J'AURAIS PAS FAIT COMME CA par la Cie Ocus
Avec Claire Laurent, Anna Hubert, Benoît Bachus, David Bourthourault, Camille
Cervera, Yann-Sylvère Le Gall.
Accompagnée par Odile Lhermitte
Quel joli bazar ! D’où viennent ces voix ? De quelles coulisses ? Où penchent les
mâts ? Les tables ? Les guirlandes ? Où est-on ? Rien qu’un rideau noir tendu et
des gradins remplis à ras bord dans la salle polyvalente de Montreuil-sur-Ille,
en Bretagne un vendredi soir d’avant-première !
C’est une avant-première et les voix nous viennent de derrière, d’à côté, du
dessus. Le silence est fait, les lumières sont crues sur rien, et le rien déjà
s’habite. Ils disent que c’est le moment, qu’ils ne sont pas prêts, on les entend
sans les voir, il se passera toujours quelque chose devant, et quelque chose
derrière : c’est comme ça la vie !
La vie de la Compagnie OCUS ! Elle qui, ce soir, reçoit.
Cela fait plus de vingt ans qu’on les suit, et pour cause, ils sont d’ici, de ce coin
de Rennes et alentour et les quinze ou vingt acteurs, comédiens, bricoleurs,
savants savonneurs vieillissent avec nous, pardon, grandissent le long de nous,
au final nous dépassent un brin, un bras de poésie.
Hier soir. Rendez-vous pris.
Six à débarquer dans le halo de la scène de la salle polyvalente devenue tant sa
polyvalence l’est un monde à part, un monde Ocus. C’est la Compagnie
Optimiste Créatrice d’Utopies Spectaculaires qui régale !
D’abord en mime, en mômes, en acharnés qui se heurtent sans heurter,
gestuelles ordonnées désordonnées, ils s’avancent avec poubelle noire et
accessoires cheaps, trois tables à pieds pliants et quelques chaises, des cartons,
des sacs à dos et une valise à roulettes. Ils vont, viennent, courent, sautent,
dansent un ballet dense, foncent, s’évitent, défont ce que d’autres font, refont
ce que l’autre défait. Le bouquet final (Première scène, Acte Un !) est un
bouquet. Un vrai !
Posé délicatement au beau milieu de tout, de rien par cette bande maladroite
et plus à gauche. Le bouquet est délicat, dans un vase, déposé-là pour quelle
cérémonie ! Le théâtre peut commencer.
Puis le bouquet que la mêlée disparate des six acteurs a déposé comme un
totem est emporté aussi sec, balayé, envolé. Il reviendra comme le furet,
disparaîtra en pièces détachées, pardon, en fleurs. Il sera l’œuvre en train de se
faire et de se défaire : la magie est assurée.
Ce qu’on vous dit de ce qu’on a vu et entendu est un déploiement de mots
balbutiés, dont l’écho replace comme le bouquet, le sens à sa place ou presque
toujours à côté !
Les dialogues sont impossibles et pourtant ils parlent. Mieux ils se parlent.
Les six acteurs, quatre hommes et deux femmes, font au final un spectacle qui
s’est sans cesse défait et refait. Pardon, construit et déconstruit ! Il y a les choix
qui se posent, celui qui voudrait faire autrement, celui qui n’aurait pas fait
comme-ça mais plutôt comme-ci voire comme si tout le monde voulait attraper
en même temps le même réel : impossible et pourtant ! La pièce qui est jouée
devant nous n’est rien de moins que métaphysique !!
L’un veut que la proposition rouge ne soit pas excluante, qu’il y ait aussi du
blanc, et ça pourrait être un en même temps qui se boit au cubi de rosé !
