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Daniel Juif avec Gilles Laugier en plein reportage à Pontivy en novembre 2019 pour l'Aresat (photo : Tugdual Ruellan).
« Reporter bénévole et retraité ! Ça me va bien comme définition ! » Ce jour-là, Daniel a quitté Brest pour faire route jusqu’à Pontivy, accompagné de Gilles Laugier, cameraman bénévole, lui aussi retraité. Tous deux font la paire, infatigables globe-trotters bretons ! Invités par l’Aresat, association régionale des esat de Bretagne, ils s’intéressent de près au projet Un avenir après le travail. Depuis 2013, ils ont décidé de suivre des personnes en situation de handicap mental nouvellement arrivées à l’âge de la retraite après une carrière professionnelle en esat.
« Le Moulin à images, confient les deux routards complices, est une association de passionnés d’images et de belles rencontres. On choisit nos sujets, on les traite à notre façon et c’est ça qui nous plaît ! »
André Moulin, fondateur de l'association (photo Le Moulin à images).
Un magazine des seniors pour 30.000 foyers brestois
L’idée est née en 1993. André Moulin, natif de la presqu’île de Crozon, est passionné d’images et de photographie. Ce cuisinier, formé à l’hôtel Ritz de Paris, a choisi de travailler à la résidence pour personnes âgées de Kerlenévez, établissement géré par la ville de Brest. Avec les moyens du bord, il filme diverses animations, commence à recueillir les témoignages des anciens et lance Le Magazine des seniors, un journal filmé inter-établissements avec cette idée « d’amener de l’information aux personnes qui ne peuvent plus bouger ».
Au vu du succès, la ville lui propose de s’y consacrer à mi-temps. André s’entoure alors d’une équipe de retraités vidéastes bénévoles pour les prises de vues avec qui il crée l’association TV Résidences. Le magazine est bientôt diffusé dans huit ehpad de Brest. L’association prend de l’ampleur et embauche Mickaël Mouzin, un professionnel chargé du montage des différents reportages. En 1996, le Magazine des seniors est diffusé sur tout le réseau câblé brestois, installé quatorze ans plus tôt, et touche quelque 30.00 foyers.
En 2009, Tébéo, Télé Bretagne Ouest, propose à l’association de produire régulièrement ses reportages avec le magazine Chemins de traverse. La chaîne locale, basée à Brest, diffuse en télévision numérique terrestre dans le Finistère, l'Ouest des Côtes-d'Armor et une partie du Morbihan. En 2016, la diffusion s’étend en Bretagne grâce à Tébésud qui propose aussi la diffusion du magazine. Anciennement nommée Ty Télé, cette chaîne locale, basée à Lorient, diffuse dans tout le Morbihan. En 2019, l’association TV Résidences change de nom et devient Le Moulin à images – Studio André Moulin. Les réalisations s’enchaînent et de plus en plus, l’association s’intéresse à toutes les initiatives du territoire.
Au vu du succès, la ville lui propose de s’y consacrer à mi-temps. André s’entoure alors d’une équipe de retraités vidéastes bénévoles pour les prises de vues avec qui il crée l’association TV Résidences. Le magazine est bientôt diffusé dans huit ehpad de Brest. L’association prend de l’ampleur et embauche Mickaël Mouzin, un professionnel chargé du montage des différents reportages. En 1996, le Magazine des seniors est diffusé sur tout le réseau câblé brestois, installé quatorze ans plus tôt, et touche quelque 30.00 foyers.
En 2009, Tébéo, Télé Bretagne Ouest, propose à l’association de produire régulièrement ses reportages avec le magazine Chemins de traverse. La chaîne locale, basée à Brest, diffuse en télévision numérique terrestre dans le Finistère, l'Ouest des Côtes-d'Armor et une partie du Morbihan. En 2016, la diffusion s’étend en Bretagne grâce à Tébésud qui propose aussi la diffusion du magazine. Anciennement nommée Ty Télé, cette chaîne locale, basée à Lorient, diffuse dans tout le Morbihan. En 2019, l’association TV Résidences change de nom et devient Le Moulin à images – Studio André Moulin. Les réalisations s’enchaînent et de plus en plus, l’association s’intéresse à toutes les initiatives du territoire.
