Ne vous attendez pas, en pénétrant dans la galerie, à les reconnaître à leur physique. Younnig est bien un peu plus grand que Cartier, mais tous deux ont la silhouette fine. Pas plus d’indices sur les murs de la galerie. Le noir du trait au fusain de Younnig sur ses feuilles formats raisin ou semi raisin contraste avec les couleurs vives des grandes toiles de Cartier. Mais quel rapport avec les deux compères d’Hollywood ?
« Laurel et Hardy, aspirent à un vie facile, légère, explique Paulo (alias Cartier), Ils se fichent un peu des normes de la société, ils ne sont pas attachés aux horaires, ils vivent au jour le jour sans penser au futur. Ce sont comme nous des coquins, de "gentils méchants". Nous voyons en eux les figures idéales de l’amitié créative, même si, ajoute Younnig, nous venons d’apprendre qu’en dehors du plateau de tournage, ils se détestaient cordialement.
Peu importe la vérité des modèles. Ces deux là sont de vrais complices depuis trois ans. Ils se sont rencontrés à Lisbonne grâce à leurs « ex » comme le précise Younnig. Paulo peignait dans la rue, face à la boutique Cartier – voilà d’où vient son nom d’artiste, choix plein d’ironie de l’ancien apprenti joaillier.
« Laurel et Hardy, aspirent à un vie facile, légère, explique Paulo (alias Cartier), Ils se fichent un peu des normes de la société, ils ne sont pas attachés aux horaires, ils vivent au jour le jour sans penser au futur. Ce sont comme nous des coquins, de "gentils méchants". Nous voyons en eux les figures idéales de l’amitié créative, même si, ajoute Younnig, nous venons d’apprendre qu’en dehors du plateau de tournage, ils se détestaient cordialement.
Peu importe la vérité des modèles. Ces deux là sont de vrais complices depuis trois ans. Ils se sont rencontrés à Lisbonne grâce à leurs « ex » comme le précise Younnig. Paulo peignait dans la rue, face à la boutique Cartier – voilà d’où vient son nom d’artiste, choix plein d’ironie de l’ancien apprenti joaillier.
Un dessin d'un trait, dans le mouvement.
Youenn (pas encore Younnig), étudiant déçu par la philo trop analytique, pas assez humaniste, enseignée à la faculté de Rennes, est venu à Lisbonne pour tester ses capacités à enseigner le Français « langue étrangère ». Le goût pour le dessin lui vient assez tôt de la fréquentation des illustrateurs de livres jeunesse qui régulièrement signent leurs albums à la librairie de ses parents. Et ce sont « deux demoiselles », comme les appelle de façon délicate Younnig, qui donneront l’étincelle : la première rencontrée lors d’un salon du livre à Saint Malo l’initie à l’aquarelle. La seconde croisée dans le métro de Paris dessinait au crayon d’un trait les passants. « Elle travaillait à la manière de Schiele ».
L’idée de dessiner, dans le mouvement, d’un seul trait continu, lui vient de là. « J’ai commencé au crayon à papier et au bic, précise-t-il. Mais ça n’avait pas la force que m’a donné l’usage du fusain ». Au départ il ne faisait que des visages. Il s’en amuse : « Je ne dépassais jamais la tête. » Il découvre alors la fonction projective du dessin : « Quand je dessinais, ça me permettait de savoir mes états d’âme, mes états d’humeur. Parfois il me semblait être heureux et je voyais dans mes dessins que je ne l’étais pas. Quand je suis triste je peux prendre un carnet et le remplir en une heure. Et arrive le moment où je retrouve la gaîté. »
Sa rencontre avec Cartier lui fait franchir un stade. C’est lui le premier qui reconnaît son talent en soulignant la qualité de ses compositions. « Au départ il aimait ce que je faisais. On passait de longues heures ensemble au café à dessiner. Puis il a commencé à me dire que c’était nul. Qu’il fallait que j’arrête de faire tout le temps la même chose… Il y a une chose qu’il aime beaucoup c’est de prendre un de mes dessins et de dessiner ou peindre dessus. C’est bien, remarque alors encore Younnig, parce que ça m’a amené à regarder comment il travaillait, comment il dessinait les volumes ». Ainsi progressivement les deux artistes s’imprègnent du travail et de l’énergie créatrice de l’autre dans un rapport de force et de protection mutuelle, à la manière de Stan Laurel et Olliver Hardy.