En ces temps si affligeants de Gaza écrabouillée ou d’Ukraine en charpies, on
assiste à une guerre sur scène digne d’Alfred Jarry, l’autre feu-voisin de Rennes
et de Laval et de Saint-Brieuc-les-Choux ! Les bouchons voltigent, les canons
(boire le sens !) tonnent, et, au tonneau, il y a six acteurs qui trinquent et font
la ronde avec des angles, on appelle ça un polygone.
Ocus réussit toujours ce tour de force de réunir tous ses publics. Ils ont tous les
âges. Les enfants crient en écho des acteurs, les parents se marrent de leurs
enfants et des acteurs et, les plus vieux, nous, sourions de bout en bout, ravis
des facéties, ravi d’un ravissement qu’on va nommer, en liste :
Poétique, métaphorique, existentialiste, décaliste et totalement foutraquiste !
Le foutraque, c’est de l’ordre !
Le chaos, c’est de l’organisation !
Les six acteurs forment un pentagone, retenez la leçon ! Le cours est vite fait
bien fait ! Six côtés pour la vie du bon côté, encore en liste :
Poétique, lyrique, déconniste, philosophique et, last but not least,
pataphysique !
Troisième et dernière liste, promis, en version accessoirisée et mode art brute :
Drap de lit et linceul cool, épingles à linge (en bois) et perce oreille, ordre de
table et fête à réussir, couverts en plastoc-éthique à mal, tout est à voir car
tout pétille, y compris le changement des six costumes en scène, d’où les
valises et les sacs à dos, voir plus haut, et le ballet des balais !
Lors d’un précédent spectacle, le Bistrodocus, avant Covid (comme on disait
avant JC !) le scénario accompagnait l’écriture à la craie sur une porte batwing
la phrase : de l’impossible de vivre ensemble et de l’art de quand même essayer.
Pareil, après Covid !
Ça devient une danse, une choré, une jolie bande-son, le septième personnage
de la scène !
À voir ! À revoir ! En famille, en solo ou à pédalo !
Gilles Cervera
24 février 2024
Voir programmation et tournées :
Compagnie OCUS | Théâtre itinérant
Compagnie OCUS
https://compagnie-ocus.com
Avec Claire Laurent, Anna Hubert, Benoît Bachus, David Bourthourault, Camille
Cervera, Yann-Sylvère Le Gall.
Accompagnée par Odile Lhermitte
Quel joli bazar ! D’où viennent ces voix ? De quelles coulisses ? Où penchent les
mâts ? Les tables ? Les guirlandes ? Où est-on ? Rien qu’un rideau noir tendu et
des gradins remplis à ras bord dans la salle polyvalente de Montreuil-sur-Ille,
en Bretagne un vendredi soir d’avant-première !
C’est une avant-première et les voix nous viennent de derrière, d’à côté, du
dessus. Le silence est fait, les lumières sont crues sur rien, et le rien déjà
s’habite. Ils disent que c’est le moment, qu’ils ne sont pas prêts, on les entend
sans les voir, il se passera toujours quelque chose devant, et quelque chose
derrière : c’est comme ça la vie !
La vie de la Compagnie OCUS ! Elle qui, ce soir, reçoit.
Cela fait plus de vingt ans qu’on les suit, et pour cause, ils sont d’ici, de ce coin
de Rennes et alentour et les quinze ou vingt acteurs, comédiens, bricoleurs,
savants savonneurs vieillissent avec nous, pardon, grandissent le long de nous,
au final nous dépassent un brin, un bras de poésie.
Hier soir. Rendez-vous pris.
Six à débarquer dans le halo de la scène de la salle polyvalente devenue tant sa
polyvalence l’est un monde à part, un monde Ocus. C’est la Compagnie
Optimiste Créatrice d’Utopies Spectaculaires qui régale !
D’abord en mime, en mômes, en acharnés qui se heurtent sans heurter,
gestuelles ordonnées désordonnées, ils s’avancent avec poubelle noire et
accessoires cheaps, trois tables à pieds pliants et quelques chaises, des cartons,
des sacs à dos et une valise à roulettes. Ils vont, viennent, courent, sautent,
dansent un ballet dense, foncent, s’évitent, défont ce que d’autres font, refont
ce que l’autre défait. Le bouquet final (Première scène, Acte Un !) est un
bouquet. Un vrai !