Daniel Juif en tournage à Gouezou Vras en 2020 (photo Le Moulin à images).
De Nancy à Brest, des relations publiques aux personnes âgées
Daniel est originaire de Nancy. Lorsqu’il entre en 1967, à l’IUT de Nancy, il espère alors suivre une formation en « carrières de l’information » :
« Il n’y avait alors que trois IUT en France à proposer ces formations, se souvient-il. Je souhaitais me spécialiser dans le journalisme mais il fallait alors se rendre à Bordeaux ce qui était impossible financièrement. J’ai donc suivi l’option « relations publiques ». »Daniel parle couramment allemand et trouve plusieurs emplois dans l’Est et en Allemagne. En 1975, il s’installe à Brest et s’intéresse à l’amélioration de l’habitat. Au Pact Arim, il rencontre sa femme et c’est donc à Brest qu’il pose définitivement l’ancre. En 1979, il est nommé directeur de l’Office des retraités de Brest, une fonction qu’il occupera durant près de trente ans.
Casser les barrières entre les âges
Au sein de l’Office, Daniel ne va pas cesser d’innover avec cette idée en tête de faire changer le regard sur les personnes âgées et créer des passerelles pour favoriser les rencontres à tous les âges. L’office a vu le jour en 1978, soutenu par la municipalité de l’époque et de son maire Francis Le Blé. Il regroupe près de 1500 adhérents et 200 bénévoles autour de son équipe de salariés :
« L’ambition affichée, confie Daniel, était de construire une cité où il fait bon vivre sa retraite dans le respect de tous. »Plusieurs projets novateurs sont lancés. Daniel se souvient particulièrement de « Lire et Faire lire ».
« À l’automne 1984, raconte-t-il, des enseignants de l’école publique Nattier de Pontanézen nous sollicitent pour aider les jeunes enfants des écoles maternelles et primaires, privées ou publiques, dans la découverte de livres. Dans chaque classe, des retraités proposent alors aux enfants une découverte à la lecture pour donner le goût et le plaisir des livres, développer l’écoute et la compréhension de la lecture en favorisant l’attention et la concentration. Pendant ce temps, l’enseignant peut prendre en charge les enfants qui ont le plus besoin de soutien. »
En 1993, l’initiative est repérée et labellisée pour l’Année européenne des personnes âgées et de la solidarité entre les générations dont les objectifs sont de « mettre en valeur le rôle des retraités dans la société et de favoriser la prévention et l'accompagnement du vieillissement. »En 1999, l’écrivain Alexandre Jardin contacte Daniel Juif :
« Il avait trouvé notre idée géniale ! On s’est rencontré. Peu de temps après, il lançait au niveau national, son programme « Lire et Faire lire ». Nous avons alors été sollicités par des dizaines d’écoles qui souhaitaient faire la même chose. »
Les bénévoles du Moulin à images en tournage (photo le Moulin à images).
Mettre en valeur les initiatives locales
Régulièrement, Daniel côtoie les membres du Moulin à images. Tant et si bien qu’en 2011, il intègre l’association et passe cette fois, de l’autre côté de la caméra pour devenir reporter bénévole :
« On ne nous voit jamais, c’est nous qui donnons la parole aux gens et ça me plaît bien ! André Moulin nous a quittés il y a trois ans. C’est ce militant hors pair, bénévole à 200%, qui nous a entrainés dans cette spirale qui fonctionne plus que jamais aujourd’hui ! »Au départ, les thématiques abordées sont celles du vieillissement et du handicap… Elles s’élargissent peu à peu jusqu’à mettre en valeur des initiatives locales menées par des associations, des collectivités, des individus, dans tous les secteurs qui font la vie des territoires : « Les sujets peuvent être sportifs, culturels, sociaux, économiques, patrimoniaux…» Ils sont une dizaine à travailler ainsi en binôme. Tous sont retraités. Chacun s’est formé aux techniques de reportage, d’interview, de prise de vue ou de prise de son. Un comité de projet se réunit une fois par mois pour choisir librement les thématiques sur lesquelles chacun veut travailler :
« Nous intervenons sur des sujets peu ou pas connus afin de ne pas faire concurrence au secteur professionnel. Et, de toute façon, avec nos petits moyens, on ne joue pas dans la même cour ! »Après huit ans d’engagement sans faille, Daniel fait les comptes. Avec Gilles Laugier, avec qui il travaille depuis huit ans, il a assuré près de la moitié du magazine :
« À nous deux, nous avons réalisé près de 180 reportages, ce qui représente 17 journées entières de reportages et 49 demi-journées, soit mille heures de travail et 4500 kilomètres de route ! »
Les bénévoles du Moulin à images en tournage (photo le Moulin à images).
