Un club de foot, du sport pour les femmes le dimanche matin et beaucoup de projets d’avenir. Melting Potes s’est relancé à l’été 2021 à Villejean. Une initiative d’Abdel et Nourine, des trentenaires du quartier, sportifs et engagés.
13 novembre 2021, parc du Berry. L’équipe des moins de 17 ans encadrés par Nordine et Abdel
Abdel Zakir
Même s’il ne fait que quelques degrés au Parc du Berry, les jeunes ne sentent pas le froid. Ils courent, ballon au pied, sur le terrain de football. C’est un samedi, le match prévu a été annulé suite au désistement de l’équipe adverse.
Nordine Mouzaoui et Abdel Zakir, respectivement président et vice président de Melting Potes, arbitrent la rencontre amicale. Bien qu’il n’y ait pas d’enjeu de compétition ce jour-là, ils encouragent la trentaine de jeunes à se dépasser. L’équipe n’a que deux mois d’existence et les résultats sont là : premier au classement du district pour les moins de 17 ans ( U17).
Abdel, dans la vie salarié dans le domaine de la sécurité ferroviaire, est heureux de me raconter les débuts du club.
De réunions en démarches administratives, Abdel et Nordine défendent leur projet auprès de l’élu du quartier. Ils annoncent la formation de deux équipes, une en catégorie séniors et une en U17. Le feu vert municipal est donné. Ils pourront utiliser le terrain du Parc du Berry le week-end pour les matchs. Et deux soirs par semaine, pour l’entraînement.
Nordine Mouzaoui et Abdel Zakir, respectivement président et vice président de Melting Potes, arbitrent la rencontre amicale. Bien qu’il n’y ait pas d’enjeu de compétition ce jour-là, ils encouragent la trentaine de jeunes à se dépasser. L’équipe n’a que deux mois d’existence et les résultats sont là : premier au classement du district pour les moins de 17 ans ( U17).
Abdel, dans la vie salarié dans le domaine de la sécurité ferroviaire, est heureux de me raconter les débuts du club.
« Nous sommes une dizaine de trentenaires du quartier, anciens joueurs de foot du Cercle Paul Bert Villejean, ou du FC Mosaïque. Le club de foot Melting Potes, c’est d’abord une idée un projet qui nous tient à cœur. Sans expérience, nous nous sommes tournés vers des gens de confiance : Carla Lorenzoni, qui nous avait connus jeunes à l’époque de la Maison Verte. Et Pierre De Person, un des animateurs de Breizh Insertion Sports. Ce sont eux qui nous ont suggéré de faire renaitre de ses cendres une association créée en 2005 et en sommeil depuis 2016. Et de nous rapprocher de la ville de Rennes pour obtenir un soutien logistique »
Soutenus par la ville
De réunions en démarches administratives, Abdel et Nordine défendent leur projet auprès de l’élu du quartier. Ils annoncent la formation de deux équipes, une en catégorie séniors et une en U17. Le feu vert municipal est donné. Ils pourront utiliser le terrain du Parc du Berry le week-end pour les matchs. Et deux soirs par semaine, pour l’entraînement.
Christophe Fouillère, élu de Villejean, justifie son soutien à Melting Potes :
« J'ai rencontré les porteurs du projet. Ils m'ont semblé motivés et en capacité de s'organiser pour réussir. C'est un beau pari. J'ai dit banco : on les accompagne. »Le coup d’envoi de Melting Potes a été donné le 17 juillet 2021, sous forme d’une animation grand public autour du football. Elle a réuni cent-vingt gamins au parc du Berry. Cette expérience a été une grande première pour les dirigeants de l’association. Une preuve de leur capacité à mobiliser la population.
Julien Ory le fondateur : "Une alternative à l'ennui et à l'errance"
Julien Ory, le président d’honneur de la nouvelle association Melting Potes, est présent ce jour de novembre au bord du terrain. C’est lui qui tenait à bout de bras l’association à sa création en 2005. Né rue du Bourbonnais à Villejean, Julien Ory avait réagi aux émeutes qui avaient embrasé les banlieues dans toute la France. Pour promouvoir le brassage des populations, rien de mieux que les activités sportives !
