Les lois de l’information sont ainsi : dans le fracas des nouvelles sur les barbaries politiques, chaque rédaction, chaque lecteur, fait le tri entre les victimes comme il choisit ses héros. Poids des images, de la proximité, de la lassitude… C’est ainsi que des combattants de la liberté croupissent par milliers dans les basses fosses de l’oubli. Par exemple, Alaa Abdel Fattah. En 2011, il était parmi les jeunes égyptiens qui faisaient la Une de nos journaux pour avoir défié puis chassé le dictateur Moubarak. Onze années ont passé et il en a vécu huit dans les geôles de Sissi, le nouvel autocrate. Combien sont-ils de « terroristes » emprisonnés ainsi en Egypte, Syrie, dans les pétro-dictatures ? Alaa Abdel Fattah a entamé une grève de la faim, il tient depuis cinquante-cinq jours, son nom aujourd’hui est réapparu. Fugacement mais assez pour nous interroger sur le pourquoi de nos choix et de nos oublis.
Michel Rouger
Michel Rouger