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Lycée Issat – Ekofoda Togo

Les jeunes de Redon (Bretagne) et de Tchébébé (Togo) imaginent une autre agriculture
Jeudi 20 Juin 2024

Hervé Chaplais : le pouvoir d’agir au cœur de l’éducation populaire



Les jeunes partis en stage au Togo ont écrit plusieurs articles dans le Journal des lycées, réalisé par le Lycée Issat avec Ouest-France. Comment éduquer les jeunes aux médias ? Comment susciter le « pouvoir d’agir » ? Eléments de réponse avec Hervé Chaplais, enseignant en éducation socioculturelle, référent du journal depuis 2016, coauteur de « 45 repères pour animer et développer le pouvoir d’agir » (*).


Le Lycée Issat de Redon réalise un Journal des lycées avec Ouest-France depuis une vingtaine d’années. Quel intérêt pour vous ?
Avec ce journal, nous donnons à voir ce qui se passe dans le lycée mais aussi, ce qui se passe dans le monde. C’est un outil d’information, c’est aussi un outil de valorisation des élèves, de ce qu’ils font dans l’établissement tout au long de leur parcours scolaire. L’éducation aux médias fait partie du champ de compétences en éducation socioculturelle comme l’éducation à la citoyenneté. Les jeunes doivent pouvoir mener des enquêtes pour comprendre le monde qui les entoure. Enquêter, c’est savoir recueillir des informations, les hiérarchiser, repérer les sources pertinentes et rejeter les fausses informations, être en position d’empathie vis-à-vis des personnes rencontrées, être capable d’exprimer un constat, une analyse, un point de vue accessible à un public… Il est intéressant d’accompagner des jeunes dans la formulation de leur regard sur le monde.
 
Comment procédez-vous ?
Nous sommes trois enseignants à porter cette initiative, Anaëlle Thomas, Juliette Jaudon et moi-même, accompagnés d’un journaliste référent de Ouest-France. Dans le cadre de nos activités pédagogiques, nous travaillons avec les jeunes à la réalisation d’articles. Avec l’équipe pédagogique, nous réfléchissons aux thèmes qui pourraient être abordés dans le journal. Nous les proposons aux élèves. Ainsi, plusieurs classes peuvent participer à l’écriture du journal.

Parlez-nous du « pouvoir d’agir »…
Cette notion a déjà une longue histoire. On l’appelle aussi parfois capacitation, empouvoirement, puissance d’agir ou encore, en anglais, empowerment… L’idée est de créer des situations pédagogiques dans lesquelles les apprenants peuvent eux-mêmes mobiliser des connaissances, des savoir-faire et développer des capacités à partir de situations proposées par les enseignants. C’est l’école tout entière qui doit initier ce pouvoir d’agir des apprenants. Elle doit être un lieu dans lequel on a développé une estime de soi, on s’est émancipé, on arrive à exprimer son point de vue, à dialoguer, un lieu qui nous a outillés pour vivre au sein de notre famille, de nos amis, du milieu professionnel ou associatif. Un lieu où l’on arrive à mieux lire le monde social qui nous entoure. L’école devrait laisser de bons souvenirs, un lieu où l’on a développé son pouvoir d’agir.
 
De quelle manière concrétiser ce « pouvoir d’agir » ?
Notre idéal serait de constituer un club médias qui prenne en charge, de A à Z, la réalisation du journal, dans le cadre des activités de la vie scolaire. Un club constitué de jeunes lycéens pouvant mobiliser d’autres jeunes pour les interviewer, pour écrire des articles, animer un comité de rédaction, suivre la construction du journal. Ainsi, le journal pourrait davantage devenir un outil d’interpellation et de réflexion faisant entrer les jeunes, de plain-pied dans les réflexions qui animent la société. C’est ce que nous avons commencé à faire avec l’édition spéciale qui doit paraître à l’occasion du Space, Salon international de l’élevage et de l’agriculture, pour laquelle notre lycée a été sélectionné par la Draaf, Direction régionale de l'alimentation, de l'agriculture et de la forêt, et Ouest-France. Un autre projet d’édition va voir le jour à la rentrée sur le bien-être, entièrement monté par des élèves.
 
Propos recueillis par Tugdual Ruellan.

Hervé Chaplais s’est formé à la sociologie et à l’éducation populaire. Il s’est toujours intéressé, au cours de ses études, au champ journalistique et aux médias. Un inspecteur l’a incité à participer à l’écriture d’un module du référentiel de formation, le module d’animation pour la filière sapat, Services aux personnes et animation dans les territoires « Au cœur de la sociologie et de l’éducation populaire, explique-t-il, il y a la pratique, la théorie et la formation. La réflexion a débouché sur la réalisation d’un ouvrage pour outiller les enseignants d’un point de vue théorique, didactique et pratique sur l’animation socioculturelle en précisant l’exigence du développement du pouvoir d’agir des apprenants et des publics. »
 
(*) « 45 repères pour animer et développer le pouvoir d’agir », Hervé Chaplais et Magali Cantin, éditions educagri, 2023


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