« Toutes les activités proposées aux jeunes - foot en salle, musculation, stages de moto cross et même un séjour de ski en 2011 - étaient gratuites. Je tenais à cette gratuité. Au début, la ville nous soutenait. Elles nous donnaient accès à des salles pour l’entraînement de boxe par exemple. Et puis petit à petit, une autre logique a été mise en place. Je suis fier qu’une autre équipe reprenne le flambeau. Les dirigeants essaient de faire quelque chose de bien et d’utile. Le sport est porteur de valeurs. Il est aussi une alternative à l’ennui et à l’errance. Et dans ce quartier, c’est bien de ça dont souffrent les jeunes déscolarisés à la dérive. »
« La compétition s’accompagne de valeurs fortes »
Sur le terrain du parc du Berry, les moins de 17 ans continuent leur match. Originaires pour la plupart de Villejean et de Beauregard, ils jouaient auparavant dans d’autres clubs : CPB, FC Beauregard, Pacé ou Vezin-le-Coquet. Le vice-président ne tarit pas d’éloge sur ses recrues :
« Une trentaine de joueurs chez les jeunes, c’est beaucoup pour une seule équipe mais il n’est pas question de refuser qui que ce soit. Nous veillons à ce que les joueurs tournent sur le terrain. Comme ils sont potes dans la vie, ils acceptent volontiers de laisser la place au copain. Malgré quelques difficultés à les gérer quand ils sont tous ensemble, globalement ce sont « des crèmes ».Abdel et Nordine insistent auprès des jeunes sur le respect des règles et de l‘adversaire, et sur le fair play :
« Les jeunes aiment la compétition, c’est l’essence même du sport. Mais la compétition s’accompagne de valeurs fortes. Nous avons un avantage : les jeunes se reconnaissent en nous. Nous sommes systématiquement présents aux entrainements et aux matchs, ce qui fait quatre rendez-vous par semaine. Nous avons reçu le renfort de Yannis, un éducateur de 22 ans. Il est spontanément venu vers nous pour coacher l’entrainement des jeunes. Et ça marche. »
Pour les femmes : le fitness déjà, le foot peut-être
Le foot n’est pas la seule activité sportive créée depuis la rentrée de septembre. Un cours de fitness est proposé le dimanche matin dans un gymnase du quartier. Une solution pour les femmes, qui manquent de temps ou de moyens pour fréquenter une salle de sports.
« La demande est venu des femmes elles-mêmes et elle se sont trouvées un coach. Les femmes sont prêtes à s’investir dans l’association » explique Abdel. « La suite ? Nous avons pensé à monter une équipe de foot féminine. Il y a aurait des candidates. Mais il manque l’encadrement. Appel aux bonnes volontés ! »
Melting Potes a démarré sans subventions, sauf pour l’organisation de la journée du 17 juillet au Parc du Berry. Les dirigeants ont acheté sur leurs propres deniers des ballons et les premiers jeux de maillots. Grâce à leur réseau amical, ils ont reçu quelques dons de commerçants et d’entrepreneurs du quartier. Tous sont convaincus de l’utilité du club . Abdel est sur la même ligne que le fondateur Julien Ory :
« Le pire ennemi des jeunes, c’est l’ennui. Nous avons vu des tas de jeunes de notre génération choisir des voies peu glorieuses qui les ont emmenées vers des impasses. Un club de football dans lequel on se sent bien est une alternative au désœuvrement. Ce club va profiter à tout le quartier. »
TEXTE ET PHOTOS : CATHERINE VERGER
Pierre de Person, éducateur de Breizh Insertion Sports
« C’est un partenariat qui entre dans mon domaine d’action. Cette initiative mérite d’être soutenue. Elle émane de bénévoles et non pas de professionnels, ce qui est d‘autant plus louable. Cette association, ce club de foot ne vont pas révolutionner le quartier, mais ses encadrants qui ont la trentaine viennent du quartier, ils ont du recul, ils y croient. Ils ont mobilisé beaucoup de jeunes. C’est formidable de les voir sur le terrain et que tout se passe bien.
J’ai aidé les dirigeants à se rapprocher des institutions. Ils ont été reçus par l’élu de quartier, les responsables sportifs municipaux. Le sport, c’est compliqué à Rennes. L’offre est riche, il y a énormément de clubs, tous demandent des accès aux disponibilités d’infrastructures. Mais ce n’était pas ça le plus difficile. C’était la préparation en amont. Montrer que c’est possible. »
J’ai aidé les dirigeants à se rapprocher des institutions. Ils ont été reçus par l’élu de quartier, les responsables sportifs municipaux. Le sport, c’est compliqué à Rennes. L’offre est riche, il y a énormément de clubs, tous demandent des accès aux disponibilités d’infrastructures. Mais ce n’était pas ça le plus difficile. C’était la préparation en amont. Montrer que c’est possible. »
Ils parlent de leur club
Yannis, 15 ans, en seconde au lycée professionnel, option mécanique :
« J’aime le foot depuis que je suis tout petit. J’ai joué à Cleunay et Vezin le Coquet. Je suis motivé de venir jouer ici. L’ambiance me plait, je connais presque tous les joueurs. On s‘entend bien. Je voudrais devenir footballeur professionnel, je passe des tests pour entrer dans un club professionnel. Si j’ai confiance en moi, j’atteindrai un haut niveau. »
Marouan,15 ans, lycéen en seconde à Victor Helene Basch.
