Mercredi 26 février, 300 personnes se pressaient aux portes du théâtre Chateaubriand à Saint-Malo pour assister à une présentation en avant-première du documentaire « Le voyage de Yuna », en présence de Mathilde Jounot, la réalisatrice scénariste, et Franck Ollivry, compositeur de la musique originale.
Yuna est une tante de Mathilde. En 1925, toute jeune, elle décide de quitter sa Bretagne pour travailler à Paris. Dans la ville lumière la main d'œuvre provinciale et aussi étrangère (Polonais, Italiens, Espagnols Russes…) fait tourner les ateliers Tous rêvent d'une vie meilleure dans un pays où l'on est maitre de son destin. Mais à l'arrivée, montre ce film, la réalité est plus difficile que prévue.
Yuna s'installe à Saint-Denis ou l'Amicale des Bretons, sous l'impulsion des frères Jean et Jules Tremel, tire vers le socialisme et le syndicalisme la communauté bretonne structurée avant guerre par les œuvres de la paroisse bretonne de Paris et le "socialisme chrétien" de l'Abbé Cadic.
Comme tous les immigrés Yuna veut garder les liens avec sa terre d'origine mais le fossé s'approfondit avec ceux qui sont restés au pays. Elle souffre de l'incompréhension de sa mère. Elle s'est mariée d'amour avec un travailleur polonais et voit reconnue ses talents de couturière par Irina, immigrée russe dont l'atelier de modiste attire dans ces années d'entre deux guerres une clientèle joyeuse et cosmopolite. Yuna s'ouvre à la ville et au monde. Jusqu'à ce que les conventions d'expulsion des étrangers en1932, en pleine crise, marquent une césure entre les immigrés de l'intérieur et de l'extérieur...
En 52 minutes, Mathilde Jounot dresse un portrait romancé, un peu lyrique, utilement documenté par les interviews de Françoise le Goaziou (vice-présidente de la Mission bretonne de Paris) , Gérard Réquigny (président de l'Amicale des Bretons de Saint-Denis) et surtout Jean Rohou, universitaire Rennais, célèbre "fils de ploucs").
Mathilde Jounot n'a pas fait un documentaire didactique ou historique. Le scénario part d'une tentative de roman. « J'avais écrit une histoire de 300 pages à partir de lettres et des souvenirs de ma tante », explique-t-elle. Cette histoire ordinaire d'une immigrée bretonne, elle voulait la faire connaître pour son caractère universelle. C'est aussi un bon antidote au "syndrome de Bécassine".
Mathilde Jounot n'a pas fait un documentaire didactique ou historique. Le scénario part d'une tentative de roman. « J'avais écrit une histoire de 300 pages à partir de lettres et des souvenirs de ma tante », explique-t-elle. Cette histoire ordinaire d'une immigrée bretonne, elle voulait la faire connaître pour son caractère universelle. C'est aussi un bon antidote au "syndrome de Bécassine".
La réalisation de Mathilde Jounot est servie par des images soignées, évocatives plus que descriptives, œuvres de Sergio Pulido et Javier Zepeda et plus encore par la musique de Franck Ollivry qui donne son rythme et son atmosphère au film.
La réalisation respire le travail d'une équipe en cohésion, passionnée par son sujet.
Alain Jaunault
La réalisation respire le travail d'une équipe en cohésion, passionnée par son sujet.
Alain Jaunault