Sans une trop grande préparation préalable, Elisabeth Schneider dissocie le moment de la prise de vue et celui du son. Pourtant bien que ce dernier est lieu en aval des prises de vue, il est constitutif du travail car la parole de Brigitte – unique bande-son de la POM – permet à Schneider de ramener les images dans la réalité, ou plus encore dans l’expérience de la personne photographiée. Plus que l’image, le son fait acte de présence et inscrit le travail de Schneider dans le témoignage. Le photographe réadopte ici une position de passeur.
Volontairement, Elisabeth Schneider a souhaité que certaines images soient très descriptives arguant ainsi son refus de l’image choc et sa volonté d’incorporer des images de liaison qui permettent d’avancer et d’écrire une narration.
Cherchant à faire une POM « coup de poing » selon ses termes, Elisabeth Schneider a désiré condenser et déstructurer son travail, allant jusqu’à casser la bande sonore. Le montage s’est largement focalisé sur la question du rythme parfois stroboscopique du passage des images. Sur les conseils de ses formateurs, elle a évité le plus possible le fond enchaîné – un seul est présent durant les deux minutes – et l’a remplacé par des cuts. Ce montage cherche à reproduire visuellement l’expérience de Brigitte et à offrir un visuel proche des sensations physiques qu’elle peut ressentir telle la tension. La bande-son reprenant simplement la voix hachurée et la diction parfois difficile et douloureuse de Brigitte se cale sur le rythme cardiaque et permet de faire écho aux respirations et au silence qu’impose la maladie.
Anaïs Feyeux photographie.com