Les brodequins résonnent sur le pavé, des nervis encadrent le défilé : Marine Le Pen est en marche vers l'Élysée. Partie de loin, la colonne frontiste a grossi à chaque carrefour de la démocratie Au 1er tour de la Présidentielle de 2002, le vieux Le Pen avait obtenu 4,8 millions de voix ; dimanche, l'héritière en a capté 7,6 millions. Le pays s'y est accoutumé. En 2002, les Français s'étaient opposés en masse, aujourd'hui ils regardent passer le défilé, écoutent les poitrines frontistes chanter. En tête, les futurs ministres FN de la Justice, de l'Education et de la Culture crient aussi Les étrangers dehors - Non à l'Europe – Oui à la peine de mort… Devant, la cheffe sourit, le menton triomphant. Sur le trottoir, Mélenchon se tait. Si l'abstention s'étend, si Macron et les autres lui laissent la clientèle des Français qui se sentent abandonnés, elle sera Présidente. Peut-être pas le 7 mai mais dans cinq ans. Ou dix ans. Au pire.
Michel Rouger
Michel Rouger