Sur 253 électeurs inscrits le taux de participation a été, comme d'habitude, plus fort à Saint Péran qu'au niveau national 65 % soit 164 votants marquant l'attachement des Saint Péranais à la démocratie. Mais le score du binôme FN - 28 % ( 41 voix), presque le double de celui de la droite républicaine UDI/UMP 17 % (27 voix) - surprend, dans cette commune où le programme de la liste d'union pour le "bien vivre ensemble" a rassemblé plus de 80 % des suffrages aux dernières élections municipales. Les deux listes de gauche totalisent 55 % (44 % et 11%, 66 et 17 voix ).

En 2012 Libération avait mené l'enquête à Saint Péran sur l'ancrage du FN

Dans le canton de Monfort sur Meu, c'est plutôt la communauté de commune de Plélan le Grand - à laquelle appartient Saint Péran - qui connait ce phénomène d'ancrage d'un vote FN dépassant cette fois-ci les 20 %  (voir ci dessous le tableau des résultats communes par communes). 

En 2012, au moment des élection présidentielles, Libération avait enquêté à Saint Péran et dans les communes alentour pour illustrer et comprendre les raisons du vote FN dans le monde rural.​ 

• A une dizaine de kilomètres, à Saint-Péran, Catherine, 37 ans, salariée d’une blanchisserie, dit que, «avec Sarkozy, les gens n’ont pas eu ce qu’ils voulaient». Il n’a pas lutté contre «ceux qui abusent» des allocations. " Celui qui travaille ne gagne pas forcément plus que celui qui est au chomage", explique-t-elle. On lui fait observer que si elle perdait son emploi, son revenu chuterait illico d’au moins un tiers. «Oui, mais quand on travaille il y a aussi les frais liés à l’activité.» Les repas pris à l’extérieur et «surtout l’essence». Dans les villages du secteur, une bonne moitié des actifs travaillent sur l’agglomération de Rennes. «Ils font de 70 à 80 kilomètres aller-retour par jour. Quand on déduit tous les frais, on n’a pas plus d’argent que celui qui reste au chômage.» Lire la suite

Saint Péran en "France Périphérique" ?

A partir des témoignages recueillis auprès des habitants de Saint Péran et pour analyser le phénomène, libération se référait entre autre aux thèses du géographe Christophe Guilluy, auteur du concept de "France Périphérique"* 

• Ce vote FN est corrélé à la nouvelle géographie sociale qui se retrouve sur tout le territoire, qui explique la nationalisation du vote FN et qui oppose les métropoles - symboles de la mondialisation réussie - et le reste des territoires où vivent désormais les nouvelles classes populaires, les petits paysans, petits employés, petits artisans, petits indépendants». 

A première vue, cette opposition tranchée** entre la métropole (ici Rennes Métropole) et les territoires ruraux à sa périphérie ne colle pas avec ce que nous observons à Saint Péran : sa population en forte croissance, active et jeune, ses édiles municipaux unis et élus sur un projet de gestion des biens communs, la vie sociale conviviale animée par un tissus d'associations très actives et intégrées donnent une autre image.

C'est pour cela que nous avons porté attention à l'histoire ordinaire de cette commune. En fil rouge au webdocumentaire nous nous posons la question : " Y a-t'il un modèle territorial de développement particulier à la Bretagne, à sa sociologie et à sa culture particulière ?  La question reste posée et le vote de Dimanche invite à approfondir la complexité et la fragilité des facteurs du "bien vivre ensemble". 

Il montre aussi la pertinence des analyses et l'intérêt du travail engagé par les équipes municipales successives pour vivifier le lien social. Pour les élus que nous avons rencontrés les relations inter générations, la bonne cohabitation entre les Saint Péranais de souche et les nouveaux arrivants sont des points d'attention importants. Les débats au dernier conseil municipal qui élaborait le budget Illustrent l'attention portée aux questions du maintien des personnes âgées à domicile, aux conditions de scolarisation des enfants, aux moyens de déplacements, d'approvisionnement. Le soucis aussi d'une gestion maîtrisée des finances communales pour ne pas peser sur le niveau de vie d'une population aux revenus souvent modestes ou moyens, tout en assurant un bon niveau de services communs facilitant la vie des habitants.
 

Un reportage Dimanche prochain.

Pour rendre compte de ce temps de vie démocratique et recueillir les analyses des élus municipaux, nous réaliserons un reportage dans le bureau de vote de Saint Péran, dimanche après midi et lors du dépouillement.





 

* Voir l'article consacré à l'ouvrage de Christophe Gilluy sur l'"Observatoire des inégalités".
** La thèse défendue par Christohe Gilluy fait l'objet de controverses. Voir par exemple Ici .



 

L'équipe de tournage sera présente à plusieurs reprises, sur un ou deux jours (des week end), à Saint Péran. Pour héberger l'équipe et pouvoir réaliser les briefings de tournage et les premiers dérushages, nous avons idée d'équiper une caravanne (ou un camping car, voir un simple fourgon).

C'est aussi un moyen de sensibiliser la population au projet et de l'associer à la construction du webdocumentaire.

Il est notamment prévu, le 1° Mai (concours de palais) et Le 1° Aout (la fête au village) de proposer aux jeunes des ateliers de réalisation avec leurs téléphones portables ou appareils photos numériques. La caravane studio servira alors de point d'animation.
 

Si vous disposez d'une caravane facilement tractable, libre à ces dates, nous la prêter serait un moyen en nature de contribuer à la réalisation du web doc.
 
 

Une fois construite et racontée l'histoire des 11 élus et de la commune de Saint Péran nous solliciterons un regard croisé d'experts, sociologues, philosophes, économistes,  pour mettre en perspective le récit. 

Le sociologue Rennais, Ali Aït Abdelmalek , vient de nous assurer de son intérêt pour le projet. Il procèdera à une analyse de contenu du web documentaire et livrera son point de vue au cours d'une interview filmée.

Ali Aït Abdelmalek est professeur de sociologie à l'Université de Rennes 2 

Son champs de recherche couvre :
- les mutations de la ruralité, la modernisation agricole, l'environnement et l'alimentation.
- la sociologie comme "discipline" (méthodologie et épistémologie).
- la pensée complexe et les changements sociaux : politique, économique, technique et culturel.
- l'identité professionnelle et territoriale.