2019 07 04 Dans le Kivu meutri par les guerres des milliers de paysans solidaires.wav (37.39 Mo)
A 60 ans cette année, Joachim Munganga, le président de la coopérative Sopacdi (plus de 8 000 petits producteurs de café) est l'un de ces hommes et de ces femmes du Kivu qui jamais ne baisseront les bras face aux drames qui s'acharnent sur leur pays. De passage en France à l'invitation d'Artisans du Monde, il revient sur l'origine de cette aventure paysanne qui est en partie la sienne.
Nous sommes dans la région de Minova, ça fait partie de la province du Sud Kivu mais à 50 km seulement de Goma. Mon père était producteur de café et c'est grâce à cela que j'ai pu partir faire des études d'infirmier.
"Le café du Kivu a fini par disparaître, les producteurs étaient découragés"
Il y eut en effet une époque, il y a un demi-siècle maintenant, où le café du Kivu était réputé et se vendait correctement :
Joachim peut s'en aller en ville poursuivre sa scolarité puis faire des études d'infirmier. Durant une dizaine d'années, il est loin des champs. A son retour, il découvre la détresse des siens.
Infirmier, Joachim parcourt les villages, soigne les corps puis les esprits. Il est connu et apprécié, considéré. Il s'interroge : comment les sortir de là ? Un jour, au Rwanda, il rencontre une ONG rwandaise, la COOPAC. Celle-ci l'encourage à créer une coopérative. Joachim Munganga regroupe quelques petits producteurs du Kivu. Nous sommes en 2002. La Sopacdi vient de naître.
Le café est arrivé par les colonisateurs. Après l'indépendance, de 1960 à 1972, au meilleur moment de Mobutu, il allait bien, il se vendait dans la région. Celui qui n'avait pas de caféiers ne trouvait pas sa place dans la société.
Joachim peut s'en aller en ville poursuivre sa scolarité puis faire des études d'infirmier. Durant une dizaine d'années, il est loin des champs. A son retour, il découvre la détresse des siens.
La malaria sévissait. Les institutions publiques étaient faibles et les gens n'avaient pas les moyens dans les dispensaires privés. A cette période-là, les prix ont chuté à cause de responsables gouvernementaux. Certains avaient pris les entreprises des colons et prétendaient les gérer depuis Kinshasa, la capitale, à 2000 km de là à vol d'oiseau. Les producteurs ont alors décidé de vendre sur le marché parallèle au Rwanda en traversant le lac Kivu. C'était dangereux. Des bandits attaquaient, bien des pirogues ont chaviré sur le lac, des gens perdaient la vie. Le café du Kivu a fini par disparaître au profit du café du Rwanda et de l'Ouganda. Les producteurs étaient découragés. Les familles ne pouvaient plus subvenir à leurs besoins et se sont mis à couper les arbres. La déforestation a été catastrophique.
Infirmier, Joachim parcourt les villages, soigne les corps puis les esprits. Il est connu et apprécié, considéré. Il s'interroge : comment les sortir de là ? Un jour, au Rwanda, il rencontre une ONG rwandaise, la COOPAC. Celle-ci l'encourage à créer une coopérative. Joachim Munganga regroupe quelques petits producteurs du Kivu. Nous sommes en 2002. La Sopacdi vient de naître.
Voir aussi les sites d'Oxfam-Belgique et Lobodis
UN REPORTAGE DE TV5 MONDE SUR LE CAFÉ ÉQUITABLE AU KIVU
13 mn sur la vie quotidienne des producteurs et leurs coopératives, Raek et Sopacdi