Soixante reportages chaque année
Chaque année, le Moulin à images, présidé par Thierry Le Masson, infographiste en activité, réalise une soixantaine de reportages pour le magazine Chemins de traverse, diffusé sur Tébéo et Tébésud pendant vingt-six minutes :
« Nous leur livrons en fin de chaque mois, une clé USB avec les six reportages prêts à diffuser, explique Daniel. La rédaction nous laisse entière liberté pour choisir et traiter le sujet. On a vraiment carte blanche pour une ligne éditoriale indépendante ! Nous pouvons ainsi aborder des sujets en dehors des sentiers battus comme la thérapie équine avec des malades d’Alzheimer, la violence ou la sexualité en maison de retraite ou encore, le démantèlement de la centrale électrique de Brennilis… »
À la demande de collectivités et d'associations
L’association participe également à la réalisation de séquences vidéo de quatre minutes et demie pour le magazine Parlons Santé, diffusé sur Tébéo et Tébésud, présenté par Nicole Auffret, bénévole de l’association. À la demande, elle peut enfin réaliser des reportages pour des associations, des entreprises et des institutions. Il s’agit dans ce cas, de reportages en versions longues, de douze à quinze minutes. Elle vient ainsi de réaliser, pour le compte de la Communauté de communes du pays d’Iroise, un reportage sur Octobre rose, l’action de lutte contre le cancer du sein, pour la ville de Landerneau, un reportage sur l’ancienne Grande briqueterie ou encore sur le site archéologique de Menez-Dregan à Plouhinec.
Avec un budget annuel de 60.000 €, assuré par Tébéo et Tébésud pour 25 %, la Ville de Brest et la métropole, le conseil départemental du Finistère, le CCAS, la Carsat et la CPAM pour le reste, l’association emploie deux salariés, Julie François, réalisatrice, en charge du montage et de l’habillage des reportages, mais aussi de la formation des bénévoles, et Romain Abasq, comédien professionnel pour l’animation des reportages. La zone d’action de l’association se situe essentiellement en Basse-Bretagne, à l’Ouest d’une ligne qui relie Saint-Brieuc à Vannes. Mais des liens de plus en plus fréquents se tissent avec des expériences similaires en Bretagne comme Planète seniors en Ille-et-Vilaine ou La Télé des passeurs dans le Morbihan :
Texte : Tugdual Ruellan
www.moulin-images.fr
Avec un budget annuel de 60.000 €, assuré par Tébéo et Tébésud pour 25 %, la Ville de Brest et la métropole, le conseil départemental du Finistère, le CCAS, la Carsat et la CPAM pour le reste, l’association emploie deux salariés, Julie François, réalisatrice, en charge du montage et de l’habillage des reportages, mais aussi de la formation des bénévoles, et Romain Abasq, comédien professionnel pour l’animation des reportages. La zone d’action de l’association se situe essentiellement en Basse-Bretagne, à l’Ouest d’une ligne qui relie Saint-Brieuc à Vannes. Mais des liens de plus en plus fréquents se tissent avec des expériences similaires en Bretagne comme Planète seniors en Ille-et-Vilaine ou La Télé des passeurs dans le Morbihan :
« Ce que nous apprécions, c’est suivre nos sujets, retourner voir les acteurs pour montrer une évolution, raconter des histoires, confie Daniel. Beaucoup nous appellent aujourd’hui pour que l’on revienne les voir ou pour indiquer une initiative près de chez eux. Modestement, nous contribuons ainsi à mettre en valeur les acteurs de nos territoires. Notre but est bien de faire connaître, de révéler les passions et les savoir-faire, mais aussi, de favoriser la mise en relation et en réseau… »
Texte : Tugdual Ruellan
www.moulin-images.fr