L’idée de dessiner, dans le mouvement, d’un seul trait continu, lui vient de là. « J’ai commencé au crayon à papier et au bic, précise-t-il. Mais ça n’avait pas la force que m’a donné l’usage du fusain ». Au départ il ne faisait que des visages. Il s’en amuse : « Je ne dépassais jamais la tête. » Il découvre alors la fonction projective du dessin : « Quand je dessinais, ça me permettait de savoir mes états d’âme, mes états d’humeur. Parfois il me semblait être heureux et je voyais dans mes dessins que je ne l’étais pas. Quand je suis triste je peux prendre un carnet et le remplir en une heure. Et arrive le moment où je retrouve la gaîté. »
Sa rencontre avec Cartier lui fait franchir un stade. C’est lui le premier qui reconnaît son talent en soulignant la qualité de ses compositions. « Au départ il aimait ce que je faisais. On passait de longues heures ensemble au café à dessiner. Puis il a commencé à me dire que c’était nul. Qu’il fallait que j’arrête de faire tout le temps la même chose… Il y a une chose qu’il aime beaucoup c’est de prendre un de mes dessins et de dessiner ou peindre dessus. C’est bien, remarque alors encore Younnig, parce que ça m’a amené à regarder comment il travaillait, comment il dessinait les volumes ». Ainsi progressivement les deux artistes s’imprègnent du travail et de l’énergie créatrice de l’autre dans un rapport de force et de protection mutuelle, à la manière de Stan Laurel et Olliver Hardy.
Mes peintures représentent la couleur de mes déséquilibres.
Cartier comme Younnig sont des autodidactes. Mais l’on sent chez Cartier un chemin plus aride, moins dilettante peut être que chez son compère. Il fait plusieurs fois référence à la dyslexie dont il souffre depuis l’enfance, qui, sans doute, a fait obstacle à son aspiration aux études supérieures « Ma peinture est dérivée de la dyslexie. De mes émotions déséquilibrées… Je crois que ce n’est pas la structure qui est importante, mais la volonté, le désir… Je donne moins d’importance à ce qui est reconnu droit, mais plutôt à ce qui valorise les personnes qui essayent, qui font des erreurs, qui se trompent. Je ne crois pas trop à ce qui est conforme. »
Il revendique l’influence tant de Picasso que de Basquiat : Basquiat vient de la rue. Il utilisait une forme plus proche de la bande dessinée, des supers héros. Il utilisait beaucoup la musique pour s’inspirer. Moi aussi. La musique nettoie et allège notre cerveau. ».
Il revendique l’influence tant de Picasso que de Basquiat : Basquiat vient de la rue. Il utilisait une forme plus proche de la bande dessinée, des supers héros. Il utilisait beaucoup la musique pour s’inspirer. Moi aussi. La musique nettoie et allège notre cerveau. ».
Portugal terre de création
A tout talent il faut un terreau pour s’épanouir. Le Portugal est le leur. « Là bas, pense Cartier, il y a plus de pauvreté et l‘on est révolté par le système politique, alors les gens éprouvent plus la nécessité de lire, de voir des expositions, de pratiquer l’art de peindre. En France, vous vivez plus facilement. Les salaires sont meilleurs. Nombreux sont ceux qui peuvent acheter une voiture, une maison. C’est peut être cela qui limite le besoin de pratiquer l’art.
Mais la crise au Portugal n’a-t-elle pas un effet négatif sur les conditions de vie des artistes ? « La crise j’ai l’impression qu’elle n’existe pas ou qu’elle est là depuis toujours. Le peuple portugais est pauvre, pas très évolué au plan économique mais il aime accueillir les autres peuples. »
Younnig en a fait l’heureuse expérience : « Après avoir connu Paris j’avais dit que je ne vivrais jamais plus dans une capitale ». Lisbonne et ses quartiers - il vit à la Alfama - l’ont rapidement conquis. « Dans chacun des multiples quartiers on a l’impression de vivre dans une petite ville. Et puis, pour Younnig le Breton, il y a l’ouverture sur la mer : « A Lisbonne on n’a pas l’impression d’étouffer ».
