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Mercredi 8 Juin 2022

Violences familiales : une écoute des femmes en septembre


Dès septembre prochain, des femmes de Villejean vont ouvrir, sur le quartier, une permanence d'écoute, bénévole et associative, pour les femmes victimes de violences familiales.


Un appel des femmes de Villejean, contre les violences sexistes et sexuelles,  le vendredi 3 juin. De gauche à droite : Yuna, (Nous toutes 35), Fatima (Kuné), Régine (Kuné), Merveille, Maryvonne (Kuné), Fanchette.
Un appel des femmes de Villejean, contre les violences sexistes et sexuelles, le vendredi 3 juin. De gauche à droite : Yuna, (Nous toutes 35), Fatima (Kuné), Régine (Kuné), Merveille, Maryvonne (Kuné), Fanchette.
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Après l'assassinat de Marie par son conjoint, le 11 avril 2022, des femmes de Villejean (Collectif Kuné, Nous toutes 35, associations du quartier et habitantes) ne veulent plus attendre pour agir, ni se résigner. Elles ont annoncé le 3 juin (1) vouloir ouvrir une permanence d'écoute, pour les femmes «car il faudra bien que ça commence à bouger quelque part». Cette permanence d'écoute sera multiculturelle et multi générationnelle. Elles cherchent d'abord un local, même provisoire, pour écouter les femmes qui en ont besoin. Un endroit qui préserve la discrétion.

Après un premier contact avec la Maison de Quartier « les possibilités sont ouvertes, mais il n'y a rien d'acté » précise Elodie Davoust, la directrice. Pour assurer cette permanence elles souhaitent se former à l'écoute. En aucun cas cet accueil ne veut remplacer les services existants. Leur priorité est de répondre aux premières demandes des femmes victimes et, en même temps, elle vise à « recenser des faits incontestables et documentés »

Vital de prendre nos affaires en main.
 
Après la marche blanche, le 23 avril, qui a rassemblé plus de 400 personnes, « il nous est apparu vital de prendre nos affaires en main et de faire connaître nos exigences » affirment les femmes du Collectif sous le titre «le cri des Rennaises. »

Leur constat est alarmant : manque de moyens pour faire face aux violences faites aux femmes, nombre insuffisant de bracelets anti-rapprochement, lenteur de la justice, appui insuffisant aux associations d'assistance aux femmes victimes de violences familiales. Les femmes les plus démunies « sont laissées sans écoute et sans moyens de se défendre ». Le Collectif énumère : les ouvrières, les précaires, celles issues de la diversité, sans papiers, sans statuts...

Faire de Rennes une ville exemplaire.
 
Leur proposition va au delà de cette permanence qu'elles considèrent comme une première réponse à l'urgence ; elles veulent « faire de Rennes une ville exemplaire dans la prise en charge des violences faites aux femmes ». Pour atteindre cet objectif elles estiment nécessaire :
  • de mettre à disposition suffisamment de places d'hébergement sécurisé
  • de proposer un cadre chaleureux permettant aux femmes victimes de violences de mener une vie normale.
  • d'organiser un suivi sur le long terme des victimes et de leurs enfants.
  • de les mettre en relation avec les organismes d’insertion professionnelles pour assurer leurs besoins économiques
  • de leur offrir des services pour gérer des situations complexes (assistance juridique, sociale, psychologique...)
  • de permettre aux femmes d'origine étrangère de se confier à des professionnelles de même culture.
Depuis le 11 avril, les femmes de ce collectif s'organisent, cela leur prend un peu de temps : mais la permanence devrait être opérationnelle en septembre.

Jean-François Bourblanc

(1) Lors d'un point presse sous l'arbre à palabres, square du Docteur Zamenhof à Villejean.
 

Aline Perrigault : la maison des femmes sera "un accueil de jour, chaleureux, sans condition"
Aline Perrigault : la maison des femmes sera "un accueil de jour, chaleureux, sans condition"
Un projet de maison des femmes
Depuis octobre 2021, l'Asfad, association d'aide aux victimes de violences conjugales, étudie un projet de maison des Femmes, en partenariat avec la Ville de Rennes et le CHU (Centre Hospitalier universitaire). Aline Perrigault travaille à l'Asfad sur ce projet. Elle précise : « il s'agit d'un accueil de jour, sans condition : un accueil chaleureux, sur des temps élargis, dans la semaine et les week-end, avec de l'accompagnement juridique, psychologique, de l'accompagnement pour les enfants, et avec des groupes de paroles. Il y aura aussi une palette d'offres médicales ».

L'ouverture est prévue l'été  2023. Pour le  financement, l’État, le département, et  Rennes Métropole soutiennent le projet.  Cet accueil  sera localisé, au départ, dans une annexe de l'Hôpital sud et ultérieurement sur le site de Pontchaillou. Il ne comprend pas d'hébergement, même si aujourd'hui c'est un problème crucial pour les victimes. «Il faudrait d'urgence 100 places d'hébergement sur la métropole et jusqu'à 200 places sur le département, pour que les femmes puissent être hébergées et accompagnées. En avril 2022 près de 150 personnes sont logées à l'hôtel». La décision dépend de la politique nationale. Quand on a l'argent, on trouve facilement des solutions d'hébergement «mais il faut d'abord avoir l'argent». Aline Perrigault souligne : «depuis le meurtre de Marie, au cours du mois d'avril, il y a eu 246 personnes mises en sécurité».

Pour ce projet, Aline Perrigault sollicite le collectif de Villejean : « vous allez pouvoir nous aider à réfléchir de façon pertinente, sur ce que vous avez besoin».  Une obligation : décloisonner le travail des professionnels et des bénévoles.

(1) L’Asfad est une association rennaise créée en 1969 pour soutenir les femmes en difficulté, seules ou avec enfant, notamment dans le cadre des violences conjugales.





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