Sylvie Texier, qui a été institutrice, puis documentaliste, enfin principale adjointe au collège Rosa Parks jusqu'à l’été 2021, a toujours choisi d’exercer dans des établissements difficiles en Bretagne. Rosa Parks en est un. Ses huit années dans l’établissement ont été synonymes d’engagement quotidien pour les jeunes et leurs familles :
« C’est un public attachant. Les élèves ont besoin de bienveillance et d’attention. C’est pour ça qu’on est là. Nous, on sème et on espère que ça germe. »
Les dernières semaines avant de partir en retraite, la principale adjointe est encore bien occupée. Elle prépare les emplois du temps de la rentrée pour son successeur. Nous évoquons ses derniers mois en fonction, marqués par le confinement COVID et la contrainte du travail scolaire à distance.
Garder le lien, quelles que soient les difficultés du dialogue avec les élèves. Quels que soient les dérapages comme ces incivilités et ces violences dans l’enceinte scolaire, ou juste à côté.
La principale adjointe est lucide. A Villejean, le contexte social est difficile.
Un cadre de vie sécurisant
Sylvie Texier s’inquiète pour ces élèves qui décrochent.
Parmi les solutions pour améliorer la vie scolaire et réduire la violence sous toutes ses formes, Sylvie Texier cite les cours d’éducation à la citoyenneté. On y aborde les dangers de l’utilisation excessive des réseaux sociaux. Autre priorité : la sensibilisation des élèves aux relations entre garçons et filles :
« L’équipe pédagogique a tout le temps été présente au collège. On a imprimé 3 000 photocopies pour ceux qui manquaient d’imprimantes à la maison, distribué des devoirs dans les boîtes aux lettres, et même envoyé les documents par courrier jusqu’en Mayenne où un élève s’était confiné. On a gardé le lien ! »
Dialoguer avec les jeunes et leurs parents
Garder le lien, quelles que soient les difficultés du dialogue avec les élèves. Quels que soient les dérapages comme ces incivilités et ces violences dans l’enceinte scolaire, ou juste à côté.
« Les violences les plus spectaculaires - mais elles sont rares - sont les bagarres qui ont lieu à la sortie du collège. Ces règlements de comptes devant l’établissement sont provoqués par des rumeurs, des commérages qui n’ont rien à voir avec le collège et qui se développent sur les réseaux sociaux. Je ne suis pas connectée personnellement. Je ne vois pas tout ce qui s’échange entre les élèves. Mais les effets sont là. Il faut réussir à démêler l’origine du conflit et pouvoir en parler avec les jeunes et leurs parents. »
Seuil de tolérance
La principale adjointe est lucide. A Villejean, le contexte social est difficile.
« 67 % de population défavorisée dans le quartier. Certains parents qui ne savent ni lire, ni écrire. L’éloignement du milieu éducatif. Et l’incapacité des adultes à se servir des outils internet. »Le manque de règles à la maison peut entraîner au collège des comportements irrespectueux.
« Un élève s’est déjà adressé à moi en me disant "Vous me cassez les couilles". Des professeurs aussi se font insulter. On reprend les élèves qui parlent mal entre eux ou qui parlent mal aux adultes. »Le collège a un seuil de tolérance élevé avant d’exclure un élève. Des solutions alternatives sont proposées : plutôt que l’exclusion définitive, l’exclusion avec sursis. Ou des sanctions de un ou deux jours, avec obligation de cours à la maison et un suivi par des éducateurs.
Un cadre de vie sécurisant
Sylvie Texier s’inquiète pour ces élèves qui décrochent.
« Ils se bercent d’illusion : ils pensent que les efforts à l’école ne servent à rien. Confrontés à la vraie vie, ils vont tomber de haut. Quand on leur pose la question "Que veux-tu faire plus tard ?" des filles me répondent : "Je voudrais vivre à Dubaï !". Et des garçons qui aiment taper dans le ballon : "Je voudrais devenir footballeur professionnel". Il y a un gros travail à faire pour les aider à choisir une orientation professionnelle ! »La principale adjointe considère le collège comme un lieu important de socialisation.
« Les jeunes se sentent bien au collège. Certains soirs, ils n’ont pas envie de le quitter. C’est un cadre de vie sécurisant pour eux. On s’occupe d’eux alors qu’à la maison, certains parents sont quelquefois absents »
Le renfort des éducateurs
Parmi les solutions pour améliorer la vie scolaire et réduire la violence sous toutes ses formes, Sylvie Texier cite les cours d’éducation à la citoyenneté. On y aborde les dangers de l’utilisation excessive des réseaux sociaux. Autre priorité : la sensibilisation des élèves aux relations entre garçons et filles :
« Nous avons un partenariat extraordinaire avec l’ASVB, Avenir Santé Villejean Beauregard. Ils interviennent dans les classes de troisième. Au printemps, pendant une matinée, les élèves découvrent par groupes une dizaine des lieux de santé du quartier : pharmacie, laboratoires, médecin. Ils sont préparés en amont. On les fait discuter en groupe restreint sur leur vie affective. »S’appuyer sur des structures partenaires est un avantage pour le collège. Autre exemple, la présence d’éducateurs à la sortie des cours.
« On a l’habitude de travailler avec Relais 35. Ils viennent souvent. Ils sont proches des élèves, des familles, des enseignants. »Enfin, la principale adjointe se félicite qu’un ancien prof du collège, un bénévole, donne des cours de langues aux parents.
« Des cours du soir pour apprendre le français. Des gens de tout le quartier y viennent, pas seulement nos parents d’élèves. »Catherine Verger