Mais la crise au Portugal n’a-t-elle pas un effet négatif sur les conditions de vie des artistes ? « La crise j’ai l’impression qu’elle n’existe pas ou qu’elle est là depuis toujours. Le peuple portugais est pauvre, pas très évolué au plan économique mais il aime accueillir les autres peuples. »
Younnig en a fait l’heureuse expérience : « Après avoir connu Paris j’avais dit que je ne vivrais jamais plus dans une capitale ». Lisbonne et ses quartiers - il vit à la Alfama - l’ont rapidement conquis. « Dans chacun des multiples quartiers on a l’impression de vivre dans une petite ville. Et puis, pour Younnig le Breton, il y a l’ouverture sur la mer : « A Lisbonne on n’a pas l’impression d’étouffer ».
A Porto, la Casa Amarela
C’est à Porto que devrait se poursuivre dans les mois qui viennent leur aventure artistique. Cartier est depuis quelques temps en résidence à la Casa Amarela. Un Mécène a racheté tout une rue de la ville – la Rua Galeria de Paris - pour la consacrer à la création. Autour d’un hôtel et d’un restaurant sont réservés des ateliers-logements pour de jeunes artistes. « C’est une belle conquête d’avoir ce type de mécénat au Portugal et c’est rare, se réjouit Cartier. A la Casa Amarela on peut travailler librement, sans la pression financière, sans patron, sans horaire.». Younnig pourrait rapidement y rejoindre le collectif d’artistes. « J’ai déjà participé à des évènements dans la rue avec eux. Tous me soutiennent et m’encouragent à venir ».
Une autre Europe
Avant de rentrer au Portugal, « Laurel et Hardy », passeront par Paris pour rendre visite à l’équipe de « Rivoli 59 ». Une autre expérience de résidence d’artiste soutenue par la Mairie à partir de la réhabilitation d’un squatt. « Nous sommes aussi en relation avec deux autres équipes en Sicile et à Hambourg, ajoute Cartier, quinze Allemands résideront à la Casa Amarela à la rentrée. »
Ainsi, au travers de l’expérience des deux polissons trentenaires, apparaît une autre Europe, construite discrètement par des jeunes bien décidés à ne pas laisser les « manipulateurs de crise » pourrir leurs capacités créatrices et leur bonne humeur.
Alain Jaunault
Ainsi, au travers de l’expérience des deux polissons trentenaires, apparaît une autre Europe, construite discrètement par des jeunes bien décidés à ne pas laisser les « manipulateurs de crise » pourrir leurs capacités créatrices et leur bonne humeur.
Alain Jaunault
Quelques mois plus tard... Joie et drame pour Younnig et Cartier
Les projets de Younnig et Cartier (Paulo) se sont réalisés. Début Novembre Younnig rejoignait son ami en résidence à la Casa Amarella. Leur travail, avec celui de neuf autres artistes résidents était présenté lors d'une belle exposition le 20 et 21 Décembre. Vous pouvez voir le catalogue de l'exposition sur le site de la Casa Amarela : prenez juste le temps - un peu long - de laisser charger les photos.
Tout se présentait donc au mieux s'il n'y avait pas eu ce sinistre soir, ou Younnig, dans une rue du centre de Porto, fut sauvagement agressé : c'est du moins l'hypothèse la plus probable, l'enquête de police n'ayant pas à ce jour aboutit dans ses conclusions. Sévèrement blessé au crâne et au torse, Younnig - grâce à son énergie vitale et aux soins efficaces de l'hôpital de Porto - a heureusement surmonté l'évènement. Il se remet, en faisant preuve de son indestructible humour - dans un hôpital rennais.
C'est donc à lui - à sa famille et à ses amis de la casa Amarela - que vont tous les vœux de la rédaction d'Histoires Ordinaires, pour un bon et prompt rétablissement et une poursuite de son chemin créatif en Bretagne et au Portugal, sa patrie artistique.
Lire aussi une interview de Cartier sur l'édition portugaise du magazine Vice
Tout se présentait donc au mieux s'il n'y avait pas eu ce sinistre soir, ou Younnig, dans une rue du centre de Porto, fut sauvagement agressé : c'est du moins l'hypothèse la plus probable, l'enquête de police n'ayant pas à ce jour aboutit dans ses conclusions. Sévèrement blessé au crâne et au torse, Younnig - grâce à son énergie vitale et aux soins efficaces de l'hôpital de Porto - a heureusement surmonté l'évènement. Il se remet, en faisant preuve de son indestructible humour - dans un hôpital rennais.
C'est donc à lui - à sa famille et à ses amis de la casa Amarela - que vont tous les vœux de la rédaction d'Histoires Ordinaires, pour un bon et prompt rétablissement et une poursuite de son chemin créatif en Bretagne et au Portugal, sa patrie artistique.
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