Posé délicatement au beau milieu de tout, de rien par cette bande maladroite
et plus à gauche. Le bouquet est délicat, dans un vase, déposé-là pour quelle
cérémonie ! Le théâtre peut commencer.
Puis le bouquet que la mêlée disparate des six acteurs a déposé comme un
totem est emporté aussi sec, balayé, envolé. Il reviendra comme le furet,
disparaîtra en pièces détachées, pardon, en fleurs. Il sera l’œuvre en train de se
faire et de se défaire : la magie est assurée.
Ce qu’on vous dit de ce qu’on a vu et entendu est un déploiement de mots
balbutiés, dont l’écho replace comme le bouquet, le sens à sa place ou presque
toujours à côté !
Les dialogues sont impossibles et pourtant ils parlent. Mieux ils se parlent.
Les six acteurs, quatre hommes et deux femmes, font au final un spectacle qui
s’est sans cesse défait et refait. Pardon, construit et déconstruit ! Il y a les choix
qui se posent, celui qui voudrait faire autrement, celui qui n’aurait pas fait
comme-ça mais plutôt comme-ci voire comme si tout le monde voulait attraper
en même temps le même réel : impossible et pourtant ! La pièce qui est jouée
devant nous n’est rien de moins que métaphysique !!
L’un veut que la proposition rouge ne soit pas excluante, qu’il y ait aussi du
blanc, et ça pourrait être un en même temps qui se boit au cubi de rosé !
En ces temps si affligeants de Gaza écrabouillée ou d’Ukraine en charpies, on
assiste à une guerre sur scène digne d’Alfred Jarry, l’autre feu-voisin de Rennes
et de Laval et de Saint-Brieuc-les-Choux ! Les bouchons voltigent, les canons
(boire le sens !) tonnent, et, au tonneau, il y a six acteurs qui trinquent et font
la ronde avec des angles, on appelle ça un polygone.
Ocus réussit toujours ce tour de force de réunir tous ses publics. Ils ont tous les
âges. Les enfants crient en écho des acteurs, les parents se marrent de leurs
enfants et des acteurs et, les plus vieux, nous, sourions de bout en bout, ravis
des facéties, ravi d’un ravissement qu’on va nommer, en liste :
Poétique, métaphorique, existentialiste, décaliste et totalement foutraquiste !
Le foutraque, c’est de l’ordre !
Le chaos, c’est de l’organisation !
Les six acteurs forment un pentagone, retenez la leçon ! Le cours est vite fait
bien fait ! Six côtés pour la vie du bon côté, encore en liste :
Poétique, lyrique, déconniste, philosophique et, last but not least,
pataphysique !
Troisième et dernière liste, promis, en version accessoirisée et mode art brute :
Drap de lit et linceul cool, épingles à linge (en bois) et perce oreille, ordre de
table et fête à réussir, couverts en plastoc-éthique à mal, tout est à voir car
tout pétille, y compris le changement des six costumes en scène, d’où les
valises et les sacs à dos, voir plus haut, et le ballet des balais !
Lors d’un précédent spectacle, le Bistrodocus, avant Covid (comme on disait
avant JC !) le scénario accompagnait l’écriture à la craie sur une porte batwing
la phrase : de l’impossible de vivre ensemble et de l’art de quand même essayer.
Pareil, après Covid !
Ça devient une danse, une choré, une jolie bande-son, le septième personnage
de la scène !
À voir ! À revoir ! En famille, en solo ou à pédalo !
Gilles Cervera
24 février 2024
Voir programmation et tournées :
Compagnie OCUS | Théâtre itinérant
Compagnie OCUS
https://compagnie-ocus.com