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Lycée Issat – Ekofoda Togo

Les jeunes de Redon (Bretagne) et de Tchébébé (Togo) imaginent une autre agriculture
Jeudi 18 Janvier 2024

En direct d’Ekofoda : journal de bord (4)



Six élèves de terminale bac professionnel Laboratoires du Lycée Issat de Redon (Ille-et-Vilaine) ont participé à un stage au Togo, du 2 au 19 novembre 2023, dans le centre de ressources en agroécologie de Tchébébé, Ekofoda. Patrice Sauvage, coordinateur du projet, a réalisé un journal de bord. Au jour le jour...


En direct d’Ekofoda : journal de bord (4)
Lundi 13 novembre, journée à Ekofoda avec ateliers pratiques dans les poulaillers pour un groupe d'élèves et visualisation des modules de formation pour d'autres. Je prends un temps avec Félix pour affiner notre projet d'accueil d'un SVI, service volontaire international,qui pourrait intégrer un volet formation-action au sein de notre lycée de Redon, afin de valoriser de nouvelles compétences à son retour à Ekofoda.
 
L'après-midi, les élèves prennent un temps avec Florence autour d’un module de formation « biopesticides » avec reconnaissance des arbres. Le neem biensûr, mais aussi le moringa, le papayer, une espèce de basilic, l'hostie, la citronnelle… Toute plante répulsive pouvant être transformée en biopesticide avec une fabrication artisanale. Il faut alors broyer la plante, mélanger avec de l'eau, ajouter du savon. Ce sont ces mêmes plantes qui pourraient servir pour la distillation et la fabrication de pesticides en plus grande quantité et avec une meilleure conservation. Repas au VK et petit foot pour la détente.
 
Mardi 14 novembre, nous remontons au nord, vers la région de Kara. Jusqu’à présent, la route nationale était plutôt en bon état. Cette fois, la route est plutôt dégradée et nous incite à la prudence. Après trois heures de route éprouvantes avec notre Toyota 15 places rempli à ras bord, nous arrivons à l’ITRA de Kara, Institut togolais de recherche agronomique. Nous imaginons que la structure est à la pointe de la recherche et de l’aide au développement agricole. Malheureusement, il n’en est rien. Le directeur nous reçoit dans un bureau aménagé pour la circonstance en salle de réunion. Nous n'aurons pas de visite de laboratoire et d'espaces de recherche car il n'y en a pas réellement. Seulement quelques chercheurs, un entomologiste, un écophysiologiste sont présents. La présentation de notre lycée et de nos laboratoires suscite l’étonnement. Nous visitons, avec le directeur, un espace dédié à un essai sur la résistance de variétés de maïs à la sécheresse.
 
La suite nous amène à l'Agropôle. C’était un de nos objectifs de notre montée vers Kara pour y voir notamment une unité de production de biopesticides par distillation. L’agropole, voulu par le président, semble se résumer à cet espace. Quelques formations supérieures en production végétale sont menées par l'université sur le même site. Nous découvrons donc une unité de fabrication sur le modèle imaginé avec un chauffe-eau bois et un volume de cuve assez important 5 m3. Le nec plus ultra semble être la distillation du gingembre dont l'huile essentielle comporte de nombreuses vertus et dont la région est fortement pourvue. Le gingembre pousse partout et le litre se vend très cher : environ 400.000 francs CFA (611 euros).

Au coeur de la production d'huiles essentielles

Mercredi 15 novembre, nous visitons une autre unité de production artisanale mise en place à quelques kilomètres par une ONG. Maglo, le responsable, nous accueille avec beaucoup d'enthousiasme sur la ferme agroécologique créée il y a trois ans, au beau milieu de la savane. Un forage permet d'irriguer les six hectares qui, peu à peu, sont exploités. Nous traversons des citronnelles de diverses variétés qui constituent une ressource importante pour la distillation car répulsive des insectes. Gingembre, menthe, eucalyptus complètent les propositions d'huiles essentielles. Menés de manière très professionnelle, des tests ont permis de vérifier l'effet de la citronnelle sur la conservation des céréales.
 
Nous découvrons une installation artisanale aux effets prometteurs : un volume de 2m3 cubes, dans une cuve inox, acquis pour 4.000.000 de francs CFA (6117 €). Notre hôte confie qu'il ferait plus gros s'il avait à refaire afin de valoriser l'énergie mise en œuvre pour la mise en chauffe. Mais la taille de l’appareil paraît bien adaptée à une production artisanale de biopesticides d'autant que le marché ne semble pas mis en place.
 
La visite est magnifique et nous partons au soleil couchant, heureux de cette rencontre, riche d’espoir. Les membres de l’association animent et soutiennent aussi des relations avec les enfants et les femmes du village. Direction Kara pour retirer de l'argent à Atlantique banque, une des seules à accepter un retrait avec notre carte ! Le logement du soir est trois étoiles : un centre d'hébergement, tout près, tenu par des religieux, avec plus de 200 chambres climatisées, utilisé habituellement pour des séminaires.


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