé du quartier : les élèves rencontrent ainsi médecin, pharmacien, infirmière, … Ils pourront ensuite revenir les voir. Notamment pour les projets collectifs, les éducateurs sont en relation avec les parents, toujours avec l'accord des jeunes : « Ça permet aux familles de se rendre compte de ce que font leurs enfants à l'extérieur de l'école, qu'ils sont bien accompagnés. Pour certains séjours, il faut aussi une autorisation parentale », précise Sarah.
Répondre à des demandes individuelles
« L'accompagnement individuel est une grande partie de notre travail » : demande de stage, recherche d'apprentissage, rédaction d'un CV, recherche de logement, permis de conduire, problème de santé...Elles peuvent aussi les orienter vers d'autres professionnels : une assistante sociale, un médecin... Ils sont aussi éducateurs, éducatrices « protection de l'enfance ». Les jeunes viennent au Relais, sous couvert d'anonymat, sauf « si l'enfant ou la famille court un danger ». « S'ils ont, par exemple, une demande de sortie du trafic, de vivre autre chose, on les accompagne. On n'est pas là pour les juger ou les punir, encore moins pour les balancer » souligne Sarah. Face à une telle demande elles les aide à se mettre en lien avec des avocats : « On ne fait rien sans leur accord ». Elles les soutiennent aussi dans leurs activités, vont les voir et les accompagnent pour une compétition d'athlétisme, par exemple.
Elsa Gaudemer est diplômée éducatrice spécialisée depuis 2020. Après un emploi en accueil de jour pour des familles et femmes en situation d'errance. Elle a intégré le Relais du Blosne en renfort d'été, pendant quatre mois, puis en CDI à Villejean en septembre 2021.
Des principes.
Le Relais fonctionne avec certains principes. la libre adhésion : « Nous ne travaillons qu'avec les jeunes et les familles qui en expriment l'envie. » Il n'y a aucune obligation. Le respect de l'anonymat : « Nous ne dévoilons pas le nom des jeunes avec lesquels nous travaillons ». L'absence de mandat nominatif : « Nous sommes missionnés par Rennes Métropole,pour travailler sur Villejean ce n'est ni un juge, ni les services sociaux qui nous demande d'intervenir. » Elsa et Sarah se passionnent pour leur travail. Elsa apprécie de créer des liens non contraints, pas forcés, « des liens vrais ». Elle poursuit : « On vit des chouettes moments, des vraies choses humaines avec eux», pas monotones. Sarah apprécie la liberté d'action de cette vie avec les jeunes : « On ne se limite pas ! On ne dit jamais non ! Il y a plein de moments forts». Elle estime « donner de soi ». Dans le travail social, c’est un peu du militantisme. «On vit à l'extérieur, avec eux, on n'est jamais enfermés dans le local».
Un métier énergivore
C'est un "métier passion" mais elles admettent qu'il est énergivore, il peut fatiguer sur le long terme. Certains, certaines peuvent le pratiquer plus longtemps, ça dépend de chacune et chacun, et une suggestion « peut-être avec un meilleur salaire ? » Leur formation leur a appris à séparer le travail et la vie privée, même si parfois « la coupure est difficile». Pour cette fonction d'éducation, elles font face à une difficulté principale «on ne peut pas être partout. Il nous faut faire des choix». Sarah et Elsa ne sont pas seules. Le Relais Villejean réunit cinq éducatrices, un éducateur et un responsable. Une réunion, le mardi matin, permet un échange entre eux. Leur équipe doit établir un projet pluriannuel : à partir d'un diagnostique, d 'enquêtes, auprès des jeunes, des familles et des partenaires du quartier ressortent des besoins, des problématiques. Puis, ils et elles dessinent les cinq années à venir au niveau de l'équipe.
Le Relais porte bien son nom : les éducatrices et éducateurs travaillent au lien des jeunes entre eux et avec divers partenaires du quartier.
Jean-François Bourblanc
Voir aussi : Les éducateurs doivent croire au temps long
SEA 35 pour la « sauvegarde de l'enfant à l'adulte en Ille et Vilaine » Le Relais est un service de prévention spécialisée qui fait partie de la SEA 35. L'association organisée en trois pôles emploie plus de 300 professionnels : -L'accueil familial. Créé en 2011 il réunit notamment le Centre de placement familial spécialisé (CFPS) et le service d'accueil familial spécialisé.(SAFT). 214 jeunes ont été accueillis ou accompagnés en 2021. -Précarité et insertion. Ce pôle offre des services (accueil, hébergement d'urgence...) aux personnes sans abri et en situation de grande précarité ou détresse sociale. -Milieu ouvert, le service de prévention spécialisée intervient en protection de l'enfance. Il réunit cinq équipes Relais d'éducatrices et éducateurs de rue dans les quartiers de politique prioritaire de la ville (QPV) : Villejean, Maurepas, Le Blosne, Les Clôteaux, Cleunay, et une équipe en centre ville pour les jeunes à la rue. Dans ses orientations, l'association précise « Pour la Sauvegarde de l’enfant à l’adulte d’Ille-et-Vilaine il s’agit de permettre à toute personne accompagnée et/ou accueillie de passer d’une position de « prise en charge » à une position « d’acteur » de son parcours dans les dispositifs sociaux ou dans les politiques publiques qui lui sont destinés. Il s’agit, à partir de l’expression et de la participation des personnes, de créer une « alliance » de travail afin de sortir d’une posture aidant/aidé. » Source : Rapport d'activité 2021. |