« Je suis venu au club encouragé par Nordine, mon frère, qui en est le président. Mes clubs précédents: CPB Villejean, FC Beauregard, Tour d’Auvergne Futsal. Ici, on se connaît tous, on est ou amis ou cousins. L’horaire des entrainements est tardif - 20h30-22h - mais comme c’est convivial, on prend du plaisir. Y’a beaucoup de talents dans l’équipe. »
« Je suis venu au club encouragé par Nordine, mon frère, qui en est le président. Mes clubs précédents: CPB Villejean, FC Beauregard, Tour d’Auvergne Futsal. Ici, on se connaît tous, on est ou amis ou cousins. L’horaire des entrainements est tardif - 20h30-22h - mais comme c’est convivial, on prend du plaisir. Y’a beaucoup de talents dans l’équipe. »
Mickail,15 ans. reprend le foot après 2 ans d’arrêt, suite à une blessure.
« J’ai plein d’amis dans l’équipe. Il n’y a pas d’embrouilles entre nous. Même s’il n’a que quelques mois d’existence, c’est un club sérieux. J’espère améliorer mon niveau et progresser. Si je n‘étais pas là ce samedi, je serais devant la télé. »
Ala Edine,16 ans, gardien de but, lycéen en première à Bréquigny.
« C’est bien de connaître les gens avec lesquels on joue, on s’est connu pour la plupart au collège. Nous sommes deux gardiens de but. Selon l’équipe en face, l’entraîneur fait jouer l’un ou l’autre. Quand on joue ici, on est sérieux. »
« C’est bien de connaître les gens avec lesquels on joue, on s’est connu pour la plupart au collège. Nous sommes deux gardiens de but. Selon l’équipe en face, l’entraîneur fait jouer l’un ou l’autre. Quand on joue ici, on est sérieux. »
Hannes, 14 ans, en seconde au lycée Victor et Hélène Basch, habite Beauregard.
« Si je n’étais pas là, je serais en train de jouer à des jeux de foot sur ma PlayStation. Je suis plus à l’aise à Melting Potes qu’à Pacé où je jouais avant. Ici, je connais tout le monde. A la première réunion de présentation du club, Nordine et Abdel m’ont convaincu. Ils sont très investis, présents à tous les matchs, ça fait plaisir ! Nordine est strict, il nous surveille, on a intérêt à se respecter sur le terrain. »
« Si je n’étais pas là, je serais en train de jouer à des jeux de foot sur ma PlayStation. Je suis plus à l’aise à Melting Potes qu’à Pacé où je jouais avant. Ici, je connais tout le monde. A la première réunion de présentation du club, Nordine et Abdel m’ont convaincu. Ils sont très investis, présents à tous les matchs, ça fait plaisir ! Nordine est strict, il nous surveille, on a intérêt à se respecter sur le terrain. »
Elias, 19 ans, le plus jeune de l’équipe seniors, habite une petite résidence à Villejean,
ancien joueur au FC Mosaïque.
« Melting Potes, c’est un club sans moyens qui commence tout en bas du classement - pour les seniors en D4 - mais ça mérite quelques sacrifices. On est nombreux, bien encadrés. On kiffe de jouer avec des amis et des membres de la famille. L’esprit de compétition existe sur le terrain, mais après le match, l’ambiance est super. C’est le nouveau club de quartier Je suis sûr que ça va marcher. Petit à petit, il y aura de plus en plus de joueurs, plus de licences, plus d’aides financières. On nous appellera un jour "Le club de Villejean." »
ancien joueur au FC Mosaïque.
« Melting Potes, c’est un club sans moyens qui commence tout en bas du classement - pour les seniors en D4 - mais ça mérite quelques sacrifices. On est nombreux, bien encadrés. On kiffe de jouer avec des amis et des membres de la famille. L’esprit de compétition existe sur le terrain, mais après le match, l’ambiance est super. C’est le nouveau club de quartier Je suis sûr que ça va marcher. Petit à petit, il y aura de plus en plus de joueurs, plus de licences, plus d’aides financières. On nous appellera un jour "Le club de Villejean." »
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