Des éclaircies ont enfin percé les nuages lourds du chômage, des attentats, de l'impuissance. Place des Citoyens, des foules se rassemblent. Jeunes, vieux, salariés, chômeurs, étudiants, précaires… Ils se parlent, smartphones et journaux en main. Le gouvernement a commencé à reculer sur ses funestes projets de loi. Une armée inédite de journalistes a fait exploser un scandale planétaire d'évasion fiscale. Sur la place, s'élancent les mots et les rêves. Le vieux monde est en train de craquer, figé dans les dogmes d'un capitalisme primitif gavé d'inégalités, soumis à une hyperbourgeoisie ruisselante de richesses et coupée des peuples telle une Rome décadente. Un autre monde apparaît qui restera dans les esprits, quoi qu'il arrive. Au loin, un homme passe sur le trottoir, regarde à droite et entre dans une impasse. « En marche ! », dit sa pancarte. « C'est Macron », dit une voix. On rit. C'est le printemps.
Michel Rouger
Michel Rouger